Les rites
matinaux sont écourtés au regard des deux cent soixante miles, soit un peu plus
de quatre cents kilomètres, à parcourir aujourd’hui. Une épopée de spectacles
extraordinaires, qui s'apparentent au merveilleux et au sublime, vont se
dévoiler aujourd’hui lors de la traversée du parc national de Yellowstone dont
une partie du parc se trouve sur les États voisins de l'Idaho et du Montana.
Initié dès 1872, le parc Yellowstone, le plus ancien parc national
au monde, s'étend sur une superficie de près de 9000 km², supérieure à
celle de l’ile de la Corse. Lors du petit-déjeuner, servi dans une sorte de
charmant bistro, je prends en photos quelques affiches liées aux activités à
vivre à Cody. Nous quittons le motel et nous effectuons quelques courses au
supermarché Albertsons installé à côté. Trudy, une dame bien mise qui arbore
une broche dorée à l’effigie du drapeau américain, nous reçoit chaleureusement
à la caisse. Elle chérit son pays et, à sa demande, nous acquiesçons que nous
affectionnons aussi les Etats-Unis. Après huit heures trente nous roulons une
cinquantaine de miles sur la route US20 pour atteindre l’entrée Est de
Yellowstone. Elle traverse le parc étendu sur environ cent kilomètres du nord
au sud et d'est en Ouest. Un peu avant neuf heures, après la traversée de
quelques tunnels, nous parvenons au barrage de Buffalo Bill construit entre
1905 et 1910 sur la Shoshone River dans
la chaîne de montagne Absaroka. Ces cent dix mètres de haut en font l’un des
plus hauts barrages du monde. Il a permis de rendre fertile les terres
désertiques du « Bighorn Basin » où de nombreuses betteraves à sucre
sont cultivées. Un arrêt nous offre de prendre quelques photos. Nous reprenons
la route. Le ciel d’azur participe à la magie du panorama. Nous roulons dans un
magnifique paysage bordé de pics, de sommets peuplés d’arbres, de prairies et
de montagnes dont certaines roches sont dressées telles des forteresses
moyenâgeuses. Par endroits des falaises abruptes, des pitons rocheux, bordent
la route escortée par la rivière Shoshone qui sinue au gré de sa fantaisie.
Nous arrivons à l’entrée Est du parc à dix heures quinze. Un droit de trente
dollars par voiture est acquitté à la jeune Kimberly habillée en tenue des
Rangers. Une brochure en français nous est donnée. Des sommets enneigés
pointent à l’horizon. Une quinzaine de minutes plus tard nous atteignons la
partie la plus élevée au col « Sylvan Pass » où des neiges s’éternisent à plus
de huit mille cinq cents pieds soit à environ deux mille six cents mètres
d’altitude. Nous sommes partis de Cody à environ mille cinq cent mètres
d’altitude. Nous roulons sur un haut plateau situé à plus de deux mille mètres.
Sur certains versants couverts de sapins le paysage a été sculpté par des feux
naturels qui jouent un rôle important dans l’écosystème. Le feu régule les
forêts et nous constatons que nombre de sapins sont calcinés tout en restant
dressés vers le ciel ; une vision saisissante. Le lac Yellowstone, aux
eaux indigo, se dévoile. Nous nous arrêtons. Des vagues se jettent en petits
rouleaux sur le sable rocailleux. La température est légèrement remontée. Lors
de l’arrêt au col, la température extérieure affichée dans la voiture était de
53° fahrenheit, soit environ 12° Celsius. Nous remontons en voiture pour longer
le lac après avoir bifurqué à gauche au niveau de « Lake Village » à
onze heures dix. Une quarantaine de minutes plus tard, nous effectuons un arrêt
au bassin « West Thumb Geyser Basin » pour découvrir des geysers. Le parc,
célèbre pour ses phénomènes géothermiques, contient la majorité des geysers de la planète sans
parler des innombrables sources chaudes. A l’entrée, un animal, d’une taille
impressionnante, traverse devant la voiture sans se préoccuper de l’ambiance
animée qui règne alentour. Il s’agit d’une femelle « moose », un
wapiti, le plus grand membre de
la famille du cerf. Les geysers, en bordure du lac, se dévoilent dans toute
leur splendeur. Des passerelles en bois, judicieusement installées dans le
bassin, permettent de sillonner l’étendue. Les couleurs sont indescriptibles.
