A l’issue des
rites matinaux, nous prenons le petit-déjeuner dans la chambre. Depuis la
fenêtre nous apercevons la statue d’un fier personnage muni d’une lunette dans la main
gauche, coiffé d’un chapeau tricorne, un bandeau sur son œil gauche perdu lors
de la guerre pour l’indépendance. Il s’agit de Robert Gray, un capitaine de
marine marchande et un explorateur américain, né en 1755. Son bateau fut le
premier à faire trois fois le tour du monde dès 1790. Il fut le premier à
naviguer sur la côte pacifique et le premier à entrer dans le fleuve Columbia
par son estuaire qui donne sur l’océan Pacifique. Il nomma le fleuve d'après
une partie du nom de son navire, le « Columbia Rediviva ». La
première navette spatiale américaine fut nommée « Columbia » en
l’honneur de cet homme, le premier à faire le tour du monde avec la bannière
des Etats-Unis flottant au pavillon de poupe de son navire ; le drapeau
américain des États-Unis
fut adopté pour la première fois le 14 juin 1777, moins d’un an après la
Déclaration d’indépendance. Grâce à ses nombreux voyages sur la côte Pacifique
du nord-ouest des futurs États-Unis, Robert fut un pionnier du commerce de la
fourrure… Un peu avant dix heures nous entendons siffler le train où nous
sommes montés à bord hier ; il roule pour de nouvelles aventures. Nous
partons de l’Econo Lodge et, avant de quitter le village de Garibaldi, nous
passons à la Poste pour offrir à Judy, en remerciement de ses attentions hier à
notre égard, le livre en anglais « Les 4 accords Toltèques » de
Miguel Ruiz acheté chez le libraire « Mitzi’s Books » à Rapid City dans le Dakota
du Sud. Elle est émue et enchantée… Nous roulons vers la bourgade de Tillamook
dans le dessein de visiter la fabrique de fromage « Tillamook
Cheese » et de déjeuner sur place. Au regard du million de visiteurs chaque
année, l’organisation est parfaite, comme savent le faire si bien les
américains. Nous accédons à la galerie d’observation au premier étage pour
découvrir au travers de vitrage la chaîne de fabrication du fromage Cheddar en
fonctionnement au niveau inférieur. Des totems dévoilent des informations
historiques illustrées de photos variées. Nous prenons des photos de la chaîne
et des personnes qui s’activent calmement sur son passage. L’ambiance semble
détendue et des bavardages se passent tout en travaillant. Je suis
impressionné. Les divers chiffres annoncés, dont ceux de la production, sont
conséquents ; une réussite collective des hommes et des femmes œuvrant
dans les quelques cent fermes de l’association. Après la visite visuelle, nous
allons déjeuner au café de la fromagerie. A un endroit donné, les visiteurs
sont conviés à tester la saveur de divers fromages Cheddar d’âges différents.
Nous découvrons quelques saveurs en piquant quelques cubes avec un bâtonnet
pointu en bois. En mars 2010, le « Medium Cheddar », a remporté,
devant une soixantaine de participants, la médaille d'or du « 2010 World Championship Cheese
Contest » organisé par la « Wisconsin Cheese Makers
Association » à Madison dans l’état du Wisconsin ; une photo de
l’emballage de ce produit est publié sur le blog. Au café animé les tables
libres sont rares. Yanixa, une jeune fille brune, prend la commande. Elle nous
donne un petit drapeau avec le numéro sept. Les mets seront directement
apportés sur la table. Nous savourons des croque-monsieur au cheddar fondant et
coulant servis avec un velouté de tomate ; un délice. Nous décidons
ensuite de tester de la crème glacée, une spécialité renommée. Patrick opte
pour les crèmes « Banana Split » et « Oregon Dark
Cherry » ; cherry voulant dire cerise. Je choisis de tester la
vanille crémeuse et le chocolat intense. Claire prend la commande et Samantha
prépare les deux coupes en carton. Nos papilles sont enchantées de ces saveurs
inégalées. A la sortie du café, je prends en photo des enfants dans le poste de
conduite de la camionnette orange « Tillamook Baby Loaf » sortant du
mur. Avant de quitter ce lieu d’étonnement et de découverte, nous visitons le
magasin de souvenirs. Nous effectuons quelques courses chez Fred Meyer sur Main
Street. Le visage souriant de Patty se dévoile à la caisse. Nous décidons de
siroter un café Mocha dans le Starbucks présent dans le grand magasin. La
volubile Susanne prépare les boissons. Demain est son « day off »,
son jour de congé, et cela l’enchante. Nous savourons les cafés sur de
confortables banquettes deux places en tissu aux nuances de marron. Nous
reprenons ensuite la route 101 pour joindre l’étape du soir. Nous traversons à
nouveau le village de Garibaldi et, à la sortie, une superbe maison demande à
être photographiée. Nous stoppons la voiture et je retourne en arrière à pieds
sur le bord de la route pour la satisfaire. Un magnifique belvédère trône sur
la maison en bois blanc, construite sur trois niveaux, flanquée d’un balcon sur
un porche à colonnade. La toiture rouge est pourvue de trois jacobines et les
volets à persiennes sont gris vert. Durant la séance de photos, Patrick gare la
Chevrolet en face de la demeure mystérieuse, au pied du panneau
« Garibaldi Avenue ». La façade donne sur la baie de Tillamook. Nous
reprenons la route juste pour quelques instants. Nous nous arrêtons à nouveau
un peu plus loin car nous retrouvons les gros rochers qui émergent de l’eau à
côté des rails du chemin de fer. Des photos sont prises. J’en profite pour
photographier une maison originale construite sur la colline en face de l’eau dont
la terrasse est soutenue par de longs poteaux marron foncé en bois plantés dans
le sol rocailleux incliné. Il est bientôt quinze heures et le train historique
va quitter Rockaway Beach dans quelques minutes. Nous arrivons dans le centre
du village balnéaire à quinze heures piles quand le train démarre. Nous garons
la voiture à la hâte et je parviens à photographier la locomotive de profile
dont la vapeur blanche s’élève dans le ciel bleu. De son côté Patrick prend un
cliché de la tête depuis le centre des rails. Une quinzaine de minutes plus
tard, je prends en photo un panneau au bord de la route 101 qui indique que la
ville d’Astoria est distante de quarante-trois miles. En face, la nature offre,
sur fond de ciel bleu orné de brume, une végétation luxuriante au premier plan
et, au second plan, des collines rocailleuses et d’autres couvertes de forêts
de sapins. La route grimpe fortement avec quelques lacets. C’est l’opportunité
d’un autre arrêt pour photographier la côte océanique parcourue. Un magnifique
panorama s’offre au regard. Des couches successives de vagues écumeuses
glissent vers le littoral où les plages de sable fin s’étirent pour les
accueillir. La route traverse ensuite le parc « Oswald West State
Park » niché sur les falaises. La route redescend et nous apercevons le
panneau « Hug Point ». Nous suivons la flèche et nous garons la
voiture sur une route d’accès inclinée. Au bas des galets, des plages de sable
beige se succèdent dans plusieurs criques caverneuses. Nous longeons trois
d’entre elles. Je marche pieds nus dans le sable. Les rouleaux des vagues
discrètes et mélodieuses s’échouent sur le sable. L’océan et le ciel sont parés
de nuances de gris. Dans la dernière crique, des maisons construites à flanc de
collines manifestent leur présence. J’en photographie une en bois gris taupe pourvue
en façade de vitrages en triangle. Nous revenons sur nos pas et nous reprenons
la route. Vers dix-sept heures nous arrivons à Astoria, une petite ville
située à l’embranchement de la
rivière Columbia. Nous traversons un pont qui enjambe la baie de Youngs. En
face nous voyons nettement le pont « Astoria Megler Bridge » qui
traverse l’estuaire de la rivière Columbia pour joindre l’état de Washington.
Les deux faces du panneau de bienvenue à Astoria sont photographiées ainsi
qu’une magnifique sculpture en bois représentant un géant indien qui murmure.
Au Comfort Suites sur Leif Erickson Drive, une jeune femme brune nous attribue
la suite 305, offerte par les points Choice accumulés lors de ce road trip et
du précèdent. Un feu brûle dans la cheminée présente dans le hall d’accueil.
Devant la fenêtre de la suite qui donne sur l’estuaire Columbia, un peu avant
dix-huit heures, un train caractéristique passe, il s’agit de « l’Astoria
Riverfront Trolley ». Une autre soirée dans l’Oregon se déroule au bord de
l’eau…
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