Lors du
petit-déjeuner, un jeune bambin, en grenouillère grise à motifs, me sourit
après notre échange de regards hier matin. Dans le journal « News
Times » du 24 juin, je note la présence d’un avis de recherche pour Justin
et je lis la nécrologie sur Mavis Norris, une citoyenne de Newport. Pour imager
la narration du blog, une sélection de photos est effectuée sur les quelques
deux cent trente clichés pris hier. Les dix heures passent… Nous quittons
l’Econo Lodge du bord d’océan et nous allons effectuer quelques courses chez
Fred Meyer sur la vingtième rue de Newport. Zella, chaleureuse et souriante,
nous reçoit à la caisse. Nous prenons cette fois la route US 101 en direction
du nord. Nous traversons le village de Lincoln City. Un peu plus loin
l’intersection avec la route 18 East, qui même à Salem et à Portland, est
photographiée. Le bourg de Hebo est traversé. Les paysages ressemblent à ceux
de la Haute-Savoie, toutefois les habitations et les villages traversés reflètent
bien le charme des Etats-Unis. La température grimpe légèrement et le ciel se
dégage. Midi passe. Une aire de pique-nique est annoncée dans un quart de mile.
Nous nous arrêtons au « Tillamook River Rest Area », un espace de
détente au bord de la rivière Tillamook. Nous pique-niquons à une table proche
de la rivière, en contrebas de la route. L’aire de repos est fréquentée par de
nombreux mobile-homes. Après le repas, nous reprenons la route et nous
traversons la bourgade de Tillamook. A l’entrée, un avion de la Navy, qui semble
prêt à s’envoler, se distingue pour annoncer un musée de l’aviation. L'économie du village de Tillamook est
principalement basée sur les exploitations laitières. Les terres agricoles
entourant la localité sont utilisées pour le pâturage des bovins laitiers qui
alimentent la « Tillamook County Creamery Association ». La
coopérative laitière, créée en 1909, forte de plus de cent fermes laitières,
principalement au sein du comté de Tillamook, appartient aux producteurs de
fromage et aux fermiers. Le cheddar, la crème glacée gourmet et les yogourts
sont les produits phares. Chaque année environ un million de personnes visitent
l'usine de fromage prise en photo à la sortie du bourg. Une réplique de la
goélette, « l'Etoile du matin », utilisée au 19ème siècle
pour transporter le beurre à Portland, via la côte pacifique et la rivière
Columbia, est présente devant la fabrique. La goélette figure dans le logo de
la coopérative. A treize heures vingt nous entrons dans le village de
Garibaldi, riche de quelques centaines d’habitants. Nous nous dirigeons vers la
voie de chemin de fer pour monter dans un train historique, peut-être de la
compagnie « Southern Pacific ». Un petit parking public est présent à
côté des rails. Le ciel est bleu, le soleil brille et la température reste agréable
en portant les K-ways. La gare est à ciel ouvert au milieu du village. Dans le
train nous réglons à une jeune fille blonde vingt dollars chacun pour le voyage.
Le petit terminal blanc de paiement futuriste Apple contraste avec l’ancien
wagon qui fait office de guichet et de magasin de souvenirs. Le convoi comporte
trois autres wagons, un fermé, un couvert avec des arches légèrement cintrés et
un à ciel ouvert. A quatorze heures, le train s’ébranle et le périple commence.
Le train tangue sur les rails, le sifflet chante régulièrement et les rouages
grincent pour nous rappeler les temps anciens. Nous longeons la baie de
Tillamook. La voie passe à fleur des récifs rocailleux. Des gros rochers
émergent de l’eau à différents endroits. Ils pointent leur silhouette architecturale vers le ciel en
s’offrant majestueusement aux regards. Des photos sont prises tout au long du
trajet tout en nous promenant dans les différents wagons. Le lac « Smith »
est traversé et de charmants étangs nappés de familles de nénuphars se
dévoilent de chaque côté. Le convoi parcourt cinq miles en une trentaine de
minutes avant d’arriver au cœur du village balnéaire de Rockaway Beach. Les maisons établies
le long des rails en bordure de l’océan dévoilent leur charme et leur
personnalité. Des habitants nous font des signes lors du passage du train qui
se manifeste joyeusement par son sifflet à la mélodie stridente. Le train
s’arrête au bord de la route 101 dans une petite gare à ciel ouvert au milieu
des maisons. Une trentaine de minutes de liberté sont offertes aux passagers. Patrick
me prend en photo sur le marchepied de la vieille locomotive. Nous traversons
ensuite la route pour joindre à quelques pas le « Beach Bakeshop »,
un café doublé d’une pâtisserie. Nous commandons des cafés Mochas à une charmante
jeune femme et nous achetons deux brownies maison au « peanut
butter » à un monsieur convivial et volubile. L’envie de consommer dans le
café est effacée par le sifflet du train qui invite les passagers à remonter à
bord. Nous sirotons les boissons dans le wagon fermé et je savoure un brownie.
Je relève le vitrage de la fenêtre à guillotine dont le système d’ouverture en
bois est judicieux et efficace. J’allonge les jambes sur la banquette de devant
en skaï bordeaux et je passe une trentaine de minutes dans le bien-être d’un
voyage d’autrefois, accoudé au chambranle en bois plat de la fenêtre. Bercé par
le roulis caractéristique du train, je laisse mon esprit vagabonder tout en
appréciant le paysage. Je me sens bien. Les minutes s’égrènent entre passé et
présent. Je m’amuse de temps à autre, à photographier conjointement le wagon et
le paysage en passant la tête au dehors. Patrick, assis sur la banquette duo
devant moi, sort également sa tête pour capturer des vues de la côte. Une jetée
sur pilotis en bois avance dans la baie, telle une passerelle vers les confins
de l’horizon. Nous sommes de retour à Garibaldi vers quinze heures trente. Des
voyageurs de la Californie, en Mercedes blanche garée à côté de la Chevrolet,
prennent la route. De notre côté, nous nous baladons dans le village de
Garibaldi qui tient son nom de la fantaisie de Daniel Bayley, le premier propriétaire terrien du
village, fasciné par le charisme de Giuseppe Garibaldi. Daniel construisit un hôtel et un magasin
général. Ce premier titre de propriété fut officiellement accordé le 15 mai 1869
par le président Ulysses Grant. Un panneau indique l’emplacement du bureau de
poste sur Acacia street. Nous allons acheter des timbres. Judy nous accueille.
Elle est née à Portland en Oregon. Elle a vécu trois semaines de rêve à Paris à
l’occasion du 50ème anniversaire de sa sœur qui a fêté son demi-centenaire au
restaurant de la Tour Eiffel en buvant du Champagne. Disponible, chaleureuse et
attentive, Judy réalise à notre attention une empreinte d’un tampon du 4
juillet 2007 créé pour le bicentenaire de la venue au monde de Garibaldi, né un
4 juillet 1807 à Nice. Judy accepte avec une pointe de malice d’être prise en
photo dans le cadre agréable et personnalisé du bureau de poste. Des fleurs,
des plantes et quelques orchidées s’épanouissent vers la baie vitrée. Elle nous
indique où trouver un ATM et des cartes postales. Nous la remercions vivement
et nous nous rendons, de sa part, chez chez « Godfrey’s General Store »
où quelques cartes postales anciennes de charme portant l’inscription « Oregon
Coast » sont achetées à Lee, un vieux monsieur aux cheveux blancs. Un
retrait de dollars est effectué à la banque « Umpqua Bank » sur la
route 101 qui traverse le village ; elle s’appelle avenue Garibaldi. Après
une visite dans le supermarché local où des framboises de la région sont à
vendre, nous retournons à la voiture. Le motel Econo Lodge est à une centaine
de mètres de la gare. Les rails passent le long du bâtiment en prolongement de
la façade. La chambre 110 nous est attribuée par une jeune femme brune
gracieusement boulotte. Nous nous installons dans « notre chez nous »
d’un soir dans le village de Garibaldi, le héros aventurier et romantique de
Daniel Bayley. Au dîner, des mûres et des framboises, produites dans l’Oregon,
sont dégustées. La soirée offre diverses activités où l’écriture occupe une
bonne partie de mon temps de détente…
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