Lors du
petit-déjeuner, une information à la télévision divulgue l’ouverture d’un parc
d’attraction Disney à Shanghai en Chine. Un peu avant neuf heures, un appel téléphonique
est passé à Ron dans sa maison de campagne à New York. Son neveu habite Seattle
où nous serons dans quelques jours. Les dix heures passent ; le blog est
actualisé. Depuis la fenêtre de la chambre, Patrick voit passer sur le fleuve
un jeune homme qui pagaie sur un surf. Nous distinguons nettement sur la gauche
le pont qui enjambe l’estuaire pour joindre l’état de Washington ; le
fleuve sert de frontière inter-état. Nous quittons le Comfort Suites pour nous
rendre au « Safeway » situé à une centaine de mètres sur le même côté
de la route. Un plein de carburant est effectué dans la station du supermarché
par Jeff, un jeune homme blond juste sorti de l’adolescence. Teresa encaisse le
montant des emplettes alimentaires en nous offrant, sans raison apparente, une
remise d’environ dix pour cent. Nous nous rendons ensuite sur la colline
« Coxcomb Hill », distante d’environ deux miles, où trône la colonne
« Astoria Column » qui surplombe l'embouchure de la rivière Columbia.
Cette structure de béton et d'acier, de trente-huit mètres de hauteur, fut
construite en 1926. Patrick grimpe les cent soixante-quatre marches d’un
escalier en colimaçon et accède avec le tournis à la plate-forme d'observation.
La vue à 360° embrasse tout l’horizon, notamment la rivière Columbia et l’océan
Pacifique. Le financement de la colonne, calquée sur celle de Trajane à Rome,
fut assuré conjointement par la la compagnie de chemin de fer « Great
Northern Railway » et par Vincent Astor, l’arrière-petit-fils de John
Jacob Astor, le second fils du milliardaire Astor mort sur le navire Titanic.
La fortune des Astor, venus d’Allemagne, est issue de la finance, de
l’immobilier et du marché de la fourrure. Les peintures murales de la colonne dévoilent
quatorze tableaux d’événements importants de l'histoire naissante de
l'Oregon ; la venue du capitaine Robert Gray et celle des expéditeurs
Lewis & Clark y figurent. Après cette découverte sur la colline chahutée
par un vent froid, pour aller déjeuner dans le centre-ville, nous garons la
voiture à l’angle de Franklin avenue et de la quatorzième rue, proche d’une
maison altière en bois vert tilleul, au porche magistral magnifiquement ouvragé
né dans un audacieux prolongement de la toiture et soutenu par deux colonnes
rainurées en marbre blanc. Le superbe ancien hôtel Astor, transformé en
appartements, à la silhouette élancée blanche et anthracite, coiffé de
multiples pointes dirigées vers le ciel, est photographié un peu plus bas.
Divers maisons et édifices sont pris en photo comme le « Liberty
Theatre » à la ravissante façade d’angle. Nous déjeunons sur Commercial
Street dans l’attachant restaurant « T-Paul’s Urban Cafe » à la
décoration originale et personnalisée. Contre la vitrine, visible à l’intérieur
et à l’extérieur, un panneau au fond bleu clair se dévoile avec les noms des
victimes de la tuerie dans le dancing gay à Orlando. Nous sommes accueillis
chaleureusement par Kendall, une grande jeune femme à la chevelure blonde et
aux yeux bleus. Elle est à nos petits soins durant le service. Nous savourons
des « Quesadillas » végétariens au cheddar. Une part de gâteau au
chocolat fait maison, servie avec de la crème glacée vanille Tillamook, est
dégustée. Du thé accompagne le repas. Des photos de la déco sont prises dont
un pied fixé au plafond en damiers noir et blanc, des masques vénitiens et un
piano droit rouge. L’ambiance est empreinte de chaleur humaine à la fois très
attentive et délibérément décontractée. Les minutes défilent dans le bien-être
et la bonne humeur. Un généreux pourboire est donné à Kendall qui s’est
intéressée spontanément à nous et à notre voyage. Après le repas nous
découvrons des lieux du centre-ville vantés sur Internet. La maison victorienne
« Flavel » à l’angle de la huitième rue et Duane street, construite
au début des années 1880 par le
capitaine George Flavel, d’origine irlandaise, dévoile son élégance surannée. A
sa mort en 1893, il laisse à son épouse Mary l'une des plus grandes fortunes de
l'Oregon. Mary et ses deux filles Nellie et Katie, firent de nombreux voyages
autour du monde en séjournant dans les plus grands palaces. La maitrise de l’allemand,
du français et de l’espagnol par les deux jeunes filles facilita grandement
leurs voyages en Europe. A côté de la propriété Flavel, sur la balustrade d’une
maison, au-dessus du garage, des drapeaux gays témoignent de la solidarité pour
les victimes de la tuerie à Orlando. Plus loin l’attrayant et récent jardin
créatif « Garden of Surging Waves », « Le Jardin des vagues
déferlantes », situé devant l’hôtel de ville, en devenir créatif, remercie
la communauté chinoise de la ville. Le jardin respire un charme fou et intime.
Patrick me prend en photo sur une fresque ronde en mosaïque d’une féérie
aquatique, aux nuances de bleu, de turquoise et de vert. Sur la seizième rue à
l’angle d’Exchange street, la bâtisse centenaire de caractère en bois jaune et
blanc de l’ancienne mairie, abritant aujourd’hui le musée
« Heritage », est photographiée. Nous retournons en flânant à la
voiture pour nous rendre à l’étape du jour. D’autres photos sont prises dont
une charmante et imposante bâtisse en bois, fatiguée par les années, au lambris
détérioré par les éléments et à l’histoire mystérieuse. Un panneau
« Propriété privée » veut tenir à l’écart les Tom Sawyer et autres Huckleberry
Finn des alentours, susceptibles de chercher un trésor à l’intérieur. Vers
quinze heures nous quittons la ville d’Astoria aux multiples visages. Nous
roulons sur la route 30 en direction de la ville de Portland, l’étape du soir.
Nous effectuons une pause au Starbucks de St Helens sur Gable Street. Pour la
petite histoire, l’acteur Clark Gable débuta sa carrière d’acteur en 1922 dans
la ville d’Astoria. Nous sirotons les boissons au soleil, l’oreille baignée des
chants d’oiseaux. Un vent tiède souffle et s’amuse à décoiffer un arbre du
petit ensemble paysagé alentour. Nous atteignons le motel Rodeway Inn à
Portland après dix-sept heures. Une portion d’autoroute très fréquentée, que
nous empruntons, voit ses bretelles d’accès contrôlées par des feux rouges. Une
seule voiture passe à chaque feu vert. La ville est la plus peuplée de l’Oregon,
avec plus de deux millions d’habitants. Au motel, la chambre 126 nous est
attribuée par une jeune femme, à l’ample chevelure brune, originaire du pays de
Gandhi. La fin de journée et la soirée se déroulent agréablement dans la plus
grande ville de l'Oregon, surnommée « La Cité des Roses » grâce à de nombreux
jardins favorisés par le climat océanique de la région…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire