mardi 17 mai 2016

Le navire QM2 accoste au port de Brooklyn à New York…

Nous sortons du pays des songes à cinq heures trente. Les rites matinaux laissent place au petit-déjeuner. La majorité des tables du pont sept sont occupées. Celle dans le bow-window à tribord se libère et nous prenons place en bordure de la promenade. Sur la droite l’île de Manhattan se dévoile. Sur la gauche, à distance, la statue de la liberté dresse sa légendaire silhouette. Des passagers sont accoudés aux rambardes, tout en sirotant une boisson chaude pour certains. Des regards embrassent l’horizon alentours et pour certains voyageurs c’est leur première fois à New York. Des couples prennent des photos et se font immortaliser devant l’œuvre de Bartholdi. Nous savourons les mets sélectionnés au buffet. Je me fais plaisir avec deux croissants au beurre que je trempe dans un mug de chocolat chaud. Nous libérons la cabine pour Dennis qui va la préparer pour les prochains voyageurs ; le navire repart pour l’Europe dans la soirée. Vers huit heures trente nous écoutons les messages sur le téléphone portable. Un message de Ginette du jeudi 12 mai nous annonce la mort de Jean dont la sépulture a eu lieu le vendredi 13. Jean fut un des vice-présidents, très efficace et très apprécié, de l’association Stop à la détresse morale que j’ai présidé pendant une vingtaine d’années. Nous partageâmes de bien beaux épisodes de vie associative riches d’amitié. La narration de la journée d’hier est amarrée sur le chronojournal. Patrick prend des photos depuis le navire où le flot rythmé des voyageurs remplace celui de l’océan. Les dix heures quinze passent… Nous débarquons. Nous suivons une file d’attente durant environ une heure pour passer le contrôle des douanes. Un visa à échéance au 14 août 2016 est apposé sur chacun des deux passeports. La jeune agente présente à la guérite offre un visage empreint de lassitude, voire d’amertume, devant le côté répétitif de sa fonction. Tel un robot, elle agit par automatisme et mon souhait de bonne journée glisse sur elle comme une goutte d’eau sur les plumes d’une cane. L’empreinte digitale des dix doigts des mains et une photo anthropométrique de face sont prises devant un visage inexpressif. Une fois à l’air libre, nous marchons vers la sortie du port. Nous nous retournons pour prendre une photo du navire qui embrasse tout l’horizon. Nous suivons tour à tour « Clinton Wharf » et « Pioneer Street ». Le long de cette dernière rue, au numéro 98, sur le bord du trottoir au pied d’un arbre, devant une habitation à la porte bleu ciel et aux murs en briquettes rouges encadrées de ciment blanc, deux livres dévoilent au sol leur page de couverture : « Sex with Shakespeare » de Jillian Keenan et « The books that changed my life » édité par Bethanne Patrick. La présence de ces deux ouvrages m’interpelle… Nous bifurquons à gauche en parvenant au « Coffey Park » pour marcher sur « Richards Street ». Un ballet sonore de tondeuses chevauchées par des jardiniers évolue sur les espaces verts parfaitement entretenues. Des arbres élancés aux branches fournies et aux feuillages printaniers parsèment le coquet petit parc. Plus loin nous prenons à droite dans « Seabring Street » où se situe au numéro dix-sept l’hôtel « Comfort Inn », lieu d’un séjour réservé de quelques nuits. Nous atteignons notre objectif une vingtaine de minutes après avoir quitté le port. Midi s’annonce. Les bagages sont déposés, le check-in étant prévu à seize heures. Notre hôtesse imprime un plan pour joindre notre destination suivante. Nous empruntons une passerelle piétonne qui enjambe un ample réseau d’autoroutes. A l’angle de Coles Street et d’Henry street, je photographie sur un mur en brique le blason circulaire « Board of education – City of New York » et une sculpture d’un possible sportif. Un camion de pompier s’approche à grande vitesse, toutes lumières clignotantes et sirène hurlante. Nous