Le
petit-déjeuner se déroule dans la chambre ; aucune table n’est prévue
devant la réception pour la collation matinale. Un charmant vieux monsieur se
débrouille comme il le peut avec le grille-pain au fonctionnement d’un autre
âge. Le blog est actualisé. Un peu avant dix heures nous quittons le motel
Rodeway Inn. Nous effectuons quelques courses au supermarché Safeway sur la rue
Broadway qui traverse une grande partie de la ville de Portland. A la caisse,
Elizabeth, une dame charmante et enjouée, me rappelle une amie réunionnaise. À
l’issue de quelques mots de français à son attention, contre toute attente,
elle nous offre une carte « Safeway Club » qui nous confère une
remise permanente d’environ dix pour cent ; être français au pays de
l’oncle Sam offre parfois des avantages surprenants. Nous laissons la voiture
au parking du supermarché et nous marchons quelques minutes sur Broadway pour
joindre la chocolaterie « Creo Chocolate » située au numéro 122. Nous
avons rendez-vous à onze heures pour une visite guidée. Rachel nous accueille
et nous prépare des boissons chaudes en attendant la visite. Le terminal de
paiement Apple est très avant-gardiste ; le règlement avec le téléphone
portable est signalé. Patrick sirote un café Mocha préparé avec du cacao Creo
et je teste la saveur d’un « Brewed cacao », un cacao torréfié sur
place. Le goût est amer et corsé à la fois. Je prends des photos de la
« Factory », de la fabrique, avant la visite guidée par Kevin, le
fils de Tim et Janet Straub, les fondateurs de la chocolaterie. Les fèves de
cacao viennent de la ferme en « Ecuador » de Sam et Anna. Lors de ses
différentes visites en Equateur, une
rumeur rêveuse raconte que la famille Straub rencontra fortuitement Willy Wonka
lors de sa rencontre avec le peuple de petite taille « Oompa Loompas »…
Kevin développe et argumente le procédé de fabrication du chocolat ; le
fonctionnement de différents appareils spécifiques est expliqué. Une
dégustation de chocolat liquide, composé de crème et de quarante pour cent de
cacao, se déroule devant un dispositif qui brasse le mélange pour parfaire son
onctuosité. Une cuillère individuelle, trempée sous le robinet déversant le
chocolat liquide dans le bac circulaire qui le brasse continuellement, est
offerte à chacun des visiteurs. Les papilles apprécient la délicate saveur.
Avant de quitter la chocolaterie, nous achetons une plaque de chocolat noir à quatre-vingt-cinq
pour cent de cacao. Nous retournons tranquillement à la voiture dans le dessein
d’aller déjeuner dans un restaurant végétarien proposé par Rachel. En chemin sur
Broadway, au numéro 822, nous passons devant le restaurant animé « Frank’s
Noodle House ». Les convives entrent et sortent régulièrement ; une
table est encore disponible en terrasse. Nous décidons de tester la saveur de
ces nouilles faites maison. Nous optons pour des nouilles sautées végétariennes
préparées avec du chou rouge râpé, du poivron vert, de l'oignon et du céleri. Après
un excellent repas, nous nous rendons dans le vaste parc Washington situé à une
dizaine de kilomètres du restaurant ; Portland est une ville très étendue.
Nous traversons à nouveau le pont Fremont qui enjambe la rivière Willamette, un
affluent de la rivière Columbia. Le parc, épanoui sur un ensemble de collines,
abrite notamment un zoo, un arboretum, un jardin de roses et un jardin japonais.
Notre objectif est le jardin japonais, vanté lors de la découverte de celui de
Rockford. Alisa nous accueille à la caisse ; l’entrée revient à neuf dollars
cinquante par personnes. Des travaux sont en cours pour adjoindre un village au
site. Contre toute attente, le jardin japonais est privé de la splendeur imaginaire
louangée par Linda au jardin japonais Anderson à Rockford dans l’Illinois. Il s’avère
être toutefois un havre de paix dans une végétation luxuriante entourée de
grands arbres dont les feuillages abondants limitent la pénétration de la
lumière et des rayons solaires. Je me sens bien. Le manque de luminosité freine
la prise de photos. Je salue tour à tour Peggy et Carol, deux employées du
jardin. Le mont Hood, dans la chaîne des Cascades, coiffé de neige éternelle,
culmine à trois mille cinq cents mètres à l’horizon. Distant de quelques cent
kilomètres de Portland, il est nettement visible depuis le jardin japonais. Connor,
un jeune homme brun grand comme moi, nous salue à la sortie. Après la visite,
nous décidons d’arpenter le jardin des roses. Le soleil darde de brûlants
rayons et le ciel est grand bleu. Un amphithéâtre de verdure est présent sur le
site. Les quinze heures passent et nous décidons cette fois d’aller découvrir le
manoir en pierre d’Henry et Georgiana Pittock construit au début du vingtième
siècle sur une colline dominant la ville, à environ deux miles du parc
Washington. Henry Pittock fit fortune dans le domaine de la presse, de
l’exploitation du bois et de la production de papier. Nous visitons le petit parc
attenant au manoir et des vues des alentours sont prises. Il y a une centaine d’années,
les arbres étaient plus petits et plus clairsemés ; la ville en contrebas
était probablement juste un village. La forte chaleur nous invite à aller nous
désaltérer. Le GPS nous propose un Barnes & Noble situé à environ cinq
miles. Il nous faut une quarantaine de minutes pour parcourir le trajet. Le
libraire est situé dans un centre commercial ; la voiture est garée dans
le parking couvert réparti sur plusieurs niveaux. Au coffee, nous sommes
accueillis par la jeune Allison. Cafés Mochas, tartelette aux pommes et cupcake
blackout au chocolat sont savourés. Un farniente de lecture est remis à une
autre fois. Il nous faut reprendre la route pour joindre l’étape du soir. Pour
sortir de Portland, il une heure est nécessaire pour parcourir une quinzaine de
miles. Nous traversons le pont « Glenn L. Jackson Memorial Bridge »
un peu avant dix-huit heures. Sur le pont un panneau de l’Oregon remercie chaque
conducteur et invite à revenir. Nous suivons la route quatorze dans l’état de
Washington. La route longe la rivière Columbia tout en suivant les sinuosités
du cours d’eau. Une vingtaine de miles plus loin, nous effectuons un arrêt à « Cape
Horn », un point d’observation élevé qui offre une vue à couper le souffle
sur la rivière bordée de falaises et de montagnes. Avant d’arriver à
destination, nous passons devant le barrage de Bonneville, installé sur la
rivière à une dizaine de miles de Stevenson, le village où se situe le Rodeway
Inn. Un train de marchandises tiré par deux locomotives orange est dépassé. Nous
arrivons un peu avant dix-neuf heures. Le motel est positionné devant la
rivière Columbia où une voie de chemin de fer suit la berge. La chambre 114
nous est attribuée. Une première soirée dans l’état de Washington s’offre à
nous. Durant la soirée plusieurs trains de marchandises aux innombrables wagons
circulent devant le motel en se balançant allègrement sur les rails…
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