lundi 11 juillet 2016

Sur les traces de la rue vers l’or au Klondike...

Aux aurores, l’Explorer of the Seas glisse sur l’eau du « Lynn Canal » pour atteindre vers sept heures la destination du jour. Sur fond d’escarpements couverts de sapins et de montagnes aux neiges éternelles, Patrick prend des photos de l’onde qui frissonne sous le souffle du vent froid. Lors de la ruée vers l’or du Klondike au dix-neuvième siècle, le canal favorisa, en lieu et place des campements des chercheurs, la création du village de Skagway, le « village du vent », où le navire fait escale aujourd’hui. Lors du petit-déjeuner une photo est prise depuis la table au bord du vitrage ; le navire « Radiance of the Seas » nous a devancé et s’est amarré à la première place. L’eau du canal forme des plissures à bâbord et le village se dessine à l’horizon. A tribord, un train est en fin de voie à fleur des rochers au bord du quai que nous allons emprunter vers dix heures pour joindre le point de rencontre des excursionnistes. Nous prenons place dans un des trois cars qui part pour l’aventure dans le territoire du Yukon au Canada. Le chauffeur, Tucker, un jeune homme à la chevelure et à la barbe frisées qui tirent sur le roux, effectue un briefing avant le départ ; il indique avec humour les différentes sorties de secours en précisant qu’elles n’ont jamais servi à ce jour. Un arrêt vers onze heures offre de photographier l’ancien pont remarquable que nous venons de franchir. Une quinzaine de minutes plus tard nous franchissons la frontière avec le Canada et nous entrons en Colombie Britannique. La route longe le « Summit Lake ». A onze heures vingt, au niveau du lac Bernard, nous atteignons la bourgade de Fraser où la guérite des douanes canadiennes est installée. Deux hommes en uniformes montent à bord pour vérifier les passeports des voyageurs. Les lacs « Shallow Lake » et « Tutshi Lake », qui se succèdent à droite de la chaussée, bordent tour à tour la route dont le trajet suit lacs et cours d’eau. Les montagnes, la végétation, le ciel et les nuées blanches se reflètent dans les eaux cristallines. Entre les deux étendues d’eau douce, la rivière Tutshi traverse un site inconnu où de superbes constructions en bois ont été édifiées par les hommes. Une cinquantaine de minutes plus tard, le car termine son périple à l’entrée du territoire du Yukon comme si le fait d’y pénétrer allait nous ramener plus de cent en arrière à l’époque des chercheurs d’or. Tucker nous prend en photo devant les lettres bleues « Yukon » soulignées d’une phrase en anglais et en français : « Plus grand que nature ». Dans le sens inverse, le panneau de bienvenue en Colombie Britannique, annoncé comme le meilleur endroit sur Terre, fait face de l’autre côté de la route. Sur le territoire du Yukon, le lac « Tagish Lake » nous invite à traverser la frontière imaginaire des hommes pour le rejoindre. Sa surface transparente reflète la beauté à l’image du célèbre miroir de Blanche-Neige. De magnifiques photos sont prises et, sans la présence des galets sous l’eau limpide, on pourrait confondre le ciel avec son reflet tant la netteté de la réflexion est parfaite. Il nous faut quitter ce site empreint de magie et de beauté intemporelle pour aller déjeuner. Le car fait demi-tour et, contre toute attente, nous dépose au site inconnu. Nous entrons dans le restaurant « Cliffside » dont l’étonnante structure en bois et verre est fascinante. Un chili est préparé pour les voyageurs ; nous optons pour la version végétarienne. Après le repas frugal, nous découvrons le pont suspendu « Yukon Suspension Bridge » qui enjambe acrobatiquement la rivière Tutshi. Un ensemble de passerelles en bois conduit au pont au bord de la falaise. Nous traversons la passerelle en mailles d’acier galvanisé posée par un hélicoptère en 2006 entre les deux falaises de la gorge à quelques vingt mètres au-dessus des flots. L’effet est saisissant et la structure qui nous ballotte accentue la sensation vertigineuse. Une autre structure en bois, le pendant de la première, abrite un café et un magasin de souvenirs. A défaut d’acheter des biscuits à la crème au sirop d’érable canadien, je prends la boîte rouge et blanche en photo. Entre les deux boutiques, un cadran blanc rond affiche des chiffres de température en Fahrenheit et en Celsius ; l’aiguille rouge indique 23° Celsius. Comme