La nature est un peintre à la palette incomparable. Telles des coulées de lave
incandescente, des eaux ruissèlent doucement offrant tour à tour des nuances
d’orange aux éclats de feu, de turquoise rivalisant de bleu et de vert qui se
fondent à l’infini. Des vapeurs soufrées,
telles des fumeroles évanescentes, s’élèvent avant d’être emportées par le
souffle du vent qui s’amuse à faire tourbillonner les volutes. Des francophones
nous prennent en photo. Après un parcours riche en émotion admirative, nous
déjeunons dans une clairière ensoleillée plantée de pins. Après le repas nous
reprenons la route. Un peu avant quatorze heures nous nous arrêtons au
« Upper Geyser Basin » pour découvrir l'une des figures emblématiques
du parc, le « Old Faithful Geyser », le deuxième geyser le plus important au
monde après le « Strokkur » qui se situe en Islande. Nous nous
promenons autour du geyser sur les passerelles en bois qui le ceinturent. J’ai
lu hier que le geyser jaillit toutes les quatre-vingt-dix minutes environ. Les
rayons solaires sont brulants et la chaleur est tamisée par un vent frais qui
souffle quand bon lui semble. Nous décidons ensuite d’aller nous désaltérer à
la terrasse en bois de l’auberge « Old Faithful Inn » construite en
bordure du geyser par l’architecte Robert Reamer. La construction, réalisée en
pierre et en bois du parc, est magnifique. L’hôtel ouvrit ses portes au
printemps 1904 avec le confort de la fée électricité et la douceur du chauffage
central. Dans le vaste atrium intérieur nous découvrons une majestueuse
cheminée haute de vingt-cinq mètres réalisée avec près de cinq cents tonnes de
pierres. L’ossature de la charpente et la poutraison des différentes
balustrades des divers étages donnant sur l’atrium ressemblent à des bois de
cerfs. La réalisation est magnifique. Jordan, une jeune fille venue de Floride,
nous prépare deux cafés Mochas. Nous les sirotons en attendant le bon vouloir
du Geyser. Assis sur un banc sur la terrasse, nous sommes aux premières loges
pour le spectacle qui s’annonce. Les minutes s’égrènent sous le chaud soleil.
Je décide de dégustée une crème glacée vanille chocolat, servie par la jeune
Kindley. A quinze heures précises, tel un show organisé par Disney, le jet de
vapeur du geyser laisse place à une cataracte d’eau chaude qui jaillit des
entrailles de la terre. Une colonne bouillonnante s’élève dans le ciel bleu
limpide libre de tous nuages. Le jet d’eau bouillante s’échappe et se propulse
vers la voute céleste sur une hauteur de quelques cinquante mètres. Nous sommes
aux anges et comblés d’assister à ce feu d’artifice monochrome. Je prends un
petit film avec l’appareil photo. Cinq minutes s’écoulent où chacun retient son
souffle. Après cette représentation phénoménale, nous visitons l’auberge et le
magasin de souvenirs, achalandé comme nul autre. Nous poursuivons notre périple
dans le parc vers quinze heures trente. Une trentaine de minutes plus tard nous
nous arrêtons au bassin « Midway Geyser Basin » où la vedette est le
« Grand Prismatic Spring ». Une file d’attente pour garer la voiture
invite Patrick à sortir en premier. Je le rejoins une fois la Chevrolet stationnée.
Un dernier et sublime spectacle s’offre à nos yeux éblouis. Les mots manquent
pour décrire la magie des geysers. Par endroits nous avons l’impression d’être
dans le cratère d’un volcan à ciel ouvert. Les photos publiées sur le blog
témoigneront de la féérie du spectacle offert par la Nature. Un peintre céleste
a probablement dû apporter son concours pour générer une palette aux innombrables
nuances et aux mille reflets. Les yeux baignés de beauté, nous reprenons la
route pour nous diriger vers la sortie Ouest du parc. Nous en sortons vers
dix-sept heures après avoir franchi la ligne inter-état entre le Wyoming et le
Montana. Nous traversons le village de « West Yellowstone », situé
dans le Montana, que nous avons boudé comme étape nocturne en raison des tarifs
exorbitants des motels. Nous prenons la direction d’Idaho Falls où nous allons
passer la nuit. Nous entrons dans l’état de l’Idaho à dix-sept heures dix. Un
arrêt offre de nous prendre en photo devant le panneau de bienvenue. Nous
roulons ensuite une heure quarante dans un paysage de plaines dénommé les
plaines de « Snake River ». Nous atteignons le « Rodeway Inn »
sur River Parkway à Idaho Falls à dix-neuf heures. Une tour ronde de huit
étages se dévoile à nos regards. La chambre 786 nous est attribuée au septième
étage. Depuis le balcon, la vue embrasse l’horizon et notamment les
« Falls », les cascades d’eau de la ville, qui se déversent mélodieusement
à nos pieds. Une réalisation humaine époustouflante. Nous dînons dans la
chambre. Avant de nous blottir dans les bras de Morphée, le ciel nous offre un
dernier spectacle, un magnifique coucher de soleil qui, par sa forme et sa
beauté colorée, rappelle, tel un clin d’œil, les geysers du parc Yellowstone.
Un fil invisible semble tissé entre toutes les beautés de la Terre…
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