Lors des
rites matinaux, la rotation des cinq Tibétains se déroule à l’extérieur de la
cabine trop étroite pour tourner sur moi-même. Je pratique l’exercice sur le
pont six au niveau des escaliers « D » du navire. Nous prenons le
petit-déjeuner au Kings Court. Une recherche active m’emmène au restaurant
Brittania où un chef de rang me fait apporter spontanément deux bananes. Ce
fruit est absent du buffet tout comme les oléagineux appréciés lors de la
précédente traversée. Je verrai demain ce qu’il en est. La suite de la matinée
est consacrée à l’écriture. Patrick se détend avec le livre « En finir
avec Eddy Bellegueule » d’Edouard Louis emprunté hier à la bibliothèque. Une
musique douce est diffusée au « Kings Court Buffet » où nous sommes
installés ; le bow-window donne sur la promenade du pont sept. Vers onze
heures vingt, je me rends au contrôle des passeports européens au restaurant
Brittania ; Patrick m’a précédé dans la matinée. Je prends en chemin
quelques photos dont une de la nouvelle moquette originale devant les
ascenseurs du pont sept ; tel un soleil géométrique, des rayons jaune,
bleu et crème sont disséminés sur le sol à partir d’un point central. J’effectue
le trajet en descente vers le pont trois avec des membres costumés de la troupe
Rada ; un très beau jeune homme de ma taille, à la chevelure d’ébène bouclée,
tient un crâne noir dans ses mains ; une bien agréable compagnie. Nous
marchons sur la promenade avant le repas. A midi le navire fait un saut
temporel d’une heure pour changer de fuseau horaire. Il est treize heures et
nous déjeunons en musique au « Carinthia Lounge » où Jeff Hughes,
pianiste et directeur musical de l’orchestre du QM2, joue des mélodies au piano
à queue blanc. Une salade grecque, une salade de quinoa agrémentée de câpres et
d’olives, une tasse de minestrone, un éclair chocolat vanille et un baklava au
chocolat composent la partition du menu. En début d’après-midi, nous assistons
au théâtre au concert du pianiste Daniel Hill. Après des instants musicaux
toniques, nous nous rendons à la bibliothèque à l’avant du navire. Patrick a terminé
la lecture du livre d’Edouard Louis et emprunte l’ouvrage de Tahar Ben Jelloun
« Mes contes de Perrault ». Nous prenons place dans des fauteuils, au
recouvrement mixte de couleur crème et aux accoudoirs profilés de bois acajou,
positionnés en ligne devant les sabords. Nous voyons au travers des vitrages la
proue du navire fendre lentement les flots de l’océan. Je reprends la lecture
de mon roman et, de temps à autre, je note quelques erreurs orthographiques et
de mise en page à corriger. Le sablier du temps poursuit son œuvre et les
minutes s’écoulent ; les dix-huit heures passent. Nous retournons à la
cabine avant d’aller dîner. Après le repas nous enfilons les tenues de gala, le
code de la soirée étant « formal ». Patrick recoud un bouton de mon
gilet crème et or. Nous nous rendons ensuite au théâtre pour assistons à
vingt-heures quarante-cinq au one-man-show musical de l’artiste Peter Corry, un
chanteur né à Belfast en Irlande du nord. Un temps de lecture avec Eldeflar sur
le Kindle précède sa prestation. A l’issue du show, nous allons écouter de la
musique au Carinthia Lounge où Nick Lido joue des mélodies au piano blanc ;
Patrick sirote une infusion. Nous sommes assis côte à côte sur un canapé en
tissu bleu clair. Les passagers élégants entrent et sortent au gré du rythme de
leur soirée. Après ces instants en amoureux, nous rejoignons Morphée pour la
nuit…
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