Nous sortons du
Citadines vers huit heures. Devant l’entrée, nous entendons brièvement les
paroles d’un couple canadien accompagné de deux jeunes enfants ; le
garçonnet et la fillette sont sagement assis sur une marche d’accès à l’hôtel. Escortés
d’une petite montagne de bagages, ils patientent l’arrivée d’une navette à
destination de l’aéroport. Nous prenons le petit-déjeuner en terrasse au « Pret
A Manger ». Les tables et les chaises ont conservé le froid de la nuit. La
chaleur du corps réchauffe progressivement le métal. Un van arrive et se gare sur
une aire de déchargement de l’autre côté de la chaussée. Nous sommes aux
premières loges. D’autres passagers sont déjà dans le véhicule. Le chauffeur
participe à la traversée des bagages et parvient à charger dans le coffre toutes
les affaires de la famille. Après le départ de la navette, un camion de
livraison prend sa place. Il effectue une livraison au supermarché Waitrose.
Malgré l’ouverture du magasin à midi, une dame, probablement la patronne, ouvre
pour recevoir la marchandise. La matinée se poursuit dans le studio. Un temps
d’écriture précède l’actualisation du blog. Vers onze heures trente, un taxi
gris acier nous dépose devant « Stables Market » « Le marché des
écuries » sur Camden High Street. Le site, avant de devenir un marché
réputé, fut occupé à l’époque victorienne par une vaste écurie où, entres
autres activités, les chevaux blessés lors du remorquage des barges sur les
chemins de halage le long
des berges du canal étaient soignés. Le marché fait partie d’un vaste complexe,
populaire, mercantile, culturel et artistique, qui attire chaque fin de semaine
des dizaines de milliers de personnes. Le considérable marché de Camden
regroupe cinq zones qui ont chacune leur particularité. Nous nous promenons au
hasard des ruelles dans cette enclave qui a gardé son charme d’antan. Les
superlatifs sont de mises. Des centaines d’échoppes, étals et boutiques en tous
genres regorgent de dizaines de milliers d’articles. Nous déambulons parmi la
multitude d’êtres humains. Les tenues, les allures, les démarches, les
attitudes et les têtes sont tous différentes. Je regarde moult visages en
marchant dont chaque apparence s’estompe immédiatement dans la mémoire ;
que d’êtres uniques sur Terre !... Une
devanture d’un magasin de vêtements est animée par quatre mannequins au look
vintage punk ravageur et coloré. Un boitier d’horloge ouvragé en fer forgé noir
et or, à plusieurs cadrans, surmonté d’une sculpture de chevaux aux poitrails
fièrement cabrés, est fixé à un mur en briques couleur terre cuite par un bras
métallique noir où figurent les chiffres dorés 1849. Dans le coude d’une
passerelle séculaire inclinée, en pierres taillées, la statue d’un cheval grandeur
nature en parade est taguée de centaines d’affichettes. Autre part, des
transats articulés en bois clair, aux toiles blanches rayées en bleu ou en
rouge, disposés sur les paliers d’une plage d’escaliers, invitent les
promeneurs à se détendre. Une cabine téléphonique rouge, privée de téléphone,
sert de cadre ludique à la prise de photos. J’entre à l’intérieur pour un
cliché ; son espace est plus modeste que celui du Tardis. Dans une échoppe
des valises anciennes séduisent par leur simplicité. Privées de roulettes, les
fermetures rudimentaires, les armatures modestes, elles rappellent un temps où
le voyage s’auréolait de détachement,
d’insouciance et de confiance. A divers endroits des statues de chevaux
rappellent les écuries des siècles passés. Dans une ruelle, par manque de
place, des mannequins ont pris place contre le mur de façade au-dessus d’une
échoppe. Nous nous arrêtons dans une boutique où des carnets de notes sont
entourés par de magnifiques écrins, à l’aspect du cuir vieilli, ouvragés aux
notes d’autrefois. Vers midi trente, dans un petit espace à disposition des
visiteurs, nous déjeunons avec des mets végétariens achetés à un comptoir thaï.
Tables, tabourets et plateaux ont été réalisés artisanalement avec du bois
clair et des matériaux de récupération. Sur le mur en pierre peinte en bleu
pétrole, des motifs naïfs et enfantins ont été dessinés à la peinture blanche. Après
le repas, nous partons à l’affût d’un café. Nous découvrons le « Lantana
Cafe » quelque peu dissimulé au cœur des étals environnants. Un jeune
homme francophone, grand et barbu, prend la commande des cafés Mocha. Nous
partageons la table de deux jeunes filles qui bavardent avec animation. Celle
assise à côté de Patrick présente une chevelure blonde et bleue. Une jeune
femme, installée sur ma droite à une petite table ronde, initie la lecture du
livre « The Undercover Economist » de Tim Harford tout en sirotant
une boisson. Depuis une porte ouverte donnant sur les étals, nous apercevons
l’enseigne « Friday on my mind ». A droite de l’encadrement, un jeune
garçon à la longue chevelure châtain, assis sur un tabouret sous l’affiche
« Stay Aware », prend la pose quand Patrick le photographie. Les cafés
sont sirotés lentement. En sortant nous nous intéressons à l’étal aperçu qui
propose des chemises vintage. Il est tenu par Sammy et Antoine, un jeune homme barbu qui porte une chemise rouge à pressions. J’achète une chemise
fabriquée au Bangladesh. Nous bavardons en français avec Antoine et en anglais
avec Sammy. Nous apprenons qu’une partie de Camden a été achetée dernièrement
par le richissime israélien Teddy Sagi. Antoine s’inquiète du devenir du marché
qui reste de perdre son âme. Nous visitons le niveau supérieur de Camden Lock
Place. Des arches métalliques grises aux reflets bleutés surplombent certaines
allées. Patrick achète un bracelet artisanal et, plus avant, une élégante
chemise bleu roi décorée de motifs noirs dans la boutique « Unique
London ». Le tailleur, basé à Camden, réalise d’adorables et abordables chemises.
Chacune d’entre elles, au tissu de haute qualité et au design unique, est fabriquée
seulement à trente exemplaires. Des photos panoramiques du marché et des
alentours sont prises. Des tours en péniches sur le canal « Regent’s Canal
» sont proposés aux visiteurs qui se constituent en file d’attente. Nous préférons
effectuer une balade le long des berges bucoliques. Le canal est né entre 1812
et 1820. Il sinue sur quelques quatorze
kilomètres depuis « Paddington Basin » pour se fondre dans la Tamise au
niveau de « Limehouse Basin ». Il sillonne le haut de « Regent's Park »
pour traverser ensuite le cœur du quartier de « Camden Town » où se
niche une vieille écluse qui raconte des histoires du passé. Un havre de paix, dissimulé
au trépidant trafic sur Camden High Street, nous offre momentanément d’échapper
aux rues animées avoisinantes. Nous assistons au passage des péniches et autres
barges qui passent les différentes écluses. Les personnes présentes à bord
effectuent elles-mêmes les manœuvres pour remplir ou vider les bassins à
l’écume verdâtre en fonction du sens de leur navigation. Trois jeunes femmes
dynamiques s’activent avec savoir-faire sur leur péniche nommée
« Tamarisk » ; une affiche en anglais « bateau à vendre »
est apposée sur un sabord. La motivation pour naviguer sur le canal doit être
forte car il est pourvu de treize écluses. Après des instants instructifs et
reposants, nous arpentons Camden High Street. Les devantures créatives de
nombreux commerces sont surmontées de personnages et d’objets imaginaires. Nous
passons sous un dragon géant. Nous rebroussons chemin au niveau de Greeland
Road et nous décidons de suivre le trottoir opposé. Le choix s’avère excellent
car nous rencontrons le Chapelier Fou du pays des merveilles. Je suis pris en
photo avec le sosie de Johnny Depp. Un peu plus loin, nous nous désaltérons près
du canal au « Canal Café ». La souriante Zoey nous accueille à la
caisse après seize heures. Nous sirotons des smoothies « Cool
Bananas ». Je m’offre une part de gâteau « Peanut Butter
Cheesecake ». Les minutes s’écoulent agréablement et une heure passe. Une
dernière virée dans le marché précède le retour au Citadines. Un taxi noir
arborant sur la carrosserie la publicité « NET-A-PORTER » nous dépose
à destination vers dix-huit heures. Un retrait cash et un achat dans un grand
« Pret A Manger » précèdent le retour au studio. Devant l’entrée de
la résidence une fleur aux nuances de rose s’épanouit dans un écrin de
végétation ; elle paraît préservée de la pollution générée par les pots d’échappement.
Une dernière soirée s’offre à nous dans la surprenante et attachante ville de
Londres…
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