Alors que le
navire approche du port de San Miguel sur l’île de Cozumel au Mexique, vers sept
heures, nous prenons quelques photos du lever de soleil derrière un voile
nuageux en strates effilochées qui reflète une féérie de couleurs enflammées.
Nous prenons le petit-déjeuner dans la cabine. Après huit heures nous sommes au
théâtre Amber où nous avons rendez-vous pour une excursion. Quelques minutes
plus tard les participants du groupe un descendent à terre pour monter à bord
d’un bateau de la compagnie « Mexico Waterjets » qui va nous déposer
au port touristique de la cité balnéaire de « Playa del Carmen ». Durant
le trajet en mer d’une trentaine de minutes, un grand écran diffuse une vidéo
sur les fonds sous-marins équatoriaux. Je suis captivé par une admirable tortue
Carey. Sa carapace écailleuse, formée de boucliers translucides aux couleurs en
dégradés de jaune, marron, bleu, noir et ambre, est magnifique. Le film passe
en boucle. Je peux admirer plusieurs fois ce reptile millénaire et je parviens
à photographier sa tête dont le bec, corné et aiguisé, rappelle celui faucon… A
neuf heures quinze nous débarquons et nous nous dirigeons, escortés par un
mexicain porteur du panonceau de notre destination, vers le car numéro un qui
va nous déposer quelque part dans le passé du Mexique. En cheminant, nous
slalomons dans des ruelles toutes bordées de commerces et de boutiques de
marque. Nous passons devant le café français « Antoinette ». J’ai
juste le temps de photographier la façade ; le rythme de la marche étant
soutenu. Sur la toiture en feuilles de palmier du restaurant « Los
Rancheros », des chevaux la crinière au vent cabrent fièrement leur
poitrail. Trois mexicains sont présents dans le car : andrés, le guide et
deux chauffeurs dont Felipe qui est au volant. Un sachet repas nous est attribué
en entrant dans le véhicule. Le trajet de quelques deux cents kilomètres dans
la péninsule du Yucatán, dont Mérida est la capitale, dure environ deux heures
trente. La route en ligne droite à perte de vue est bordée par la jungle
mexicaine. Une continuelle
végétation épaisse et exubérante côtoie « l’autopista », l’autoroute,
où la vitesse maximale autorisée est de cent dix kilomètres à l’heure. Durant
la majorité du parcours, le guide parle en anglais de la complexité de la
civilisation Maya dont on sait peu de choses. Son objectif final est-il de
vendre un calendrier Maya ?!... Quoi qu’il en soit, nous achetons parmi
d’autres passagers un calendrier Maya personnalisé à notre nom à récupérer sur
le site. Nous parvenons à destination à midi. Dans ce fuseau horaire, il est
onze heures. La température extérieure oscille autour de trente degrés ;
elle contraste avec celle du bus climatisé à dix-neuf degrés. L’air est humide.
Le ciel est voilé de nuages en nuances de gris. Nous découvrons avec
éblouissement le site classé au patrimoine mondial de « Chichén Itzá ».
Nous sommes transportés dans le mystérieux univers Maya, source d’innombrables
questions sans réponses, au
travers des ruines et des édifices qui ont traversé le temps. La palme revient
à la pyramide en terrasses de Kukulcán, un temple en l'honneur du dieu
d'origine toltèque Kukulkan, qui trône majestueusement à l’entrée du site.
C'est l'un des monuments les plus connus de la civilisation précolombienne. Je
pense à la pyramide Toltèque du Soleil de Teotihuacán évoquée dans les livres
de Miguel Ruiz que j’espère découvrir un jour. Un symbolisme numérique est lié à
l’architecture du temple Kukulcán ; le nombre de marches sur les quatre escaliers
inclinés, s'élevant à trois cent soixante-quatre, indique un lien avec le
calendrier solaire. La présence du peuple Maya dans cette partie de la jungle s’explique
par l’existence de trésors inestimables ; non pas des artefacts en or mais
des rivières d’eau souterraine dans les entrailles de la péninsule du Yucatan,
une région dépourvue de lacs et de rivières. Le site de Chichén Itzá tiendrait
son nom de cette vie aquatique souterraine ; « Chi » signifiant
« bouche » et « Chén » se traduisant par « puits ». Le mot « Itzá »
s’interprète quant à lui au « sorcier de
l'eau ». Le peuple Maya est une énigme au regard de la magnificence de ses
réalisations et à la qualité de son mode de vie. Des fouilles scientifiques de
grande envergure furent menées au vingtième siècle grâce à l’institution
Carnegie. Nous sommes subjuguées par cette histoire muette qui tente de livrer
des indices au travers de ces constructions mythiques que les Mayas abandonnèrent
presque du jour au lendemain sans qu’aucune explication ne filtre au travers du
temps dont l’écoulement passionnait ce peuple devenu légendaire. Nous photographions des
fresques et des bas-reliefs dont certains sont parfaitement conservés. Les
traces de peinture nous laissent penser qu’autrefois les couleurs vives étaient
de mise. Sur la place des mille colonnes je suis photographié avec un gros reptile
qui s’est approché très lentement à ma demande. Le site est plus vaste que je l’imaginais.
Nous déambulons dans un grand terrain de jeu de balle. Patrick remarque sur chacun
des deux murs latéraux, qui ont traversé le temps, la présence d’un anneau
vertical, une sorte de panier de Basket positionné verticalement. La détente
faisait partie intégrante des divertissements Mayas. A une des extrémités du
site, au bout d’un chemin en ligne droite bordé d’étals de souvenirs, nous
arrivons à un vaste puits sacré où furent trouvés, outre des ossements humains,
des artefacts d'or et de jade, une couleur dont l’eau stagnante du puits s’est
parée. Les minutes défilent rapidement sur la trame du temps et nous devons
presser le pas. Nous découvrons un observatoire astronomique qui permettait aux
Mayas d’étudier le mouvement des étoiles pour calculer la dates des équinoxes et
pour contempler la planète Vénus d’où serait issu le dieu Kukulcán ; je suis
impressionné. Les quatorze passent et nous sommes dans l’obligation d’interrompre
la visite ; le départ étant prévu trente minutes plus tard. Nous
retournons vers l’entrée sans toutefois nous presser ; les regards
embrassent les ruines, les sculptures, d’autres bas-reliefs, les innombrables
colonnes et non moins innombrables étals des marchands mexicains. Nous emportons
conjointement le calendrier Maya Vuargnoz-Dumont et deux cafés Mochas commandés
au coffee « Oxum ». Le tarif de chaque café revient à plus de cinq
dollars ; le mot profit existe aussi dans le langage mexicain. Dans le car
nous croquons quelques chips mexicaines présentes dans le sachet repas. Un
petit muffin et du jus de fruit en briquette, raisin et pomme, complètent la
rapide collation. Nous sommes assis à l’avant du bus et je peux prendre
diverses photos au travers du pare-brise. A un moment donné l’autoroute se
sépare. Une voie conduit à Merida et l’autre à Playa del Carmen. Le car s’arrête
à plusieurs péages ; je photographie un panneau de tarifs. Soudain, durant
le trajet monotone, une voiture aux « quatre fers en l’air » se
dévoile dans le décor. Les roues qui tournent encore captent le regard. Deux
bus, arrêtés un peu plus loin, viennent de donner l’alerte. Nous croisons une
ambulance qui se rend sur le lieu de l’accident. Le conducteur de la voiture
s’est probablement endormi au volant car aucun autre véhicule n’est à
incriminer dans ce dérapage malencontreux. Nous comprenons maintenant le pourquoi
de la présence des deux chauffeurs dans le car. La possible somnolence de Felipe
est un risque important sur ces longues routes sans fin. Son collègue bavarde avec
lui pour le tenir éveillé ; au besoin il peut le remplacer au volant. Plus
loin une antilope caracole sur le bas-côté, probablement à la recherche d’une
issue pour sortir de l’enceinte de l’autoroute prolongée de grillages aux
endroits où la végétation est moins dense. Nous atteignons Playa del Carmen vers
dix-sept heures. Le car s’arrête le long d’une chaussée et nous quittons le
véhicule pour suivre le collègue de Felipe qui nous amène à l’embarcadère. Le
trajet sinue dans les rues et les ruelles. Nous passons devant un établissement
dont la partie supérieure du mur peint en orange saumon présente des balcons où
se tiennent de séduisants squelettes féminins habillés de coquettes robes
longues colorées. Le rythme rapide interdit de flâner comme je le souhaitais.
Nous atteignons la partie du port où s’amarrent
les ferrys à destination de Cozumel. Depuis la jetée des vues de la plage, au sable
clair et à l’eau turquoise, sont capturées par l’appareil photo avant de monter
à bord du bateau de la Mexico Waterjet. La sculpture monumentale de deux
naïades, qui s’équilibrent en rejoignant leurs avant-bras, retient l’attention sur
le rivage dans le parc public « Parque de los Fundadores ». Deux
anneaux du jeu de balle sont intégrés à l’œuvre. Une recherche assidue sur le
web lèvera le voile sur son origine. Cette sculpture en bronze intitulée « Portail Maya 2012 »,
conçue par l'artiste Arturo
Taravez et inaugurée voici bientôt cinq ans, célèbre le calendrier Maya et plus
particulièrement la date du 21 décembre. Nous patientons dans le ferry ; d’autres
excursionnistes arrivent. Durant la traversée nous constatons que le commerce
continue à bord. Un bar est présent et le barman se déplace sur les trois ponts
pour vendre boissons et snacks. Un marchand propose des tapis, un autre des étoffes
colorées. Le bateau est chahuté par les vagues et devant la forte houle des
sacs plastiques et des cotons imbibés d’alcool sont portés aux passagers sujets
au mal de mer. Nous sommes de retour dans la cabine vers dix-huit heures
trente. Le navire « Carnival Breeze » est à quai. Je le photographie
depuis le balcon. Nous allons dîner au buffet. Après le repas nous nous
installons à l’Aqua Theater pour regarder sous les étoiles le film d’animation « Zootopia »
des studios Disney. Cependant la cérémonie d’ouverture des jeux olympiques de Rio
de Janeiro au Brésil a remplacé le cartoon. Nous regardons quelques instants l’arrivée
des délégations de divers pays dans le stadium magistral de Maracanã. Nous
quittons le « stade » lors de l’arrivée de la délégation des États-Unis
d’Amérique qui déclenche une ovation parmi les spectateurs du navire. Après une
magnifique journée de découverte, nous entrons au pays des rêves…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire