Les deux
fenêtres de la chambre donnent sur le bâtiment blanc de la radio « Komo
1000 ». A dix heures nous sommes dans la file d’attente des visiteurs qui
s’apprêtent à découvrir le panorama à 360° de la ville et des environs depuis
la « Space Needle », la tour futuriste construite à Seattle pour
l'exposition universelle de 1962. Elle fit la une du magazine
« Life » du vendredi 9 février 1962. Des photos de l’historique de la
tour sont prises le long du chemin qui mène aux ascenseurs. Devant nous un bébé
me fait régulièrement des sourires. Il est câliné par son frère et sa sœur.
Nous atteignons la « soucoupe volante » du sommet par un ascenseur
panoramique qui nous emporte à quelques deux cents mètres dans le ciel. Depuis
la plate-forme d'observation Patrick prend des photos dont une du lac
« Union Lake » au bord duquel nous avons dormi la nuit du jeudi 7
juillet avant d’embarquer sur le navire Explorer of the Seas. Les toitures
futuristes, design et colorées, de l’EMP Museum se remarquent nettement sous
les traverses du garde-fou aérien. Un bâtiment au faîte d’une colline, un
cousin éloigné de Buckingham Palace, abrite le collège « Queen Anne High
School ». Une photo montre le « Cruise Ship Terminal 91 » où
nous avons embarqué pour l’Alaska ; deux navires de croisières, inconnus,
sont à quai. Un autre cliché montre le monorail qui se rend au Westlake
Center ; il suit majoritairement la cinquième avenue. Grâce à une
technologie avant-gardiste, des activités ludiques sont proposées aux
visiteurs. Un écran affiche le nombre de personnes montées sur la plate-forme
aérienne depuis 1962 ; à chaque arrivée d’un des deux ascenseurs le
chiffre augmente. Nous faisons partie des 30308 personnes venues en plus des 58
millions de visiteurs précédents. Sur une carte interactive de la Terre, nous
affichons, via un clavier, nos noms et adresses qui s’ajoutent aux précédentes
données recueillies. Tous les ronds jaune et rouge, qui tapissent la carte du
monde, indiquent tous les visiteurs ayant saisi leurs coordonnées. Sur la
passerelle extérieure un robot photo nous immortalise dans un cliché numérique
à recevoir par email. Il est publié sur le blog. A onze heures neuf, servi par
Maryna, Patrick sirote un cappuccino au Starbucks le plus haut dans le ciel de
Seattle. Le restaurant tournant de la soucoupe étant complet pour midi, nous
retournons sur le « plancher des vaches » et nous donnons un coup
d’œil au magasin de souvenirs de la tour. Nous retournons ensuite au
« Wok » pour déjeuner. L’espace de l’Armory Center est très
animé ; des adolescentes dansent sur une scène. La musique et les
bavardages des convives des divers comptoirs alimentaires créés un fond sonore
assourdissant. Après le repas, Juan Carlos prend la commande des cafés Mochas
au coffee « Ceres ». Je sirote
le café torréfié à Seattle tout en promenant mon regard alentours. A nos côtés,
cinq enfants déjeunent à une table adaptée à leur taille. Deux adultes veillent
avec une délicatesse subtile à une table voisine. Une des deux fillettes évoque
en moi la silhouette d’une « Farrah Fawcett » en herbe. Sa longue
chevelure blonde ondulée est magnifique. En sortant des toilettes, un
adolescent muni d’un gros ballon jaune m’adresse la parole. La compréhension de
ses propos m’échappe et je réponds « bonjour » en français. Il me
sourit… Après treize heures trente, nous sommes dans l’univers de l’artiste
Dale Chihuly au sein du complexe dédié à
ses œuvres, le « Chihuly Garden & Glass », inauguré en mai 2012
et situé devant la Space Needle. En arrivant dans la vaste galerie, un pan de
mur dévoile de superbes étoffes indiennes ainsi que des portraits de
personnalités indiennes. Des panneaux muraux répartis dans les diverses salles
informent le visiteur sur le parcours de vie de Dale. Il est né en septembre
1941 dans la proche ville de Tacoma. Un cursus universitaire lié au design
intérieur le conduit en fin d’études à l’école la « Rhode Island School of
Design ». Plus tard il se rend dans la région de Venise pour étudier l’art
et les techniques du verre soufflé à Murano dans le sillage du célèbre Paolo
Venini. A l’âge de trente-cinq ans il perd l'œil gauche lors d'un accident de
voiture en Grande-Bretagne. Depuis lors son visage est traversé d’un bandeau
noir. Trois années plus tard, une vague plus téméraire que les autres le prive
de l’usage de son épaule droite dans la pratique du verre soufflé et l’incite
tout naturellement à faire appel à d’autres bras pour créer ses œuvres. Ce
« cadeau » de l’océan lui a offert d’avoir plus de recul dans la vie
et de voir la création artistique autrement ; ainsi, devenu chorégraphe malgré
lui, il anime une équipe à la renommée devenue mondiale. Aujourd’hui Dale est
un artiste et un entrepreneur prospère et célèbre. Je suis fasciné par ses
œuvres réalisées en symbiose avec son équipe dont la Nature fait intégralement
partie. Un enchantement se dévoile à mes yeux éblouis. Dans la fonte du verre,
indépendamment de l’intervention humaine, lors de la solidification, la Nature
façonne des formes qui lui sont propres. Dale, par une connaissance approfondie
des techniques du verre et de sa coloration, offre aux éléments, au feu et au
souffle du vent, de participer, au sein de la gravité et de la force
centrifuge, à la réalisation d’une multitude de créations en verre, toutes
uniques, dans un jaillissement de couleurs éclatantes et de reflets visuels
incomparables. L’influence des souvenirs liés aux magnifiques jardins réalisés
par sa mère dans son enfance autour de la maison familiale et celle de la
culture indienne du nord-ouest de l’Amérique participent au chemin artistique
suivi par l’artiste. Au cours de la visite, Miranda nous prend en photo devant
un navire de verre soufflé chargé de sphères multicolores ; le cliché sera
envoyé par nos soins un peu plus tard sur notre adresse mail. Il sera aussi
publié sur le blog. En dehors de la galerie, dans la « Glass House »,
la serre design où un immense collier feu et or de verre soufflé suspendu me
rappelle encore le plafonnier de l’hôtel Bellagio à Las Vegas, Claire, une
américaine de Washington DC m’adresse la parole enthousiasmée par la monture de
mes lunettes. Au travers du vitrage de la serre, des photos sont prises sur
fond de Space Needle. Nous flânons dans les jardins où des œuvres de Dale sont
harmonieusement intégrées à celles de la Nature. Nous regardons ensuite
quelques vidéos liées à diverses expositions monumentales dans plusieurs villes
de par le monde dont Venise et Jérusalem. Les mots manquent pour décrire
la magnificence des œuvres présentées ; les photos publiées sur le blog
parleront d’elles-mêmes. Après ces instants de beauté et de magie créative, nous
allons nous désaltérer au coffee « Art Plaza » » du complexe. Patrick opte
pour une limonade et je sirote un café
Mocha Fonté, un autre torréfacteur de la ville. Le magasin de souvenirs regorge
d’objets originaux dont des œuvres de l’artiste. Nous achetons quelques
superbes cartes postales. Nous nous rendons ensuite au Whole Foods Market situé
à environ un kilomètre à pied. Nous suivons
la rue « Denny Way » et le supermarché organic se dessine à
l’angle avec Westlake avenue. Un passage aux toilettes me permet de
photographier tous les employés du magasin rassemblés devant l’enseigne pour un
portait de « famille ». Une jeune femme, Ren, le diminutif de Careen,
nous accueille à la caisse un peu avant dix-sept heures. Nous empruntons le
trottoir opposé pour revenir sur la cinquième avenue. Nous découvrons
fortuitement, en traversant « Tilikum Place » une statue du chef
indien « Seattle » sculptée au début du vingtième siècle par James
Wehn. De retour au Hyatt, une soirée de détente créative s’offre à nous. Nous
dînons dans la chambre avec les mets achetés au Whole Foods. A la nuit
tombante, Morphée nous invite à le rejoindre à l’orée des songes...
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