Nous sortons
du Citadines vers huit heures pour aller prendre le petit-déjeuner au Starbucks
de la Place Blanche situé à quelques minutes de marche. Nous sommes protégés
des rayons du soleil levant par les branchages d’un arbre providentiel situé
sur la place. Un enfant en bas âge passe devant nous dans un tricycle poussé
par son père grâce à une baguette allongée reliée au petit véhicule. La
confiance est naturelle pour l’enfant car son regard se promène partout
alentours sauf devant lui. Après une collation lentement appréciée dans la
douce fraicheur matinale, nous quittons la terrasse du coffee pour retourner au
Citadines. Nous marchons sur la petite esplanade ombragée aménagée entre les
deux voies du boulevard de Clichy. Nous poussons un peu plus loin jusqu’à sa
lisière pour photographier une pomme géante à la présence inattendue. Cette sculpture
de Franck Scurti rend hommage à un philosophe français. Elle remplace, après de
nombreuses années fantomatiques, la statue de Charles Fourier qui fut déboulonnée
de son socle par les soldats allemands sous l’occupation. Durant plusieurs
années le socle orphelin intrigua moult promeneurs du boulevard et, le lundi 10
janvier 2011, la sculpture, pomme et globe terrestre, fut inaugurée en hommage
au philosophe. Une anecdote raconte qu’un soir à Paris, Charles dinait
agréablement au restaurant en compagnie de son beau-frère Jean Anthelme Brillat-Savarin,
le célèbre gastronome. Lors de l’addition, il constata que la pomme croquée au
dessert était facturée cent fois plus que celle achetée le matin même à Rouen.
Dans son commentaire à Jean, il parla d’une distorsion injustifiée dans le prix
en soupçonnant un désordre sociétal en germe où le profit maximum serait
nuisible à la condition humaine. Cette sculpture de pomme est un clin d’œil à
cet homme habité par une vision d’harmonie universelle. De retour dans le
studio, la suite de la matinée s’envole dans la création littéraire. Un peu
avant midi nous sortons du Citadines et nous nous dirigeons vers la place de
Clichy, distante de quelques centaines de mètres, pour prendre une rame de la
ligne deux du métro. Nous sortons des entrailles de Paris au niveau des Halles
et nous allons déjeuner dans le forum chez « Waffle Factory » le long de
la rue du cinéma. Nous savourons une gaufre aux trois fromages. Après le repas,
nous constatons que le « Forum des images », situé en face du
comptoir alimentaire, a été dans l’obligation, sur décision de la Préfecture de
Police de Paris, d’annuler le festival annuel « Cinema au Clair de
Lune » prévu du 29 juillet au 10 septembre 2016. Il faut s’inquiéter quand
la paranoïa de la sécurité l’emporte sur l’Art et la Culture. La dictature de
la sécurité, illusoire et opportuniste, attente à la liberté, à l’égalité et à
la fraternité, les trois devises chahutées de la République. Je prends en photo
l’affiche informative. En sortant à l’air libre, nous avons la surprise de
constater que la construction de la canopée du Forum des Halles est terminée ;
elle ondule de milliers de lamelles dorées. Nous prenons des photos sur fond de
ciel d’azur et nous nous rendons à la Fnac des Halles où Patrick achète le
livre de Jorge Luis Borges « Le Sud ». Je lis quelques passages du livre « La
formule de Dieu » de José Rodrigues Dos Santos ; les propos empreints
de dogmatisme voilé et embrouillé m’invitent à reposer l’ouvrage. Nos pas nous
conduisent ensuite au Centre Pompidou dans le dessein de voir une
exposition ; toutefois la fermeture hebdomadaire du mardi en décide
autrement. Je photographie l’affiche d’une autre exposition, « Beat
Generation », qui se terminera début octobre ; je pense à Jack
Kerouac. Nous nous rendons alors au proche « Costa Coffee » de la rue
Rambuteau où nous sirotons des cappuccinos. A la demande d’un jeune homme assis
à la table voisine, nous surveillons son sac et son ordinateur le temps de son
déplacement aux toilettes. Dans un espace voisin, une dame s’offre une sieste
pendant la durée du chargement de la batterie de son téléphone portable. Le
courant électrique est gratuit dans le café tout comme deux heures de connexion
Internet. Après cet entracte d’une petite heure, nous nous rendons à pied dans la
rue de Sèvres dans le septième arrondissement pour entrer dans le grand magasin
« Le Bon Marché Rive Gauche ». A côté de chez Costa, l’œuvre « Le
Grand Assistant » de Max Ernst, réalisée en 1967, nous interpelle. Nous marchons
environ trois kilomètres. De temps à autre des photos sont prises : un
resto de quartier « Shakespeare and Co » dans la rue Saint-Julien le
Pauvre, le commerce « Pays de Poche » dans la rue Galande, la
librairie « chantelivre » rue de Sèvres… Nous dépassons la vaste
arche d’entrée du « Passage du Commerce St-André ». Une affiche du
film « Star Trek Sans Limites », sorti au cinéma le 17 août, est
prise en photo. La forte chaleur et les ardents rayons du soleil nous
accompagnent ; la marche sur les trottoirs à l’ombre emporte notre pleine
adhésion. Au Bon Marché, nous nous dirigeons au salon de thé « Rose Bakery ». Le cadre
contemporain paré de murs blancs est baigné de lumière tamisée ; tous les
stores blancs sont descendus. Assis sur une banquette noire le long des
vitrages, je sens la chaleur du soleil sur le dos au travers de la toile. Cakes
et pâtisseries sont disposés à l’entrée et autour de l’îlot central. Le choix
aujourd’hui est réduit tout comme la présence des clients. Habituellement il
faut patienter pour qu’une table se libère. Beaucoup de touristes ont évité
Paris en ce mois d’août. En chemin, à différents endroits, nous avons croisé
des hommes en uniformes munis de mitraillettes ; de quoi faire fuir les
touristes. Je sirote un thé rooibos. Patrick déguste une part de cheese-cake
nature avec un jus pomme carotte réalisé sur l’instant. En réglant l’addition
nous apprenons que le salon de thé de la rue des Martyrs est effectivement en
travaux. L’ouverture est annoncée pour mi-septembre. Une liste nous apprend que
« Rose Bakery » a ouvert des établissements à Londres, New York, Tokyo,
Seoul, Ginza, Kichijoji et Shinjuku… Je prends quelques photos du salon de thé
et, juste à côté, d’une superbe verrière rectangulaire surplombant un rayon
chaussures. Nous nous promenons brièvement dans le grand magasin dont une
partie est en travaux. Le niveau de plain-pied de l’épicerie a été « aseptisé »,
le cadre a perdu son charme et les mots lus sur une devanture « Laboratoire
de pâtisserie » reflètent bien mon ressenti. La station de métro « Sèvres
– Babylone » est située devant une des entrées du grand magasin dont
certaines façades sont en réfection. Nous montons dans une rame de la ligne
douze qui nous dépose à la Madeleine. Nous marchons vers l’Opéra Garnier et, dans
la rue Chaussée d’Antin, nous passons chez « Marks & Spencer London »
pour effectuer quelques emplettes pour dîner dans le studio. Nous suivons la
rue Blanche pour retourner au Citadines. Trois jeunes garçons nous dépassent et
nous demandent si la direction est bonne pour aller à Pigalle. Une soirée chaude
et moite s’offre à nous avant d’entrer au pays des rêves…
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