Lors
petit-déjeuner savouré dans la petite salle devant la réception du motel je
parcours le USA Today et le journal « The Olympian », tout en donnant
des coups d’œil à l’écran de la télévision qui diffusent des nouvelles
ponctuées d’annonces publicitaires ; celle de Choice Hotels apparaît. Le
blog s’actualise… Vers onze heures nous sommes en route pour le supermarché
Bayview Thriftway sur la quatrième avenue. Le temps est maussade et les
nuages sont chargés de pluie. La Chevrolet est garée sur le parking du magasin.
Nous décidons de marcher autour du lac Capitol. Patrick sirote un café Mocha
préparé par la jeune Sudiya dont le visage souriant me rappelle la jeunesse de
Bombay. En chemin, nous croisons un joggeur souriant à la courte barbe blanche.
Les nuages décident de s’alléger et de grosses gouttes de pluie commencent à
tomber. Nous décidons de faire demi-tour. A la faveur du feuillage touffu d’un
des arbres qui jalonnent le bord du lac, Patrick prend quelques photos avec le
Capitole en arrière-plan. Nous croisons à nouveau le joggeur dont le regard
souriant complice nous indique que, comme nous, il fait demi-tour. Les capuches
des K-ways sont enfilées et nous pressons légèrement le pas pour retourner au
Bayview. Nous prenons le temps de choisir les mets du déjeuner. J’achète du fil
dentaire vegan en soie, parfumé à la menthe, de la marque Radius. Sarah nous
accueille à la caisse. Son charisme est un vrai bonheur. Nous déjeunons au
premier étage devant la cuisine équipée de l’Ecole de cuisine de Bayview où,
Barbra, une dame en chandail rose et tablier noire bavarde avec un monsieur. Je
prends une photo des mûres et des framboises du dîner sur fond de baie de Budd.
Les mets sont excellents. La salle se remplit avec une majorité de personnes
plus ou moins âgées ; de possibles élèves cuisiniers car le Bayview
Thriftway est le siège de l’école créée
en 2003. Le brouhaha s’accentuant, nous décidons en fin de repas d’aller
siroter du café Mocha au coffee « Dancing Goats Espresso » situé à
l’entrée du supermarché. Sudiya encaisse le paiement et prépare les boissons
avec méthode et amour. Je photographie l’écran du terminal de paiement où
s’affichent notamment l’heure et le nom de l’hôtesse. Les breuvages, aux
notes d'amande, de chocolat et d'épices, sont divins. Nous remarquons sur les
gobelets bleu-ciel en carton les mots « Batdorf & Bronson Coffee
Roasters » en lettres blanches. Hier, sans le savoir, nous avons siroté du
jus de pomme à la cannelle dans le café phare du torréfacteur. Il s’avère que
« Batdorf & Bronson » est un célèbre torréfacteur d’Olympia venu
au monde de la saveur après 1986 grâce à la passion de Larry et Cherie
Challain. Leurs cafés sont appréciés dans tous les Etats-Unis …et même
ailleurs. La magie de la toile Internet offre à tout un chacun de découvrir
l’arôme exceptionnel de ce café par le biais d’une commande sur le site www.batdorfcoffee.com. Une captivante légende sur les
chèvres découvreuses du café au neuvième siècle, révélée par Larry et Cherie,
est photographiée. Nous prenons le temps de siroter lentement les Mochas,
attablés devant le vitrage. Une trentaine de minutes s’écoulent dans le plaisir
intense et subtil des papilles. Nous quittons Olympia pour nous rendre à
Seattle. Nous suivons l’autoroute gratuite cinq. Il nous faut presque deux
heures pour parcourir les quelques soixante miles qui séparent les deux villes.
Le trafic est à la fois dense et fluide jusqu’à l’entrée de Tacoma où l’ample
dôme de la ville est photographié. Le « Dome » abrite une salle
omnisports. Il s’annonce être le deuxième plus grand dôme en bois du monde
après le « Superior Dome » qui borde le lac Supérieur dans l’état du
Michigan ; celui de Borly vient dans le sillage de la comète. Ensuite, des
ralentissements, générés par des travaux et par l’arrivée d’autres véhicules
issus des nombreux échangeurs et intersections, freinent notre allure. Patrick
conduit et je prends des photos de temps à autre. Une banderole
« Closed » « Fermé » surprend sur l’entrée d’un magnifique
bâtiment blanc souligné de liserés noirs à la façade agréablement symétrique.
Nous dépassons un truck rouge de Grayslake dans l’Illinois transportant des
voitures dont un modèle break carrossé latéralement avec du bois. Une ancienne Cadillac
de couleur taupe clair nous dépasse à gauche et s’éloigne sur une autre voie.
Vers quatorze heures trente nous arrivons, nous semble-t-il, aux abords de
Seattle tant l’agglomération est vaste. Régulièrement des panneaux, munis de
LED, signalent la vitesse maximale autorisée ; par endroits elle est
limitée à trente miles à l’heure. La « skyline » de Seattle s’annonce
à l’horizon. L’enchevêtrement des bretelles d’autoroutes est impressionnant. Elles
se superposent dans un ballet connu seul des concepteurs des échangeurs
routiers. Nous apercevons sur la gauche la vaste structure du « Safeco
Field », un stade de baseball à toit rétractable, d’une capacité de
quelques cinquante mille places, situé dans le quartier de « SoDo »
au sud du centre-ville de Seattle. Un panneau au travers de la route indique la
ville de Vancouver au Canada, distante d’un peu plus de deux cents kilomètres.
Nous passons sous un tunnel qui tourne vers la gauche ; l’éclairage nimbe d’une
lumière d’or les parois de l’ouvrage souterrain. Cinq minutes plus tard, nous
parvenons sur Westlake avenue où l’hôtel Courtyard Marriott se trouve au numéro
neuf cent vingt-cinq. Le lac « Union Lake » se dévoile sur notre
droite. Patrick gare la voiture sur une place réservée au check-in. Nous
prenons tranquillement le temps de remplir la fiche Hertz de restitution de la
Chevrolet et pour réunir les bagages. Une jeune femme nous accueille au
comptoir Hertz installé à côté de la réception. Elle me rappelle Naomi Campbell
quand elle était jeune. Elle demande à garer le véhicule dans l’espace du
loueur au parking souterrain de l’hôtel. Elle procède ensuite à la conclusion
du contrat ; le compteur de la Chevrolet Malibu affiche 14389 miles. Il
affichait 9250 miles au départ à Newark dans le New Jersey et 13423 miles à
Newport. Depuis la fin de la route 20 nous avons effectué 966 miles. Nous avons
parcouru en quarante jours un total de 5139 miles, soit 8270 kilomètres ;
le road trip est terminé. Kaitlin, une jeune femme chaleureuse et souriante,
nous attribue la chambre 629. Au regard de ma carte d’identité, impressionnée, elle
questionne pour savoir si nous venons bien de France. Nous allons déposer les
bagages dans la chambre. Une photo du lac est prise depuis l’ascenseur panoramique
vitré. Nous sortons ensuite du Marriott pour aller nous désaltérer. Nous
suivons les indications du GPS qui nous emmène vers un Starbucks ; la voix
féminine ignore que nous ne sommes plus en voiture. Une dizaine de Starbucks
rayonne autour de l’hôtel. Le premier sur Dexter avenue, au bas d’un immeuble,
est austère. Je préfère aller voir le suivant. Des gouttes d’eau tombent en
persistant. Plus loin, nous descendons Garfield Street, une ruelle très
inclinée ; le trottoir est pourvu de réguliers renflements en béton pour
freiner la forte pente. Nous atteignons Westlake avenue et nous prenons à
droite. Nous passons devant de vastes bâtiments en construction aux façades
jaunes. Le Starbucks suivant se dévoile en bordure du lac au numéro mille deux
cents. Nous nous installons au bord du vitrage avec une vue partielle sur le lac.
A la caisse, le visage d’Hannah s’empourpre quand je lui parle français. Elle
lance la commande de deux cafés Mochas, d’un brownie au chocolat et d’un muffin
aux pépites de chocolat. Les seize heures vingt passent. Une trentaine de
minutes de détente s’offre à nous. Un couple s’installe à une table voisine et le
monsieur s’extasie en voyant mes lunettes ; il prononce les mots « wonderfull
frame » « merveilleuse monture ». Patrick sort sur le parvis du café pour
photographier la tour « Space Needle », littéralement « aiguille de
l'espace », qui domine la ville de ses cent quatre-vingt-deux mètres. Comme
dans tous les Starbucks, le mouvement des clients est continuel. En sortant je tiens
la porte à une charmante et élégante dame. Nous longeons le bord du lac. Des
hydravions signalent leur présence. Patrick repère un engin en mouvement. Je le
prends plusieurs fois en photo au court de la manœuvre. Sur le profile orange du
carénage, je lis les mots « Kenmore Air ». L’avion s’éloigne sur le
lac. Nous retournons tranquillement à l’hôtel. De petits immeubles en nuances
de gris sont présents devant la fenêtre de la chambre. Un monsieur sort sur un
balcon pour fumer tout en pianotant sur un téléphone portable. Une agréable soirée
s’offre à nous dans la plus grande ville de l'État de Washington…
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