empruntons la voie « 4th Pl. » bordée d’habitations mitoyennes pourvues de jardinets créatifs entourés de courtes barrières en fer forgé noir ouvragé. Dans l’un d’eux, au pied d’un arbre, deux angelots expressifs en pierre blanche se racontent fleurette. Un échafaudage positionné en haut d’un logement montre deux hommes affairés à rénover la façade en briques du mur. Nous passons sous un pont où une rame du métro circule à grand bruit. Après un court trajet sur Smith street, nous arrivons dans la rue de notre destination. Avant d’atteindre le Whole Foods Market au numéro 214, sur la partie gauche de la chaussée, des œuvres enfantines peintes se dévoilent contre un long mur surmonté d’un grillage. Je photographie une peinture de Paulina Brown âgé de six ans. Le supermarché organic voit son parking planté de petites éoliennes. A l’extrémité des perches métalliques, les ailettes noires disposées en vrille autour de leur axe virevoltent au léger souffle du vent. Une manière bien efficace de collecter de l’énergie. Vers treize heures, Keya nous accueille à la caisse. La jeune femme souriante, à la peau d’ébène, demande avec de  petits rires à connaître la traduction en français de « Comment allez-vous ? ». Nous déjeunons dans l’espace réservé à la clientèle avec les mets sélectionnés au buffet en self-service. Je transferts ma sélection dans une ample jatte de couleur crème. Mocha et chocolat chaud au lait d’amande terminent le repas. J’écris une carte de sympathie, achetée dans le magasin, à l’attention de Christine, l’épouse de Jean décédé lors la traversée de l’océan. Les mots s’écrivent avec émotion sur le bristol décoré d’un paisible lac de montagne. Un peu avant quinze heures, quelques gouttes de pluie nous accueillent à la sortie du supermarché. Nous nous rendons à la Citibank sur la septième avenue pour effectuer un retrait en dollars. Nous flânons en chemin. Nous admirons la magnifique architecture de diverses constructions anciennes qui jalonnent le parcours emprunté. Des photos coup de cœur sont prises. Après le retrait nous décidons de suivre la rue Carroll dont la phonétique du mot évoque une œuvre de Charles Dickens. Les gouttes d’eau continuent de s’échapper aléatoirement des nuages. A un moment donné, une peinture murale animalière colorée et ludique captive le regard. Plus avant, un ancien château d’eau à la citerne cylindrique en bois noir trône au-dessus d’un bâtiment cubique à la façade grège. La structure sur pilotis se détache avec un effet saisissant sur fond de ciel blanc craie. Je pense au far-west d’antan… A l’angle avec Smith street, nous repérons le café « Smith Canteen ». Nous décidons d’entrer pour nous désaltérer. Limonade et jus d’orange pressé sont réglés en caisse à seize heures quatorze pour un peu plus de sept dollars. Installés dans un angle de la vitrine à une petite table bistro en marbre blanc, nous laissons les minutes s’écouler dans le bien-être. Un article de journal de Marie Claude Foster à propos de la maladie d’Alzheimer de sa mère est photographié. Il est intitulé « Sans les souvenirs, profitez de l’instant présent ». Avant de quitter le sympathique café, nous photographions nos reflets dans un miroir. Les dix-sept heures approchent. Après un repère d’une proche station de métro, nous prenons la direction de l’hôtel. Une dernière photo est prise sur « 4th Pl. » qui montre un jardinet planté d’un arbre à la base fleurie. Ecriture et lecture embellissent la fin d’après-midi. Nous dînons dans la chambre 412 attribuée au quatrième étage. Depuis la fenêtre nous constatons que la silhouette du QM2 a disparu du panorama portuaire. Il vogue vers l’Europe. Je déguste des cassis et des mûres achetées au Whole Foods. Houmous et pain marbré sont savourés par Patrick. La soirée se déroule agréablement dans le confort de notre chez nous à Brooklyn…




























 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire