Les rites
matinaux précèdent le petit-déjeuner dans le bow-window au bord de la promenade
du pont sept. Oléagineux, graines, fruits secs dont de la banane séchée, thé
Red Bush et banane sont savourés. La narration de la journée d’hier est confiée
au chronojournal. Les neuf heures quarante passent… Une marche en boucle sur la
promenade s’effectue avec Eole comme continuel et vigoureux compagnon.
L’attention est de mise pour rester à bord tant son souffle puissant est
déstabilisant. Après une trentaine de minutes à parcourir les lames en bois du
pont soumises journellement au lavage et aux pluies, nous retournons dans le
cocon du bow-window pour un temps de lecture. Je continue les aventures des
divers protagonistes des royaumes illuminés. A midi, l’heure du déjeuner est
ponctuée par les informations coutumières du commandant. Une sélection de mets
est effectuée au buffet. Velouté de chou-fleur, riz aux champignons, chou vert
en sauce sont savourés. Un petit cube de forêt noire termine le repas. Une
sieste s’offre à nous dans la cabine. La magie de la lecture agrémente le début
d’après-midi. A quinze heures trente nous sommes présents au « Queens
Room » pour le thé de l’après-midi. La salle se remplit à la volée à
l’image d’une nuée d’oiseaux de proie se dirigeant sur son butin. Les tables
autour de la piste centrale de danse sont prises d’assaut. Nous nous installons
sur des cabriolets en tapisserie dans le proche sillage de la harpiste Fiona
McGee venue animer la traditionnelle cérémonie. Une brigade de serveurs, en
livrée et gants blancs, papillonne autour des convives. Certains sont munis de théières
remplies de thé Earl Grey, d’autres de plateaux d’argent garnis de douceurs
salées ou sucrées. L’apothéose du cérémonial est la valse des plateaux de
scones servis avec une coupelle de volute de crème battue. J’opte pour un thé
rouge Red Bush. La vaste salle est pleine. Un silence relatif favorisé par la
dégustation offre aux sonorités cristallines de la harpe de remplir l’espace
dédié à la gourmandise. Deux lustres sphériques centraux en strass, illuminés
de mille feux, participent à l’opulente décoration architecturale, riche de
divers tableaux des reines du Royaume-Uni. Derrière moi une jeune fille à la
longue chevelure brune, le visage laiteux aux traits fins encadré par des
lunettes aux larges montures, est accompagnée d’un grand, svelte et fringant
aïeul au cheveu blanc ; un possible grand-père… Des convives se retirent
progressivement comme s’ils avaient oublié la présence de la harpiste. Les
serveurs débarrassent les petites tables avec lenteur et méthode. Les seize
heures trente passent. A la fin de la prestation de la musicienne, nous
retournons à la cabine pour des ablutions à la demande de la dentition baignée
de sucre. La lecture dans le quiet bow-window du pont sept agrémente le restant
de l’après-midi. Le dîner se déroule au buffet attenant à l’espace de détente.
Filip, le sympathique serveur attitré au comptoir du fromage à la carte, me
demande ce soir de lui traduire comment complimenter en français une femme
élégante ; je lui propose les mots « Vous êtes toute en beauté. ».
Ravi de cette traduction, il me propose la découverte d’un fromage américain.
Je savoure, avec du fromage de chèvre frais, des petits-pois en sauce cuisinés
avec de petits oignons blancs. Un velouté de cèleri et un rouleau de printemps
végétarien complètent le délicieux repas. La soirée nous offre un temps de
détente en amoureux sur un canapé deux places au Winter Garden avant de nous
dévoiler après vingt heures trente au Royal Court Theatre le one-man show de
Mike Doyle, un artiste aux multiples talents. Chanteur, comédien, comique,
musicien, présentateur de télévision et de radio, riche d’une trentaine
d’années d’expérience, il anime le spectacle avec brio. Enjoué, souriant,
tonique et facétieux, il dévoile son inénarrable talent verbal continuellement
ponctué des rires des spectateurs. Le visage de Patrick s’illumine
régulièrement de sourires et de rires. La prestation très appréciée dépasse les
horaires habituels des spectacles donnés au théâtre et nous sommes de retour à
la cabine vers vingt-deux heures. Morphée nous accueille après les bouillants
éclats de rires des passagers…
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