Rites matinaux et petit-déjeuner dans la chambre se
succèdent. A neuf heures nous quittons le Rodeway Inn. Nous effectuons quelques
courses au supermarché local « Select Market », situé à quelques
centaines de mètres du motel. Dans le magasin, Sally tente de trouver avec moi,
vainement, des « Coconut Date Rolls », des rouleaux de datte entourés
de paillettes de noix de coco. J’apprécie au petit-déjeuner le moelleux et la
saveur de ces rouleaux. Nous achetons un avocat mûr et un kilo de cerises de la
région à environ quatre dollars le kilogramme, soit un peu moins de quatre
euro. Kaylee nous accueille à la caisse ; elle me semble distante ;
peut-être est-elle déjà en pleine fête nationale dans son esprit. Nous roulons
sur la route 14 en direction du village de Hood River où nous allons prendre le
train. Diana nous accueille au guichet de la gare. Nous recevons les deux
billets réservés hier. Une trentaine de minutes s’offrent à nous avant de
monter à bord du train. Nous nous baladons dans le village. Nous découvrons le
petit parc « Georgiana Smith Park » aménagé en contrebas de la
bibliothèque municipale. Une jeune marchande de crème glacée s’est installée
dans une petite maisonnette bleu turquoise en face du parc. Elle commence à
installer les tables sur la terrasse pourvue de parasols en toile rouge. Dans
le parc incliné, une tonnelle rectangulaire ajourée au treillage en lamelles de
bois clair vernis, où des plantes fleuries commencent à grimper pour former un
abri ombragé, est aménagée avec des tables rondes et des chaises à bras en fer
forgé gris argenté. A son côté, un totem original se dévoile où il est écrit en
blanc une quinzaine de fois, sur chacun des quatre tableaux noirs, la ligne
« Before I die I want to… » « Avant de mourir, je veux… ».
Un espace libre est disponible après chaque ligne pour écrire une réponse à la
craie de couleur. Les villageois et les visiteurs se sont prêtés au jeu et
toutes les lignes ont reçu un vœu ; nous ajoutons « To travel on
Mars » « voyager sur la planète Mars ». Un peu plus haut, un
autre petit espace convivial situé sous un arbre feuillu est entouré d’un muret
circulaire en pierres plates. Une plaque remercie la famille Stoltz pour son
don de terrain en 2000 qui permit d’agrandir et de rénover le parc. Un tepee en
pierre, un peu à l’écart devant la bibliothèque, charme le regard dans son
discret ensemble paysagé. Le ciel est grand bleu et le soleil darde déjà de
chauds rayons. Nous retournons à la gare en suivant le trottoir à l’ombre d’Oak
street. Nous montons à bord du train « Mount Hood Railroad ». Nous
sommes installés au second niveau d’un wagon coiffé d’un dôme transparent
offrant une vue panoramique à 360°. A onze heures le train s’ébranle et
commence à rouler sur une ligne ferroviaire construite entre 1906 et 1909. Le
mont Adams enneigé, situé dans l'état de Washington, surplombe le paysage à
l’horizon. Patrick le prend en photo au travers du dôme. Il porte le nom du
président John Adams, le second président des Etats-Unis. Ce volcan, dont la dernière
éruption remonte à la fin du premier millénaire, trône dans la chaîne des
Cascades où se trouvent également le mont Saint Helens et le mont Rainier. Il
culmine à 3742 mètres d'altitude. Le convoi composé de trois wagons suit la
rivière « Hood River » sur environ cinq kilomètres pour s’arrêter en
fin de voie à un « switchback », un système simple qui évite au train
un virage à 180° sans effort ; la direction du voyage est inversée et le
train repart pour grimper facilement la montagne. Jessy, notre hôtesse à la
longue chevelure blonde, sert un thé noir à Patrick. Je prends quelques vues de
l’intérieur du wagon. Nous sommes assis sur une banquette deux places en dralon
gris clair rayé de bandes noires. Le train accède à une plaine vallonnée de
moyenne montagne. Je photographie une superbe maison gris clair à la toiture en
T. Une véranda ceinture le premier niveau. Balustrades et encadrements sont en
bois blanc. Nous passons devant une scierie où une multitude de piles de
planches est alignée au bord de la voie. Sur chaque empilement, le mot « Mt
Hood » est écrit en façade. La bourgade de « Pine Grove » est
traversée. Son économie est basée sur la production de fruits à grande échelle.
Le train sillonne une multitude de vergers qui couvrent plaines et vallons à
perte de vue. Des arbres fruitiers s’épanouissent sous le chaud soleil. La
ligne ferroviaire fut achetée par l'Union Pacific en 1968 et exploitée pour le
transport de fruits et de bois. Nous atteignons le terminus à Odell, un village
qui bénéficie de la présence de la coopérative « Diamant Fruit Growers »,
une des plus anciennes dans la région. Elle réunit plus d’une centaine
d’exploitations agricoles qui cultivent des poires, des pommes et des cerises
sur plus de six mille acres de vergers familiaux situés dans la vallée de la
rivière Hood, une vaste vallée fertile et florissante au pied du mont Hood.
Chaque année la fonte des neiges offre une eau exceptionnelle qui nourrit les
milliers d'arbres fruitiers. Le village fut nommé en 1861 par un pionnier,
William Odell, originaire du Tennessee, qui s’installa dans la région en venant
de la Californie. Le train s’arrête sur la voie un peu avant le supermarché « Mid
Valley Market » à côté d’un champ fraichement tondu. Des tables de
pique-nique coiffées d’un petit chapiteau blanc sont à disposition des
voyageurs ; un cow-boy joue de la guitare pour donner un air de fête. Assis
à une table, je savoure le sandwich à l’houmous et aux crudités compris dans le
billet de train. Patrick prend des photos et cueille des mûres sauvages que je
savourerai dans le train au retour. De l’autre côté de la voie, une montagne de
bacs en plastique attend sagement la cueillette des fruits. Après une trentaine
de minutes, la sirène du train retentit. Nous remontons à bord. Durant une
partie du trajet retour, un père et ses trois garçons jouent aux cartes à nos
côtés ; quelques visages d’enfants figurent sur certains clichés. Nous
sommes de retour à la gare de Hood River après treize heures. Je serre la main
de Diana à la sortie du train. En nous allégeant des K-ways à la voiture, un
homme barbu nous vante le train panoramique sans savoir que nous venons de le
prendre. Il nous quitte en me tapant affectueusement sur l’épaule et en lançant
« I love you guys » « Je vous aime les garçons » ; un
charmant personnage !... Nous nous rendons chez « Bette's Place » sur
Oak Street. J’apprécie leur délicieux café Mocha. Patrick sirote un jus de
pomme chaud à la cannelle en découvrant la saveur d’un muffin maison orange
amande. Vers quatorze heures nous reprenons la route. Nous suivons la route 30
en Oregon et nous traversons le pont des Dieux situé à la sortie du village de « Cascade
Locks » où le City Hall, la mairie, est photographié. Nous voilà à nouveau
dans l’état de Washington. Nous atteignons la ville de Vancouver vers quinze
heures trente. Un temps de détente se déroule chez le libraire Barnes & Noble
sur Plain boulevard. La jeune Ashley nous accueille. Des cafés Mochas sont
sirotés et la saveur d’une part de gâteau « Oreo Stack » est découverte. Je
feuillette un magazine sur des demeures américaines présentées avec leur plan.
Un plein de carburant est effectué à la station Shell « Kwik Gas » où
à la caisse le sourire d’Anitra me fait penser à celui de l’actrice Whoopi
Goldberg. Une superbe ancienne Cadillac
décapotable est garée à proximité des pompes. Je prends une photo. Vers
dix-sept heures nous arrivons à l’étape du soir. Le motel Econo Lodge de Kelso,
dans la banlieue de Longview, est situé devant des villas de charme. Gavino
nous accueille et nous attribue la chambre 121. La voiture est garée devant la
porte. Lors du dîner je savoure des cerises de la région achetées à Stevenson.
La nuit tombe progressivement et les lumières s’allument dans l’avenue Pacific.
Les rideaux de la fenêtre de la chambre sont tirés pour fermer le voile sur
cette journée mémorable dans les prairies de la vallée de la rivière Hood…
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