jeudi 12 mai 2016

Clin d’œil de Leonard de Vinci sur le navire…

A l’issue des rites matinaux, nous nous installons dans le bow-window au bord de la promenade. Oléagineux, graines, banane et smoothie banane cassis coupé d’eau chaude sont savourés pour le petit-déjeuner. La narration de la journée d’hier est transcrite sur le chronojournal. Dans l’alcôve vitrée, les trois tables voisines prévues pour deux personnes reçoivent régulièrement de nouveaux convives durant le temps d’écriture. Les bruits de fond des serveurs qui débarrassent les tables couvrent parfois les bavardages. Les neuf heures quarante-cinq passent en fin d’ouvrage… Nous allons marcher sur la promenade du pont sept. Un exercice de sauvetage pour l’équipage entraine provisoirement la fermeture du pont aux passagers. Nous continuons la marche sur le pont douze fortement chahuté par le vent froid du nord. De face nous luttons pour avancer et de dos nous sommes vigoureusement poussés par le souffle effréné d’Eole. La matinée se poursuit en lecture dans l’oriel favorite du pont sept. Midi approche et nous déjeunons. Gratin dauphinois, gratin de chou-fleur et crêpe fourrée aux épinards composent le plat principal. Fromage et boule de pain aux graines terminent le repas. Une sieste est appréciée. A quatorze heures quinze, après un temps de farniente assis sur des cabriolets pivotants dans la coursive inclinée devant le théâtre Illuminations, le regard perdu dans les flots de l’océan, nous participons dans la partie réservée au planétarium à un voyage cosmique intitulé « Etoiles sur l’Atlantique ». Après une grandiose virée dans divers univers de la Voie Lactée, nous revenons à bord. L’après-midi, ponctuée de pauses boissons chaudes, se déroule en lecture dans l’alcôve préférée au pont sept… A dix-neuf heures, nous dînons au buffet. Velouté tomate et poivron rouge, agrémenté de riz à la seconde tasse, topinambour gratiné, fromage, oléagineux, bâtonnets de carotte et de céleri dévoilent leur saveur. Une escapade en Italie est annoncée à huit heures quarante-cinq au Royal Court Theatre. Les costumes de gala sont de mises pour cette seconde soirée formelle. Élégants tels des princes, nous nous rendons au théâtre. Nous croisons de nombreux couples dont les maris ressemblent à des pingouins. Seules les femmes ont la possibilité de laisser s’exprimer leur création et leur fantaisie vestimentaires. Assise à la droite de Patrick une dame nous adresse la parole. Après un compliment sur ma jaquette en soie, elle enchaine d’autres propos. Son mari intervient de temps à autre. En évoquant notre prochain passage au Mont Rushmore, il précise avec l’humour anglais que, par manque de budget, seules les têtes des présidents furent sculptées dans la roche. Le couple habite à Oxford au Royaume-Uni. Il a vécu un tour du monde sur un navire de la Cunard. La dame parle du prochain référendum du 23 juin où le peuple sera consulté pour le maintien ou non du royaume dans l’Europe. Incertaine sur les conséquences du retrait, elle semble vouloir pourtant opter pour celui-ci. L’intensité de lumière diminue et le spectacle « Viva Italia » commence. Les artistes costumés entrent en scène. Des personnages de la Comédie de l’Arte, hauts en couleurs, évoluent avec fougue et entrain. Les danseurs et les chanteurs de la troupe du navire arrivent des coulisses depuis les deux balcons à colonnade d’un patio qui occupe tout le fond de scène. Les multiples déguisements animés se succèdent en chansons. A un moment donné, une dizaine de Joconde masculine et féminine, tout de noir vêtu, portant tableau doré ajouré pour encadrer les visages au sourire contenu, fait théâtralement son entrée. Les gambettes sont vite dénudées et les cadres retirés pour pirouetter sur les planches. La bonne humeur coule à flot au rythme endiablé des protagonistes manifestement comblés d’exprimer leur talent au travers des nombreux costumes et tableaux créés pour la circonstance. Les minutes s’écoulent agréablement. A l’issue du spectacle, nous rejoignons Morphée pour la nuit. Un autre recul temporel d’une heure durant la nuit portera à quatre heures le décalage avec la France…


 

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