jeudi 18 août 2016

Détente et flânerie dans la Londres…

Le petit-déjeuner est savouré au proche caffè Nero. Nous sommes installés à une table sur le trottoir devant le vitrage du café. Patrick effectue la commande auprès de Patrycja. Une dame à la chevelure brune bouclée, bien en chair, le dos courbé, passe devant moi avec une valise à roulettes et un sac à dos. Elle s’arrête et me demande « some change » « quelque argent ». Sa dentition est quasi inexistante. Son âge balance entre quarante et cinquante ans, voire plus ou moins. Je lui réponds « not actually » « pas maintenant » en palpant les poches vides de mon pantalon fantaisie. Elle répond « Ok » et reprends lentement le chemin de son univers. Je la perçois avec une acuité lucide, à la fois très présente et très absente dans la société. Je la ressens ni heureuse ni malheureuse comme déconnectée de la vie trépidante des actifs qui s'agitent et se démènent en tous sens. Avant de retourner au Citadines, je prends la photo du caffè Nero. L’objectif capture Patrick en mouvement ; il est à gauche sur la photo. Au-dessus des tables rondes de bistrot et des chaises aux dossiers et aux assises en lamelles plastifiées à l’aspect de petits damiers noirs et blancs, différents mots, tels que « Mocha » et « Cappuccino », sont écrits en lettres noires détourées d’or sur le vitrage où transparait derrière un bandeau en bois blond. La narration de la journée d’hier reprend sur le chronojournal. Les photos sont sélectionnées. Patrick en réduit le format et actualise le blog pendant que je me délasse dans un bain. Vers onze heures trente nous quittons le Citadines pour aller déjeuner au restaurant organic « Veggie Pret » sur Broadwick Street distant d’environ un mile. Nous suivons Oxford street et nous prenons à droite dans Soho Street. Nous longeons « Soho Square Gardens » pour joindre Dean street. Nous traversons St. Anne’s Court et nous arrivons à destination. Le beau Carlos m’accueille à la caisse avec un radieux sourire. Nous savourons les mets sélectionnés au bord du vitrage qui donne sur la rue Lexington : soupe à la tomate et sandwichs. Je regarde les passants en mangeant. En face nous voyons la devanture du restaurant taiwanais « Bao ». Une ligne d’attente est constituée sur le trottoir du Veggie Prêt. Quand une table se libère un serveur vient chercher les personnes de la tête de file ; étonnant !... Après le repas, nous nous rendons chez Ryman. En passant devant Ingestre Place, nous voyons une importante file d’attente sur une grande partie de la rue. Une rue plus loin, nous voyons la file se continuer plus bas sur Peter Street. Interpelés et curieux nous nous approchons. Nous sommes confondus et ébahis de constater que toutes ces personnes, des jeunes principalement, patientent assidument pour entrer dans le petit magasin « Supreme », ouvert sur deux niveaux au début de Peter Street. James Jebbia fonda en 1994 le premier magasin à New York. Depuis lors seulement dix magasins Supreme sont ouverts de par le monde. L’article principal commercialisé est la planche à roulettes haut de gamme. Des artistes, des célébrités et des designers participent à la création des modèles fabriqués en petite série limitée. Chaque semaine, le jeudi, dès onze heures, dans les dix rares boutiques, une chute mystérieuse des tarifs sur les chaussures, vêtements et accessoires de la marque, toujours fabriqués volontairement en nombre limité, attire la foule qui fait sagement la queue dans l’espoir de pouvoir acheter quelque chose. Dénombrer une file d’attente répartie sur plusieurs rues relève du défi ; toutefois tout laisse à penser qu’elle est constituée de plus de deux à trois cents personnes. Encore hallucinés par le succès frénétique de la méthode commerciale, nous nous rendons à proximité au Starbucks tout vitré sur Wardour Street après des emplettes chez Ryman sur la même rue. Nous sirotons des cafés Mocha confortablement installés dans des fauteuils club en cuir fauve disposés au bord de l’épais vitrage qui donne sur Wardour. Les minutes s’écoulent agréablement dans le farniente. Les clients entrent et sortent. D’autres prennent du temps pour siroter leur boisson tout en œuvrant sur un téléphone portable ou sur un ordinateur. Un jeune homme barbu, la tête coiffée d’un écouteur relié à son Smartphone, assis sur une banquette avec trois autres personnes affairées à ses côtés, pianote alternativement sur son téléphone et sur son ordinateur. Quelque part il est absent du café, l’esprit continuellement captivé par ses produits high-tech. Nous bavardons de temps à autre. Je regarde le défilement continuel des passants et des voitures. Inscrits sur la carrosserie d’un des nombreux taxis qui circulent, les mots « Chase down your day » « Epanouissez votre journée » interpellent. Après plus d’une heure de détente nous sortons du café. Sur Oxford street nous visitons inopinément le magasin « Tiger » où entrent et sortent de nombreux clients. L’endroit est plaisant et ludique. Nous sommes des explorateurs qui découvrons des milliers d’articles, parfois totalement inutiles et pourtant attractifs. La marque, aux objets à la touche scandinave, est présente dans une trentaine de pays avec plus de six cents magasins. Plus loin sur Oxford street, où d’impressionnants travaux de constructions et de rénovations sont en cours, nous entrons dans la boutique « Whittard of Chelsea 1886 » où une famille francophone goûte du thé aux fruits rouges dans de petits godets en verre de dégustation. La marque anglaise Whittard, présente chez Globus à Genève, qui offre principalement à sa clientèle café, thé, chocolat, porcelaine et confiserie, dispose de nombreuses boutiques au Royaume-Uni. La société, fondée en 1886 par le marchand londonien Walter Whittard, a essaimé également à l‘international. Nous poursuivons notre chemin et nous arrivons sur New Oxford street où le très réputé magasin de parapluies anglais « James Smith & Sons », à la magnifique façade historique, est toujours présent. Deux des parapluies du dôme, dont celui à tête de chien, proviennent de ce magasin. Nous prenons à gauche dans Coptic Street où nous découvrons à l’angle avec Little Russell street un superbe édifice en briques ocre et miel qui abrite un « Pizza Express ». Sur les façades du bâtiment on peut encore lire « Dairy Supply Company Limited ». Durant plusieurs siècles, les vaches paissaient dans le centre de Londres et les citadins venaient s'approvisionner directement en lait à la laiterie ; sans le savoir les clients de la pizzéria sont côtoyés dans une imbrication temporelle par les vaches laitières du passé. Nous atteignons le British Museum. Devant les grilles noires aux pointes dorées du musée, le camion de crèmes glacées « Super Soft Ice » est installé sur le trottoir. Je me remémore une aventure magique vécue par les sœurs Halliwell qui furent aspirées dans les limbes, un au-delà aux marges de l'enfer, par un camion de glace similaire ; celui-ci est privé de la musique enfantine diffusée dans Charmed. Au musée, une exposition temporaire offre de découvrir les cités englouties et les mondes perdus de l'Egypte. Une œuvre originale « sous-marine », entourée de poissons et d’étoiles de mer, aux subtils hiéroglyphes, dévoile aux regards de superbes nuances de turquoise au travers de la créativité des étudiants du collège « The Mary Ward Centre » situé dans Queen Square à Londres. Un temps de détente se dessine. Nous sirotons du thé au « Benugo Coffee » situé dans l’enceinte du musée. Anna est notre hôtesse attentive ; pour ajuster le paiement elle choisit dans ma main les pièces de monnaie adéquates. Un éblouissant étal de pâtisseries variées charme les visiteurs ; la dégustation sera pour une autre fois. Les minutes s’égrènent harmonieusement. Je promène mon regard au travers des milliers de panneaux transparents du spectaculaire toit en verre et acier qui coiffe la Grande Cour dédiée à la reine. La blancheur laiteuse du ciel transparaît. Une passerelle enjambe le vide. Je feuillette le magazine du musée. Je photographie un article qui évoque la première photo réalisée en autoportrait en 1839 ; elle fut prise par Robert Cornelius qui retourna son appareil photographique vers lui. Le cliché original est aujourd’hui à la bibliothèque du Congrès à Washington DC. En sortant du musée nous suivons la rue Museum Street. Nous entrons dans le magasin « Thomas Farthing » dont la devanture bleu-acier attrayante révèle la présence d’une ancienne bicyclette. Je suis séduit par un pantalon laine et coton bordeaux rayé de blanc. Le vêtement est en solde. Je l’achète avec une paire de bretelles blanches. L’ensemble essayé, du plus bel effet, me fait penser à Sherlock Holmes. Le sympathique et efficace jeune vendeur porte un polo blanc et un chapeau de couleur paille. Une flânerie s’offre à nous une fois sortis de cette charmante boutique. Nous longeons Bloomsbury Way et devant l’église « St George’s Church Bloomsbury », un bâtiment à colonnade ressemblant à un temple grec, je détaille du regard en marchant un jeune homme barbu assis sur les marches. Il me regarde aussi et son visage s’anime d’un sourire proche de l’éclat de rire. Nous traversons le jardin « Bloomsbury Square Gardens ». Nous atteignons Southampton Row, une rue proche du Citadines. Avant de retourner au studio, nous effectuons quelques courses chez Sainsbury’s ; j’achète pour le dîner, à l’étal au bord de Holborn, des myrtilles et des framboises de la ferme familiale Mann dans le Shropshire. Une nouvelle soirée londonienne s’offre à nous dans le confort de la résidence…










































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