Les huit
heures approchent quand nous descendons prendre le petit-déjeuner. Jason et
Dick, deux gars au physique de camionneur, entrent dans l’ascenseur au niveau
de la réception. Ils s’échangent leur prénom d’une voix grave. Nous entrons
tous les quatre dans la salle de la collation matinale. Les deux télévisions,
en vis-à-vis sur deux murs opposés, diffusent continuellement un flot d’images
où tout semble se succéder pêle-mêle : informations, publicités, jeu
télévision, annonces de films …et j’en passe. Patrick repère « au passage »
que le remake du film « Le Roi et moi », tourné à l’époque avec Yul
Brunner, est à l’affiche. La matinée s’envole avec l’actualisation du blog. La
narration s’étoffe grâce à la mémoire et la sélection des photos à publier, à
choisir parmi quelques deux cents clichés pris hier, demande dextérité et appréciation.
Après onze heures nous marchons en direction de la troisième rue. Le ciel est
grand bleu, le soleil brille ardemment et la température est déjà élevée. Sur
la voie résidentielle « 4 PL », nous remarquons que la rénovation de
la façade du bâtiment en réfection est pratiquement terminée. Le résultat est
flatteur comme l’atteste la photo publiée. En face du supermarché organic, une
ancienne fabrique, à l’imposante structure de caractère, traverse vaillamment
le temps alors que ses locaux en briques rouges sont déserts. Sur la façade
principale, on peut lire sur le sommet de la toiture plate les mots «
Frisk Hands Off The Kids ». Nous rêvons un instant de participer à sa
remise en état pour lui offrir un nouveau départ pour une nouvelle vie. Midi
est passé quand nous déjeunons à la terrasse supérieure du Whole Foods Market.
Les mets sélectionnés sont toujours aussi savoureux. Nous passons d’agréables
instants d’été au printemps avec la forte chaleur. Après le repas, je prends
une dernière photo du supermarché avec les serres sur la toiture. Nous marchons
ensuite en direction d’Union Street. Sur la rue, la salle d’attente d’un
garagiste est située sur le trottoir. Fauteuils et chaises confortables sont occupés
par la clientèle. Une décontraction toute américaine… A l’angle avec la
quatrième avenue, nous entrons dans une bouche de métro vers treize heures
trente. Tour à tour, une rame de la ligne « R » et de la ligne « A »
sont empruntées. Après un changement à Jay Street, nous sommes déposés une
trentaine de minutes plus tard à la station High Street, la plus proche de l’entrée
du pont de Brooklyn. Nous patientons avant le rendez-vous de quinze heures avec
Ron en nous baladant dans le parc Walt Whitman et dans le parc Cadman. Des
enfants s’amusent, courent, dansent, nourrissent les pigeons, se promènent,
jouent avec des petits jets d’eau dans la chorégraphie de l’instant présent. Nous
rejoignons le point de rendez-vous. Vers quinze heures trente, en compagnie de
Ron, nous foulons la voie pédestre qui traverse le pont de Brooklyn. Une partie
du passage aérien du pont suspendu est réservée aux cyclistes. Nous
immortalisons cet instant avec des photos. Nous avançons lentement pour
profiter du paysage et de la magnifique structure du pont bâti en pierre sur
une durée de quatorze années dans la seconde partie du dix-huitième siècle. Une
superbe photo dévoile en perspective l’Empire State Building entre les grandioses
pylônes du pont de Manhattan, à la construction métallique du siècle dernier. Le
trafic des piétons est tout aussi dense que celui des vélos. L’avancée se fait
au pas. Par endroits les lames du tablier ont été remplacées par du bois de
cèdre imputrescible. Quelques bancs et des comptoirs ponctuent la traversée. Un
vent tiède caresse agréablement le visage au-dessus d’East River qui coule à
quelques quarante mètres sous nos pas. Pour la petite histoire, en mai 1884, suite
à un court vent de panique lors de l’inauguration du pont, qui couta la vie à
plusieurs personnes, Phineas Taylor Barnum, tout en faisant de la publicité pour
son célèbre cirque, démontra la fiabilité du pont en y faisant défiler les vingt-et-un
éléphants de sa ménagerie… A la sortie du pont, une bonne heure plus tard, nous
aboutissons à Manhattan au niveau de l’Hôtel de ville. Nous allons nous
détendre autour d’une boisson chaude pour bavarder avec Ron au « Blue Spoon
Coffee Co. » sur Chambers Street. Un peu avant dix-huit heures, nous quittons
Ron après les traditionnels « hugs », les étreintes entre amis. Nous
retournons à Brooklyn par les lignes « R » et « F ». Les
rames sont espacées à la station de départ de City Hall et nous patientons une
dizaine de minutes avant l’arrivée d’un train. Le convoi est vétuste et de
brusques secousses se produisent à chaque arrêt. Nous sortons à la station
Carroll. Nous marchons sur le chemin du retour que nous connaissons par cœur.
En arrivant devant le Comfort Inn, un très long camion rouge de pompiers est
stationné sur la chaussée devant l’hôtel. L’ascenseur est en arrêt et dans la
montée par les escaliers nous croisons quelques pompiers. La réceptionniste
nous a informés d’un problème au second niveau. Nous dînons dans la chambre
sans trop savoir la cause de cette intervention spectaculaire des hommes du
feu. Après le repas, j’écris la narration de la journée. Le courant est coupé
par moment et la connexion Internet absente. Tout rentre dans l’ordre vers
vingt-et-une heure trente …et la narration est publiée sur le blog. Les photos
seront insérées ultérieurement…
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