imaginer hier une telle température ?!... A côté du guichet d’entrée payante, un tampon avec l’écusson du pont se fait remarquer ; nous apposons le cachet rouge et noir sur une page de notre passeport avant de se photographier devant ce même emblème, en grand format, fixé derrière un banc en bois. Vers quatorze le bus s’éloigne du site et nous dépose une dizaine de minutes plus tard sur un promontoire à l’entrée de Fraser. Les rails du chemin de fer passent en contrebas. Nous entendons siffler un train qui approche. Tucker nous dépose à la gare de Fraser où nous allons vivre une aventure ferroviaire sur une partie de la ligne de chemin de fer mythique « White Pass & Yukon Route » dont l’étroite voie fut durement construite sur presque deux cents kilomètres entre Skagway et Whitehorse, devenue la capitale du territoire canadien du Yukon. Sur les wagons du train on peut lire les lettres espacées « W » « P » « Y » « R » qui sont les initiales du nom de la ligne de chemin de fer, commencée en mai 1898 et achevée dans sa totalité durant l’été 1900 lorsque les deux équipes se rencontrèrent à Carcross sur le bord du lac Bennett où un clou d’or fut planté pour célébrer l’achèvement conjoint des travaux. La découverte de l'or dans le Klondike en août 1896 par Jim Skookum, Charlie Dawson et George Carmack est à l’origine de la naissance de la ligne ; la venue des chercheurs d’or déclenchant un changement majeur dans cette vaste région. Nous montons dans la voiture 376, en bois clair et métal gris bronze, et nous prenons place à droite sur la première banquette en skaï marron foncé. Le convoi s’ébranle et le train tangue agréablement sur les rails. Des photos sont prises depuis la petite plate-forme extérieure entourée d'une balustrade métallique. Nous allons passer la majorité du voyage debout sur ce petit balcon dont la vue embrasse l’horizon. Nous passons le col de White qui culmine à un peu moins de neuf cents mètres, le point le plus haut de la ligne. Des falaises abruptes, des ponts audacieux, des canyons, des gorges, des cascades, des déserts de roches, des petits lacs turquoise nichés au creux des ravins, des pics aux neiges éternelles se dévoilent tout au long du trajet qui suit majoritairement les cours d’eau. Par endroits des pépites d’or oubliées scintillent au fond des ruisseaux à la surface ondoyante. Nous voyons à un moment donné une série de drapeaux « locaux » et, plus loin, l’ancien pont en acier construit au début du vingtième siècle qui fut le pont cantilever le plus haut du monde. Lors des pentes vertigineuses et des courbes le long des parois rocheuses, les essieux des roues grincent lors du freinage répété des deux locomotives verte et jaune. Le sifflet retentit. Nous traversons quelques tunnels dans la plus grande obscurité ; aux embouchures on voit nettement les roches qui affleurent les contours du train. Nous atteignons Skagway après seize heures trente. Le train s’arrête au bord de la rue « Spring Street ». Nous décidons de nous rendre à pied au proche centre-bourg où les divers bâtiments construits le long de la rue Broadway lors de la ruée vers l’or ont été rénovés, colorés et adaptés pour le commerce. Les boutiques pour touristes sont devenues les nouvelles mines d’or. Des photos sont prises. Nous bifurquons à gauche dans la seconde rue. Nous entrons chez un diamantaire qui abrite un comptoir Starbucks ; les cafés Mochas sont indisponibles. Nous retournons au navire pour nous désaltérer en suivant la seconde rue qui se jette dans « Congress Way », la voie sans issue qui mène au terminal de croisières. Sur le navire, dans l’ascenseur panoramique, nous rencontrons Laurie et Jenny de retour de leur escapade ; cette dernière se souvient de nos prénoms. Un peu plus d’heure après notre retour à Skagway, nous sirotons des cafés Mochas au Starbucks de la Promenade. Après le dîner savouré au buffet Windjammer, nous assistons à vingt heures trente au spectacle de magie de Leo Ward. Sa magie parait bien prosaïque au regard de celle vécue aujourd’hui sur la ligne ferroviaire des chercheurs d’or. Après le show, qui s’éternise avec des jeux de cartes, nous entrons au pays des rêves, l’esprit baigné de la beauté majestueuse de la Nature sauvage…
















































































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