Lors du
petit-déjeuner, l’information principale, qui revient en boucle, concerne la
tuerie dans le dancing gay à Orlando en Floride. Après la collation, grâce à
Internet, une boîte de chocolat « Albert Chocolatier », personnalisée
avec une photo en chocolat de nous deux prise au jardin japonais Anderson à
Rockland, est envoyée à Lucienne pour son anniversaire. Nous quittons l’Econo
Lodge et nous nous rendons au supermarché Henderson’s Iga à une courte distance
en voiture du motel. Helen, une souriante mamie aux cheveux blancs, nous
accueille à la caisse à dix heures. Une fois les mets du déjeuner et du dîner
dans le coffre de la Chevrolet, nous prenons la direction de « Fort
Niobrara – National Wildlife Refuge ». Une quinzaine de minutes plus tard,
nous entrons dans l’enceinte de ce refuge traversé par la rivière Niobrara et
ses affluents. La rivière, qui a érodé le calcaire en créant des falaises,
offre une topographie variée. Cet habitat unique pour de nombreuses espèces
végétales et animales contraste avec la monotonie des grandes plaines. Des
espèces d’origines, comme le bison, furent intégrées dans le refuge en 1913
dont la mission est la préservation de la vie sauvage. Il fut créé en 1912 par
le président Theodore Roosevelt. Nous recueillons des informations au
« Visitor Center ». Nous suivons en voiture le « Wildlife
Drive », un chemin qui slalome dans le refuge. De magnifiques oiseaux et
un grand nombre de marmottes captent nos regards. Nous avançons à très petite vitesse
pour prendre des photos sans déranger la faune. Les marmottes sont confiantes à
notre approche et nous permettent de réaliser de belles photos. Après le
parcours en voiture, nous allons découvrir les chutes « Fort Falls ».
Nous croisons un grand-père et son petit-fils qui reviennent des chutes. Le
jeune garçon blond nous fait quelques signes de la main. L’homme, qui s’aide
d’une canne pour avancer, nous parle mais son accent défavorise la
compréhension de ses propos. Pour accéder aux chutes, il est nécessaire de
descendre un ensemble de marches en acier rouillé intégré dans la gorge
tapissée de végétation. Patrick prend quelques photos. Midi approche et nous
allons pique-niquer dans l’aire mis à disposition des visiteurs. Après le
repas, nous prenons la direction du « Smith Falls State Park »,
toujours situé sur Valentine, distant d’une quinzaine de miles. Dans le parc,
les derniers miles sont parcourus sur une chaussée sans revêtement. La
poussière des gravillons forme un nuage sur notre passage, comme la queue d’une
comète. A notre arrivée nous acquittons un droit de cinq dollars pour la
voiture. Une vignette est à coller sur le pare-brise. Le ciel est d’un bleu
d’azur et la température est élevée. Les rayons solaires sont brûlants. Nous
traversons le pont en acier « Verdigre Bridge » qui fut déplacé ici
en 1995 après avoir fidèlement servi sur la Highway 14. Le pont, réduit en
largeur et pavé de larges lames de bois, enjambe la rivière Niobrara. Nous
accédons aux chutes, situées dans un petit canyon sur le côté sud de la
Niobrara, par une passerelle en bois qui longe le canyon étroit où les rayons
solaires pénètrent aléatoirement. Une famille avec trois enfants se prend en
photo aux pieds des chutes. Les deux jeunes filles, en maillot de bain,
grimpent sur les roches baignées d’eau jaillissante. Le visage du fiston est
couvert de taches de rousseur. Le papa nous prend en photo. La roche sur
laquelle glisse l’eau en cataracte me fait penser à une tête de pieuvre
libérant ses tentacules. Avant de quitter le site magnifique par la passerelle,
Patrick prend un couple âgé en photo avec leur appareil. Plus bas, le cours
d’eau génère une petite chute avant de s’intégrer calmement dans le fleuve. Une
paire de baskets blanches semble avoir été oubliée sur le sable ocre beige.
Nous retournons tranquillement à la voiture en suivant le chemin en demi-boucle
qui évite de monter les escaliers directs vers le visitor center et le parking.
La clim est enclenchée avant de reprendre la route. Nous retournons à Valentine
pour rejoindre la route US 20. Quelques cent quarante miles sont à parcourir. A
quinze heures sept nous entrons dans un nouveau fuseau horaire. L’information
est donnée par un panneau en bordure de la route où on peut lire notamment « Time
Zone ». Nous effectuons un bond d’une heure dans le passé. Le décalage
avec la France passe à huit heures. Vers quatorze heures trente, l’horloge de
la voiture recule automatiquement d’une heure. En Haute-Savoie, il est vingt-deux
heures trente. Un peu plus tard, nous apercevons une voiture de police, tous
feux rouges clignotants. Je ralentis. Il s’agit d’un contrôle sur un
mobile-home. La voiture de police semble avoir surgi de nulle part. Hier de la « Epic music » diffusée par notre iPod emplissait l’habitacle. Aujourd’hui de la
musique classique est diffusée par la radio, suivie par des informations
relatives à la tuerie d’Orlando. Tout au long du trajet, nous voyons des «
Aermotors » dressés dans le paysage tantôt plat tantôt vallonné. L’aermotor est
une sorte de moulin à vent qui pompe l’eau de la terre avec comme seule énergie
la force du vent. C’est eau est précieuse pour les divers ranchs et les coopératives
agricoles qui jalonnent la route. Par endroits des kilomètres de clôtures
délimitent les enclos à bestiaux. Patrick pense que les ranchs exploitent les
bovins pour le lait. Leur nombre est trop faible pour servir de nourriture. La présence
de veaux confirme son appréciation. Les entrées des ranchs sont sommaires et
les voies d’accès sont justes délimitées par un panneau. Les arches spectaculaires
des ranchs texans sont bien loin. En approchant de notre destination, le ciel
se pare de superbes nuages blancs qui évoluent dans le ciel, tels des vaisseaux
spatiaux aux formes variées et aux tailles parfois impressionnantes. Après
Rushville, le paysage change progressivement. Des collines et des roches
apparaissent, un peu comme les Préalpes en France. Vers seize heures nous
atteignons le village de Chadron, notre dernière étape dans le Nebraska. Nous
effectuons un plein de carburant à la station Exxon sur Main street. La rue
principale est en travaux de réfection. La conviviale Beth encaisse un billet
de vingt dollars en prépaiement pour le plein. La monnaie est rendue ensuite.
Quelques instants plus tard nous garons la Chevrolet Malibu sur le parking du
motel « Super 8 » situé en bordure la route 20. Des véhicules de la
société « Paul Reed Construction » arrivent sur le parking après
nous. Les ouvriers viennent passer la nuit au motel. La fin d’après-midi et la
soirée se déroulent au motel ; les activités du village d’étape étant
limitées…
Un Aermotor dans le refuge...
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