Dans la salle
du petit-déjeuner, un garçonnet, à la chevelure blonde mi-longue, porte une
veste de la Nasa et des lunettes de soleil aux verres miroirs. Il se prend au
sérieux dans son rôle ; peut-être un futur spationaute. Le blog est
actualisé dans la matinée. Nous quittons le Hyatt House vers onze heures et
nous flânons dans les alentours de la Space Needle avant le repas. Nous
déjeunons au Wok à l’Armory Center. Des cafés Mochas Ceres sont sirotés. Nous
récupérons les bagages restés en consigne à l’hôtel et nous prenons le taxi 382
de la compagnie « Seattle Yellow Cab ». Le jeune chauffeur, un air de
l’acteur Eddie Murphy, nous dépose à la gare « King Street Station »
avant quatorze heures. Un campanile, inspiré de celui de la place Saint-Marc à
Venise, trône sur les bâtiments. Nous sommes en avance d’environ deux heures
pour prendre le train et nous décidons de confier, pour vingt dollars, cinq
pièces de bagage à un employé de la gare. Nous découvrons ensuite le quartier «
Pioneer Square », né en 1852, dominé par l’élégante tour « Smith
Tower ». La tour, le
plus ancien gratte-ciel de la ville, fut édifiée dans les années 1910. Elle
porte le nom du magnat Lyman Cornelius Smith. Elle a dominé la ville de ses cent
soixante mètres de hauteur jusqu’en 1962 où elle fut détrônée par la Space
Needle. Divers édifices anciens me séduisent sans toutefois dévoiler des
informations sur leur histoire. Au numéro 401 sur la seconde avenue, j’entre
dans une cour intérieure, vitrée entre deux buildings en briques, qui charme le
regard par des candélabres en fer forgé noir coiffés chacun de cinq globes
laiteux, par une façade en verre sertie d’arches métalliques, par une verrière
inclinée et par des balconnets décorés de végétation. Un peu plus loin, contre
toute attente, nous entendons des chutes d’eau. Elles tombent en cascades dans
le petit parc « Waterfall Garden Park » ; au bas du panonceau
indiquant les horaires du site, je lis « Birthplace of United Parcel
Service », soit le lieu de
naissance de la firme UPS. Une plaque rappelle la commémoration en 2007 des
cent ans de la création de la société à Seattle ; il est indiqué que de
très nombreux employés furent présents. Sur la rambarde d’un coffee, je
photographie quatre fraises posées sur la bordure métallique ; elles
prennent le soleil. Nous arpentons le quartier autour de la tour Smith où le
déconcertant City Hall, qui s’imagine design, ne laisse aucune possibilité de
photo tant il est difforme et caché par la végétation. Une fresque murale est
prise partiellement en photo. Plus bas sur la quatrième avenue, le parc « City
Hall Park » est traversé. Des « homeless » sont présents,
certains avec leurs affaires ; d’autres dorment sur l’herbe. Sur une
proche affichette, collée sur un poteau, il est question d’une victoire des
« Homeless » ; le texte m’est incompréhensible. Nous terminons
une boucle, pour éviter de nous éloigner, en allant nous désaltérer au
Zeitgeist Coffee sur Jackson Street. Une jeune femme souriante, brune, grande et tatouée un peu
partout, encaisse avec une remise de cinq pour cent pour paiement en espèces le
montant de deux « Apple Cider », deux jus de pomme maison. Nous les
sirotons tout en promenant le regard sur la salle à l’agencement atypique et à
la déco originale. A nos côtés trois personnes prennent rapidement un en-cas
avant de se rendre à une réception ; une composition florale fantaisie, un
ballon rose et un autre cadeau sont rassemblés au centre de la table ronde. Un
trolley « Emerald City » passe à l’intersection avec la seconde avenue. Après ce
temps de détente, nous nous rendons au Tully’s Coffee pour acheter deux
douceurs pour manger dans le train. Joanna, une chaleureuse jeune fille
métisse, nous sert un blueberry scone et une tranche de cake « banana
walnut bread ». Nous visitons le magasin adjacent. Une ribambelle de
peluches toutes personnalisées et plus attachantes les unes que les autres nous
appellent au travers de la vitrine. Le commerce pourvu d’un petit café propose
des articles hétéroclites ; des barres de céréales, des cartes en tous
genres, d’autres articles et les nombreuses peluches garnissent cet
établissement unique. Le manque de place dans les bagages empêche l’adoption
d’une peluche. Nous retournons tranquillement à la gare et je prends des photos
de l’intérieur. La structure du bâtiment est magnifique. Des frises, des
médaillons, des moulures, tous et toutes de couleur blanche, sont mis en valeur
par des lustres et des appliques qui me rappellent ceux de la cour intérieur
visitée précédemment. Des banquettes en bois miel, pourvues de hauts dossiers,
sont à la disposition des voyageurs. Des écrans vidéo diffusent de la publicité
et des messages relatifs à la sécurité sont programmés en boucle. Nous
embarquons dans le train « Empire Builder » qui s’éloigne des quais
après seize heures quarante. Israël et Daniel sont dans le train. Nos regards
se croisent lorsque je me rends au wagon de queue pour prendre des photos des
rails au moment du départ ; le train traverse un tunnel long de plusieurs
miles. Israël m’avait interpellé dans la rue, depuis la terrasse aux fraises,
pour me dire qu’il aimait mon pantalon. Le couple quittera le train à Spokane
dans l’état de Washington à minuit treize, à la frontière du Montana. Jimmy est
le cabiniste du wagon ; nous logeons dans le compartiment C0381 dont la clim
est défectueuse au niveau du réglage. Plus tard Jimmy obstrue la bouche avec du
papier collant ; ingénieux et efficace. Nous regardons défiler le paysage
avant le dîner. La liste des bourgades qui vont être traversées est
photographiée. Au wagon restaurant, nous savourons un plat mexicain, une
variante de ceux dégustés à Aberdeen. Le couple assis en face de nous, qui
réside à Seattle, va descendre à « East Glacier Park » dans le
Montana demain matin. Il vient fêter un anniversaire durant deux jours. Nous
apprenons que leur famille est étoffée de six enfants et dix petits-enfants. Un
jeune garçon, aux cheveux verts, aime la monture de mes lunettes. Il est assis
en face à la table opposée à l’allée. Nous quittons le wagon restaurant un peu
avant vingt-et-un heures. Jimmy apporte son concours pour préparer les lits
superposés. Finalement nous dormons tous les deux à l’étroit dans celui du bas,
la couchette supérieure étant trop courte au regard de ma taille. De multiples
rêves vont ponctuer ma nuit où je suis régulièrement réveillé par le sifflement
du train et le tangage sur les voies qui suit la topographie accidenté du
paysage…
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