dimanche 24 juillet 2016

Immersion dans les années 1930 à Chicago...

Aux aurores Patrick photographie le lever du soleil qui se dessine timidement à l’horizon dans un ciel baigné de nuages compacts. Ecriture, lecture, recherches sur Internet ponctuent le déroulement de la matinée après le petit-déjeuner. Patrick s’amuse à capturer depuis l’iPad un objet virtuel dans Chicago via l’application gratuite Pokémon GO qui semble affoler beaucoup de monde. Cette nouvelle expérience de jeu utilise la géolocalisation et la réalité augmentée. Le joueur aguerri doit se déplacer physiquement dans le monde réel afin de débusquer à l’aide de son iPhone, par exemple, des créatures virtuelles placées dans son environnement. Le jeu va prochainement débarquer en France… A midi nous déjeunons chez « Freshii », un restaurant végétarien situé sur la rue Monroe à quelques blocs de notre hôtel. Ivette nous accueille à la caisse. Je choisis de tester un « Pangoa Bowl » et Patrick opte pour un « Pesto Bowl ». Tout en savourant les mets assis en bordure de la vitrine, nous regardons le mouvement de la vie. L’hôtel adjacent semble être pourvu d’un nombre de chambres impressionnant car durant le repas nous assistons à un défilé continuel de taxis, de voitures particulières, de diverses navettes pour l’aéroport et de véhicules « Uber », ces derniers commandés par les clients via leur Smartphone. Les concierges de l’hôtel prêtent la main aux clients pour prendre ou déposer les bagages dans les coffres ; les dollars changent de main grâce à la magie des pourboires. De belles recettes en perspective… Les passants défilent également ; la majorité est affairée avec un téléphone portable. La faculté de l’être humain à se déplacer au « radar » les yeux occupés est étonnante. Patrick sirote un jus Naked fraise banane ; la sauce grasse pesto lui ayant donné soif. Le restaurant Freshii, situé dans l’enceinte de l’hôtel emblématique « Palmer House Hilton », est privé de toilettes. Nous pénétrons dans le vaste établissement à la recherche des lieux d'aisance. Bredouilles au niveau de la rue, nous prenons un escalier roulant très étroit pour monter à l’étage supérieur. L'émerveillement commence. Sur nos têtes surprises, un haut plafond voûté richement décoré se dévoile à nos yeux ébahis. Des arches, des frises, des lustres, des chandeliers muraux grandioses et d’autres ornements nous introduisent plus d’un siècle en arrière. Une atmosphère d’authenticité et de raffinement nous enveloppe. Toutefois, la présence de clients affairés à divers appareils électroniques témoigne que nous sommes bien au vingt-et-unième siècle. Nous trouvons les toilettes en haut d’un corridor incliné au sol garni d’une épaisse moquette aux fastueux motifs. Je sirote ensuite un café Mocha au Starbucks repéré dans l’hôtel non loin du Freshii. La décoration reflète timidement le faste du niveau supérieur. Nous nous installons dans une banquette d’angle aux assises en cuir glacé marron. Sur un pan de mur du coffee diverses théières sont exposées sur des petites tablettes. Je prends en photo un modèle tibétain en bronze. Après un temps à siroter la boisson, nous sortons du Hilton. Vers l’entrée, une plaque apporte quelques précisions sur l’histoire de l’édifice qui abrite l’hôtel. Il a grandi et s’est étoffé avec les années au fil des deux derniers siècles. Pour la petite histoire le président Grover Cleveland y séjourna … tout comme les écrivains Mark Twain et Oscar Wilde. Nous nous dirigeons vers le parc Grant pour nous rendre au musée « Art Institute of Chicago » dans le dessein de découvrir l’exposition « America after the Fall : Painting in the 1930 ». Le musée trône en bordure du parc Grant le long de l’avenue Michigan au niveau de la rue Adams. Nous empruntons la passerelle aérienne « The Nichols Bridgeway », inspirée de la coque d’un bateau, qui enjambe la rue Monroe pour se connecter au troisième étage de la partie moderne du musée, toute de parois de verre et de profils en aluminium. Mis en service en 2009, muni d’un plancher chauffant anti glace, le pont porte le patronyme d’Alexandra et John Nichols, de riches donateurs. Nous marchons sur environ deux cents mètres au-dessus du sol. Une vue pénétrante de la rue Monroe est capturée par les appareils photos. Nous accédons au musée par le troisième étage au niveau de la terrasse « Bluhm Family » où des sculptures de Juan Muňoz sont présentées. Elle jouxte le restaurant  « Terzo Piano ». Nous nous rendons ensuite au premier niveau où Amy nous accueille au guichet des tickets d’entrée. Nous lui parlons d’Amy Pond, la collaboratrice du Dr Who. La jeune femme à la longue chevelure blonde nous répond en riant qu’elle a vu seulement deux épisodes de la célèbre série britannique. Robin, une « Viola Davis » qui a perdu son sourire, scanne les tickets comme une automate. Nous entrons dans les galeries 182-184 pour découvrir l’exposition choisie. Des œuvres de différents peintres américains se dévoilent. Le thème porte sur les turbulentes années trente lors de la grande dépression suite au crash boursier et économique de 1929. Sur fond de probable seconde guerre mondiale et de grandissante menace fasciste à l'étranger, les artistes de l'époque révélèrent leurs visions individualisées d’une nouvelle identité à construire aux États-Unis. L’exposition rassemble des œuvres de certains des plus grands artistes de l'époque dont, pêle-mêle, Edward Hopper, Georgia O'Keeffe, Marvin Cone, Reginald Marsh, Stuart Davis, Joe Jones, Thomas Hart Benton, Alexandre Hogue, Grant Wood …et d’autres encore. La prise de photos de tableaux est autorisée, cependant quatre œuvres s’avèreront interdites à photographier. Le pourquoi nous échappe. Encore ignorant de cette interdiction, une garde de la sécurité m’interpelle pour m’interdire de prendre un cliché d’une œuvre prohibée sur le racisme liée au Ku Klux Klan. Les œuvres d'art des divers artistes se rejoignirent en leur temps pour évoquer la mutation du rêve américain dans de nouveaux regards pionniers sur le monde économique, politique et esthétique. Les visiteurs sont très nombreux. Les seize heures approchent à la fin de la visite. Nous montons au second niveau pour siroter un café Mocha au « Caffè Moderno ». Les places assises libres sont rares. Après un bref temps de détente Patrick me prend en photo devant une « Mary Poppins » en coquillages roses, une œuvre de Katharina Fritsch, une artiste allemande née en 1956. Nous découvrons ensuite, dans la galerie 188, une exposition de photos en noir et blanc des artistes de race noire Gordon Parks, photographe et cinéaste, et Ralph Ellison, tous deux amis et reconnus comme des figures majeures de l'art et de la littérature américaine. Ellison est l’auteur du roman « Invisible Man », édité en 1952, l’un des ouvrages les plus acclamés de son époque. Nous visitons ensuite les deux magasins de souvenirs du musée, celui de la partie moderne et celui de la partie ancienne. Les dix-sept heures sonnent quand nous sortons de l’Institut de l’Art. Nous nous dirigeons au supermarché Trader Joe’s en suivant l’avenue Wabash. Je prends en photo un mur attrayant pourvu d’escaliers de secours métalliques où une fresque d’un théâtre s’efface avec le temps. Dans un parking, Patrick me prend en photo devant un personnage volant d’un Comics. Dans le magasin nous décidons de dîner dans la chambre. Ce choix s’avèrera opportun. La jeune Kelsey nous accueille à la caisse. Nous retournons nonchalamment au Congress Plaza en suivant l’avenue Michigan. Le ciel se couvre rapidement. Un violent orage éclate alors que nous sommes dans la chambre depuis une trentaine de minutes. Le ciel s’assombrit pour devenir noir. La luminosité disparait. Des trombes d’eau dévalent des nuages. Tels des rideaux de théâtres en mouvement, des cascades de pluie balaient la ville sous la puissance du vent déchainé. Nous dînons devant ce spectacle grandiose offert par la Nature. Des éclairs zèbrent le ciel de toutes parts ; Patrick parvient à en photographier quelques-uns. Durant la soirée nous assistons depuis le onzième étage à une intervention énergique des pompiers. L’habitacle d’une voiture a pris feu à une courte distance devant l’hôtel. Patrick prend des photos. La réalité est parfois plus impressionnante que les films policiers où ce genre d’évènement est fréquent. L’orage se déroule tel un opéra en plusieurs actes. Lors d’un entracte, un arc-en-ciel superbe nappe le ciel au-dessus du lac. Sur fond de gratte-ciels éclairés, le coucher de soleil participe à la féerie des éléments. L’horizon s’embrase d’or et de rose. Les arches éclairées et colorés du « Chicago Shakespeare Theater » donnent l’impression de trois superbes dômes scintillants. La roue touristique s’est parée de bleu indigo et les jets d’eau luminescents de la fontaine Buckingham s’élèvent dans le ciel nocturne devenu d’un noir d’encre. Les yeux emplis de couleurs et de magie, nous entrons facilement au pays des rêves…
[Les titres des œuvres et les noms des peintres figurent sous les tableaux]


















"The Dark Figure" de Federico Castellon (1914-1971)

"Bombardment" de Philip Guston (1913-1980)

"Lenin" de Louis Guglielmi (1906-1956)

"The Eternal City" de Peter Blume (1906-1992)

"Mental Geography" de Louis Guglielmi

"Death on the ridge road" de Grant Wood (1891-1942)

"Saturday night" de Archibald J. Motley (1891-1981)

"The Fleets's in" de Paul Cadmus (1904-1999)

"The passion of Sacco and Vanzetti" de Ben Shahn (1898-1969)

"Aspiration" de Aaron Douglas (1899-1979)

"Haystack" de Thomas Hart Benton (1889-1975)

"Mother Earth Laid Bare" de Alexandre Hogue (1898-1994)

"Young corn" de Grant Wood

"Cradling wheat" de Thomas Hart Benton

"Fall Plowing" de Grant Wood

"Roustabouts" de Joe Jones (1909-1963)

"New York Paris n°3" de Stuart Davis (1892-1964)

"American Gothic" de Grant Wood











"Cas" de Edward Hopper (1882-1967)

"Twenty Cent Movie" de Reginald Marsh (1898-1954)














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