Le soleil
darde déjà de chauds rayons au lever à six heures, toutefois, un vent plutôt
froid saisit Patrick dehors quand il va chercher du café. Plus tard, en
traversant le parking pour nous rendre à la salle du petit-déjeuner située à la
réception, je remarque sur le parking la présence d’un couple d’asiatique âgé
qui exécute des rites d’assouplissement. À la télévision commune, la nouvelle
dominante aux informations est la sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne.
Une fois le blog actualisé, nous nous rendons en voiture au supermarché «
Safeway » sur Monroe Street localisé à environ trois cents mètres du Days Inn.
Dans le magasin je prends en photo un « Cupcake Cake », dans son
emballage plastique, prêt
à être savouré. La surface du gâteau est entièrement couverte par le drapeau
américain réalisé en crème au beurre avec des colorants. J’ai remarqué dans la
majorité des supermarchés, dont les Whole Foods Markets, la présence de très
nombreux gâteaux aux formes créatives et aux atours très colorés ; les
colorants alimentaires s’en donnent à cœur joie pour séduire et éblouir les
clients. Karmen, une jeune femme brune sympathique à la forte stature, nous
accueille à la caisse. Nous effectuons ensuite un plein de carburant à la
station Shell sur Oregon avenue. Un homme d’âge mûr lave spontanément le
pare-brise et reçoit un pourboire. A la sortie de la station, une petite
guérite vert pistache au toit rouge, arborant le traditionnel panneau lumineux
« Open » « Ouvert », reçoit continuellement sur ses deux
façades des voitures en « drive-thru » qui s’arrêtent au niveau d’une
petite fenêtre ; sans sortir du véhicule, sans couper le moteur, chaque
conducteur commande et emporte dans l’instant une boisson …le plus souvent
sirotée en conduisant. Nous roulons sur la route US20. Après un passage d’une
dizaine de minutes dans le comté de « Lake », nous entrons dans celui
de Deschutes situé dans le centre de l'Oregon. Le comté tient son nom de la
rivière Deschutes qui fut nommée par les explorateurs franco-canadiens lors des
premières décennies du dix-neuvième siècle durant la période du négoce des
fourrures. Le haut plateau continue d’être vallonné avec d’immenses plaines aux
milliers de buissons vert tilleul aux tailles multiples qui accueillent de-ci
de-là des arbres touffus vert bronze. Le ciel bleu est moutonneux. La chaîne
des Cascades se profile au lointain avec des sommets enneigés. Midi passe. Nous
nous arrêtons à Brothers, un patelin de quelques habitants perdu à quelques
mille cinq cents mètres d’altitude sur le haut plateau, dans une oasis aménagée
en bordure de route US20 dans un paysage de steppe. La température oscille
autour de soixante degrés fahrenheit, soit environ seize degrés. Le souffle du
vent est froid. Nous enfilons les K-Way et nous choisissons cette fois une
table au soleil pour pique-niquer. La structure et les bancs attenants sont en
pierre gris clair. J’apprécie en mangeant de recevoir sur le dos la chaleur des
rayons solaires. Un va-et-vient de véhicules, entrant et sortant de l’aire de
repos, est régulier. Des trucks déplacent régulièrement l’air sur la route.
Après le repas, nous nous rendons en voiture à quelques dizaines de mètres au
café « Brothers Stage Stop ». Nous croisons le jeune homme brun, en jeans
et polo bleu roi, une silhouette de Sam Winchester, qui retourne à l’aire de
repos après un temps passé au café, précédé d’un long bavardage au téléphone
autour de sa voiture visible
depuis la table de pique-nique. La ligne cubique du bâtiment en pierre et bois
est adoucie par des arches. La couleur parchemin ocre sable des murs donne un
charme fou au café dont la teinte de l’enseigne s’harmonise avec les poutres
qui bordent la toiture plate. Nous entrons. Une charmante matrone d’un autre
âge nous accueille. Il s’agit de Dixie ou Jerrie, l’une des deux sœurs Hanna
qui exploitent tout à la fois le saloon, le café-restaurant, le magasin
général, le bureau de poste et la boutique de cadeaux ; la pompe à
essence, présente autrefois, a disparu avec le temps. Devant le choix limité de
boissons chaudes, une fois connu le sens Ouest de notre traversée du haut
plateau, elle nous enjoint à se rendre une quarantaine de miles plus loin où la
diversité sera abondante. Le précédent bureau de poste se trouvait dans les ruines
en pierres situées de l’autre côté de la route. Ce premier bureau de poste
« Brothers » fut construit en 1913. Le mot « Frères »
proviendrait de l’installation de plusieurs familles de frères dans la région à
cette époque. Nous reprenons la route. Un coyote traverse devant la voiture et
disparaît dans les fourrées. Un arrêt nous offre de photographier un canyon
dont les contours furent jadis façonnés par une rivière glacière. Avec le
réchauffement climatique des lacs se formèrent et des indiens installèrent des
campements. La route descend en altitude. Nous parvenons à destination vers
quatorze heures. Nous entrons dans la cité de Bend. Nous imaginions arriver
dans un village à flanc de montagne et nous sommes en plaine à l’entrée d’une
ville de quatre-vingt mille habitants. Nous comprenons mieux le terme
« abondance » choisi par Dixie ou Jerrie. Le GPS nous indique la
présence immédiate d’un Barnes & Noble. Cinq minutes plus tard nous garons
la Chevrolet au soleil sur le parking du libraire. Rebecca, une sympathique
jeune fille gracile à la fine chevelure brune, nous accueille et nous prépare
des cafés Mochas. Nous les sirotons en découvrant des ouvrages. Un magazine sur
des voitures anciennes et un autre sur la vie de Tesla et Edison me captivent.
Patrick étudie des guides touristiques sur l’Oregon. Après ces instants de
détente et de bien-être, nous partons à la conquête de la « Pilot Butte »,
un volcan situé au cœur de la ville de Bend. Un dénivelé de cent cinquante
mètres est gravi en voiture par une route d’environ deux kilomètres qui
serpente autour du cône. Elle côtoie un chemin pédestre très animé. Marcheurs,
joggeurs et cyclistes se croisent. Le sommet dévoile une vue panoramique à 360°
de la ville et des plaines avoisinantes. Le libraire Barnes & Noble est pris
en photo dans le panorama. Un cercle fuchsia indique son emplacement sur une
des photos du blog. Patrick
photographie à l’horizon les « Three Sisters », les « Trois
Sœurs », trois sommets volcaniques enneigés appartenant à la Chaîne montagneuse
des Cascades. Toutes les trois, elles dépassent les trois mille mètres
d’altitude. Un disque en bronze indique les noms et les altitudes des nombreux
sommets environnants. Depuis la butte, nous voyons la ville qui fourmille
d’arbres et de végétation ; plusieurs parcs ont été indiqués par le GPS.
Des bâtiments à ossature bois, sur trois quatre niveaux, sont en construction
au bas de l’ancien volcan. La température est remontée tout en restant fraîche.
Après cette découverte aérienne de la ville, nous nous rendons au Rodeway Inn
sur la troisième rue. Juste avant d’arriver au motel, nous passons devant le
magasin « Drews Boots » qui vend des bottes. Le plus surprenant est
qu’il vend aussi des armes à feu et des munitions ; vraiment étonnant !...
Un peu plus loin le café drive-thru « Dutch Bros. Coffee » dévoile sa
maisonnette bleue. Fondée en 1992 dans la petite ville de « Grants
Pass » en Oregon par les frères Dane et Travis Boersma, producteurs
laitiers, la franchise est forte aujourd’hui de plus de deux cent cinquante
cafés répartis dans les états côtiers de l’Ouest, de l’Arizona à l’état de
Washington. Les abords du Rodeway Inn sont décorés de parterres de fleurs. Une
jeune femme potelée à la longue chevelure noire nous reçoit d’un accueil juste
professionnel. La suite 155, offerte par les points Choice Hotels, nous est
attribuée. Patrick charge les photos sur l’ordinateur et s’affaire à la self
laverie du motel. Je m’installe à l’ordinateur pour un temps d’écriture. Avant
le repas dans la chambre nous effectuons une marche pour découvrir de près le
coffee des frères Boersma. Le ciel est bleu et un vent frais souffle. La soirée
est consacrée à la lecture et à l’écriture …avant d’entrer au pays des rêves…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire