A l’issue des
rites matinaux, nous nous installons dans le bow-window au bord de la
promenade. Oléagineux, graines, banane et smoothie banane cassis coupé d’eau
chaude sont savourés pour le petit-déjeuner. La narration de la journée d’hier
est transcrite sur le chronojournal. Dans l’alcôve vitrée, les trois tables
voisines prévues pour deux personnes reçoivent régulièrement de nouveaux
convives durant le temps d’écriture. Les bruits de fond des serveurs qui
débarrassent les tables couvrent parfois les bavardages. Les neuf heures
quarante-cinq passent en fin d’ouvrage… Nous allons marcher sur la promenade du
pont sept. Un exercice de sauvetage pour l’équipage entraine provisoirement la
fermeture du pont aux passagers. Nous continuons la marche sur le pont douze
fortement chahuté par le vent froid du nord. De face nous luttons pour avancer
et de dos nous sommes vigoureusement poussés par le souffle effréné d’Eole. La
matinée se poursuit en lecture dans l’oriel favorite du pont sept. Midi
approche et nous déjeunons. Gratin dauphinois, gratin de chou-fleur et crêpe
fourrée aux épinards composent le plat principal. Fromage et boule de pain aux
graines terminent le repas. Une sieste est appréciée. A quatorze heures quinze,
après un temps de farniente assis sur des cabriolets pivotants dans la coursive
inclinée devant le théâtre Illuminations, le regard perdu dans les flots de l’océan,
nous participons dans la partie réservée au planétarium à un voyage cosmique
intitulé « Etoiles sur l’Atlantique ». Après une grandiose virée dans
divers univers de la Voie Lactée, nous revenons à bord. L’après-midi, ponctuée
de pauses boissons chaudes, se déroule en lecture dans l’alcôve préférée au
pont sept… A dix-neuf heures, nous dînons au buffet. Velouté tomate et poivron
rouge, agrémenté de riz à la seconde tasse, topinambour gratiné, fromage,
oléagineux, bâtonnets de carotte et de céleri dévoilent leur saveur. Une
escapade en Italie est annoncée à huit heures quarante-cinq au Royal Court
Theatre. Les costumes de gala sont de mises pour cette seconde soirée formelle.
Élégants tels des princes, nous nous rendons au théâtre. Nous croisons de nombreux
couples dont les maris ressemblent à des pingouins. Seules les femmes ont la
possibilité de laisser s’exprimer leur création et leur fantaisie
vestimentaires. Assise à la droite de Patrick une dame nous adresse la parole.
Après un compliment sur ma jaquette en soie, elle enchaine d’autres propos. Son
mari intervient de temps à autre. En évoquant notre prochain passage au Mont
Rushmore, il précise avec l’humour anglais que, par manque de budget, seules
les têtes des présidents furent sculptées dans la roche. Le couple habite à
Oxford au Royaume-Uni. Il a vécu un tour du monde sur un navire de la Cunard.
La dame parle du prochain référendum du 23 juin où le peuple sera consulté pour
le maintien ou non du royaume dans l’Europe. Incertaine sur les conséquences du
retrait, elle semble vouloir pourtant opter pour celui-ci. L’intensité de
lumière diminue et le spectacle « Viva Italia » commence. Les
artistes costumés entrent en scène. Des personnages de la Comédie de l’Arte,
hauts en couleurs, évoluent avec fougue et entrain. Les danseurs et les
chanteurs de la troupe du navire arrivent des coulisses depuis les deux balcons
à colonnade d’un patio qui occupe tout le fond de scène. Les multiples
déguisements animés se succèdent en chansons. A un moment donné, une dizaine de
Joconde masculine et féminine, tout de noir vêtu, portant tableau doré ajouré
pour encadrer les visages au sourire contenu, fait théâtralement son entrée.
Les gambettes sont vite dénudées et les cadres retirés pour pirouetter sur les
planches. La bonne humeur coule à flot au rythme endiablé des protagonistes
manifestement comblés d’exprimer leur talent au travers des nombreux costumes
et tableaux créés pour la circonstance. Les minutes s’écoulent agréablement. A
l’issue du spectacle, nous rejoignons Morphée pour la nuit. Un autre recul
temporel d’une heure durant la nuit portera à quatre heures le décalage avec la
France…
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