La chambre
122, où nous avons passé une nuit plutôt bruyante, se trouve juste en face du
local où se déroule le petit-déjeuner. Seule la fenêtre dépasse du sol, les
chambres du niveau inférieur étant situées en demi-niveau dans la terre. A neuf
heures nous avons quitté le motel Super 8. Quelques instants plus tard nous
sommes à l’hypermarché Walmart sur Linden Street. Laurie nous accueille à la
caisse. En apprenant que nous sommes de la France, cette dame à la chevelure
blanche semble nous dire qu’elle n’a jamais quitté Chadron de sa vie. Nous
suivons la route US 20 pour entrer dans l’état du Dakota du Sud. Nous
franchissons la limite inter-état à neuf heures trente-sept. Le vent
s’engouffre dans mon tee-shirt quand Patrick me prend en photo à côté du
panneau de bienvenue. Nous suivons la route 385 Nord pour nous rendre dans un
site repéré en France sur Internet. Nous retrouverons la route US 20 après la
découverte de trois sites renommés. Par endroits des multitudes de balles
circulaires de blé se dévoilent sur les champs. Ailleurs des taches noires se
dessinent dans les vertes prairies ; ce sont des vaches qui broutent,
certaines isolées des troupeaux. Le paysage change progressivement. Les
étendues de plaines laissent place aux collines, aux roches et à une végétation
forestière. Nous traversons le village de « Hot Springs » vers dix
heures quinze. A l’entrée, sur la droite, une œuvre d’art achevée ou en voie
d’achèvement retient le regard. Quatre pattes d’un animal se terminent par une
structure métallique qui définit la silhouette inconnue. Un arrêt coup de cœur
pour un château en grès ocre dominant la bourgade nous offre de découvrir le
musée « Pioneer Museum » qui s’avère être une ancienne école inaugurée
le 8 Janvier 1894. A l’époque le salaire annuel du directeur d'école était de
mille deux cents dollars. Sept professeurs et quelques trois cents étudiants,
en moyenne, animèrent le château-école jusqu’en 1961. Le City Hall, la Mairie,
inaugurée en 1893, se distingue sur River street en bordure de la rivière
« Fall River ». Nous remarquons que les drapeaux sont en berne suite
à la tuerie d’Orlando dans certaines villes et villages dont Hot Springs. Vers
onze heures nous entrons dans le Parc National de Wind Cave. Nous sommes sur la
route 87 Nord. Des bisons broutent tranquillement dans les pâturages aux herbes
jaunies par le soleil. Ils se prêtent volontiers aux photos. La taille de ces
animaux est impressionnante. Plus loin, dans le Parc d'État Custer, ce sont des
biches qui posent avec élégance devant l’appareil photo. Elles sont entourées
de marmottes qui cessent leurs activités et se dressent pour figurer sur les
clichés. L’harmonie règne dans le milieu animal ; un exemple à suivre par
les Hommes. Les minutes passent avec la joie de découvrir le parc en roulant.
Soudain je freine en apercevant un autre animal, quelque peu décharné, qui
broute sur le bas-côté. L’espèce nous est inconnue. Nous apprendrons le soir
dans la chambre qu’il s’agit d’un « pronghorn », une antilope
d'Amérique. Son pelage à dominante fauve s’agrémente de poils cuivrés et
blancs. La voiture grimpe en altitude et nous atteignons le Mont Coolidge, le
point culminant de la partie centrale du parc Custer. Une succession de petites
vallées se dessinent en contrebas. La route sinue en descente jusqu’au charmant
village de Custer. Nous sommes dans les « Black Hills », les collines
noires, et nous parvenons un peu après midi au « Crazy Horse
Memorial ». James nous accueille à la guérite des visiteurs. Il est ravi
de nous savoir français. Il nous sert la main après nous avoir demandé d’inscrire
nos noms dans le livre d’or. Nous déjeunons à proximité du parking sur une
table en bois rouge bordée de bancs jaunes. La vue du mémorial emplit nos
regards pendant le repas. Il est sculpté dans la montagne « Thunderhead
Mountain » dont le sol est considéré comme sacré par les Amérindiens. Korczak Ziółkowski, un sculpteur américain né
à Boston en 1908 et mort d’une crise cardiaque sur le site en octobre 1982, est
connu pour être le créateur et le sculpteur du « Crazy Horse » qui
représente un guerrier et chef sioux du clan Oglala, tribu des Lakota, monté
sur un cheval et pointant le doigt vers l'horizon. La tête du chef Crazy Horse
mesure une trentaine de mètres de haut. Nous assistons à la projection d’un
film sur la naissance du projet. La première explosion eut lieu le 3 juin 1948.
Deux ans plus tard le sculpteur épouse Ruth Ross. De leur union dix enfants
vont naitre. La sculpture se poursuit très lentement ; Ziółkowski refuse
l'aide financière du gouvernement fédéral. Il finance son projet en faisant
payer l'accès au site. Nous avons déboursé onze dollars chacun pour entrer plus
quatre dollars pour prendre un car, un bus scolaire jaune, pour nous approcher
de l’ouvrage en cours et prendre des photos. La maman d’une famille texane nous
offre de nous prendre en photo devant la tête magnifiquement sculptée ;
une photo de Patrick témoigne de la précision des artisans sculpteurs. Nous
prenons en retour cette famille devant le mémorial. Nous apprenons par Kim, le
guide du bus, que la tombe du sculpteur fondateur a été creusée à la base de la
montagne. Après sa mort, sa femme Ruth repris le projet en tant que directrice
de la « Crazy Horse Memorial Foundation ». A ce jour sept de leurs
dix enfants sont impliqués dans la fondation et poursuivent l’œuvre de leur
père. La tête fut complètement achevée en 2015 …et les travaux continuent. Pour
achever ce projet, une cinquantaine d'années de travail est annoncée. Avant de
quitter le site, nous visitons les divers bâtiments créés qui abritent
notamment le musée indien d’Amérique du nord, un centre culturel indien, une
galerie d’objets indiens faits main …et, bien sûr, un magasin de souvenirs et
un restaurant. Un superbe portail dévoile des sculptures d’animaux. Nous
reprenons la route après ces instants de découvertes permises par la volonté
humaine. Nous prenons la direction de la ville de Rapid City, l’escale du jour.
Nous traversons le village sur la route seize. Une trentaine de miles après
notre départ du mémorial, nous atteignons Rapid City. Un Starbucks se dévoile
sur Mt Rushmore Road à l’angle de St-Patrick Street. A l’entrée du café, un
jeune homme assis en terrasse avec deux jeunes filles nous adresse la parole.
Il m’a vu prendre une photo du Starbucks où il est sur la photo. Il demande que
je prenne une seconde photo avec son amie et s’informe d’où nous venons. Nous
bavardons agréablement. Nous échangeons nos adresses mails. La seconde jeune
fille, Harmony, habite dans l’Oregon. Elle repart dans quelques jours. Nous
sommes photographiés, tour à tour, ave elle et avec Josh. Il nous indique le
restaurant « Pitta Pit » sur St-Joseph Street qui propose des mets
meilleurs à ceux de Subway. Ces instants de partage me font chaud au cœur et je
déguste avec joie un chocolat chaud à leur table après leur départ. Patrick
sirote un café Mocha. Les minutes passent agréablement. Nous reprenons la route
et décidons de repérer le Pitta Pit indiqué par Josh. Le restaurant est absent
de l’endroit précisé. Ce détour, offert par la chance de cette rencontre
fortuite, nous permet de constater la présence de statues en bronze à chaque
intersection. Nous garons la voiture. Nous sommes, sans le savoir, dans le
quartier historique né en 1876 de la volonté de chercheurs d’or sans or. Les
dix-sept heures sont passées. Les sculptures représentent les présidents des
Etats-Unis et quarante-deux d’entre eux sont présents alentours. Patrick me
prend en photo avec Ronald Reagan et Bill Clinton. Entre la 7ème et la
6ème rue, nous traversons la « Art Alley », l’allée des
Arts. Cette ruelle de graffitis d’art est suivie. Une peinture avec des
papillons porte la légende « Float loke a butterfly » « Voletez
comme un papillon ». La ruelle est atypique et attrayante. Nous découvrons
une enseigne ovale sur la sixième rue qui vante le chocolatier « Chubby
Chipmunk ». Nous entrons dans l’hôtel Alex Johnson, conviés par le jeune
majordome présent à l’entrée. Nous achetons deux bouchées à une jeune fille
présente, à la chevelure rouquine, prénommée « Autumn ». Entre deux
clients, elle lit pour la seconde fois le tome un d’Harry Potter. Un Starbucks
a pris place dans l’enceinte de cet ancien hôtel. Je savoure en marchant la
ganache noire à 72% de chocolat. Une bouchée divine. Sur St-Joseph street, la
devanture d’un magasin de cycles dévoile des vélos en couleur. A l’angle de la
rue, Thomas Jefferson signe la Déclaration d'Indépendance. Alors que nous
roulons sur Main Street pour aller au motel, le restaurant Pitta Pit se montre
à côté du Kathmandu Bistro. L’indication était juste, à une rue près. Au
Rodeway Inn, une charmante jeune femme latinos aux yeux remarquables, nous
attribue la chambre 222. Nous voilà pour une nuit dans notre « chez nous »
dans l’état de Dakota du Sud…
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