Un hôtel Best
Western coiffé d’un belvédère publicitaire est présent en face de l’Econo
Lodge. Les bâtisses de charme, colorées, aux toitures multiples, me rappellent
quelque peu les hôtels Disney. Le petit-déjeuner se déroule dans la
chambre car la salle prévue pour la collation matinale est très
fraîche ; la porte restant ouverte. Les messageries sont consultées… Vers
neuf heures nous quittons le motel et nous effectuons un plein de carburant à
la station Arco située à moins de deux cents mètres. Le prépaiement est
effectué auprès de Melissa, une jeune femme, grande et mince, à la chevelure
blonde tenue en queue-de-cheval. Nous prenons ensuite la direction du centre
historique de Chehalis distant de moins de deux kilomètres à vol d’oiseau. Je
prends quelques photos du « Lewis County Historic Courthouse ». Le
vaste bâtiment en pierre et en brique de l’ancien Palais de justice, construit
dans le style architectural « Beaux-Arts », inauguré en 1927 et
remercié en 1954, présente des colonnes carrées sur sa façade principale. Une
statue en bronze réalisée par l’artiste local Jim Stafford à la mémoire des
huit agents de police locaux morts dans l'exercice de leurs fonctions entre
1903 et 2009, se dévoile à proximité. Nous nous éloignons ensuite de Chehalis
pour nous rendre dans la ville d’Aberdeen, pas celle d'Écosse, mais celle du
comté de Gray’s Harbor dans l’état de Washington. Aberdeen est connue pour être
le lieu de naissance de Kurt Cobain né le lundi 20 février 1967. Chanteur et
guitariste du groupe Nirvana formé en 1987 avec Krist Novoselic, Kurt mourut à
l’âge de 27 ans… Nous arrivons à destination vers onze heures trente. Nous
garons la voiture devant le restaurant végétarien « Thai Carrot » sur
Boone Street. Il est fermé pour la fête nationale malgré les indications du Web.
Le GPS nous indique un restaurant sur Wishkah Street. Nous retraversons le pont
qui enjambe la rivière Chehalis et nous garons la Chevrolet devant le
restaurant mexicain « Mazatlan ». Andrea nous accueille
chaleureusement. La chance opère car plusieurs mets végétariens sont au menu.
Nous optons pour deux « Vegetarian Fajitas ». La salle est magnifique
et je prends plusieurs photos. Les décorations, les peintures, les objets et
l’ambiance musicale participent à l’illusion d’être au Mexique. Les mets sont
copieux et savoureux. Nous bavardons avec Andrea, née au Mexique à Arteaga, une
localité proche de l’océan Pacifique située dans la région de Michoacán. Nous
sortons le cœur léger de cette petite enclave mexicaine pleine de charme. Nous
visitons brièvement le grand magasin « Marshalls » ouvert à côté. Nous
nous rendons ensuite à pieds au Starbucks du complexe commercial. Le
coffee est en effervescence. Nous patientons tranquillement pour la préparation
des boissons. Nous sirotons des cafés Mochas dans le fond de la salle.
L’architecture métallique intérieure contraste avec le côté lambrissé clair des
façades extérieures. Les minutes défilent agréablement. En sortant nous
retrouvons le vent froid qui continue de nous escorter. Une statue étonnante,
représentant un cow-boy chevauchant un cheval arqué sur une cloche, est
photographiée. Nous prenons la direction de la rivière pour marcher le long du
« Waterfront Walkway », la promenade aménagée au bord de l’eau. La
fête de l’indépendance bat son plein. Le « Independence Day »
commémore la Déclaration d'indépendance du 4 juillet 1776 vis-à-vis du Royaume
de Grande-Bretagne. Des stands aménagés le long de la rive proposent des
souvenirs, des boissons, des crèmes glacées et autres aliments. Nous découvrons
les « Elephant Ears », des grandes crêpes en forme d’oreille
d’éléphant. Le succès est au rendez-vous ; une file d’attente est
constituée devant le comptoir où une mamy encaisse les quelques six dollars
pour chaque oreille. Nous suivons la préparation réalisée de main de maître par
une jeune femme à la dextérité accomplie. Nous atteignons le « Morrison
Park », un petit parc aménagé pour les enfants. La promenade s’arrête et
nous rebroussons chemin. Nous dépassons la fête et nous prolongeons la marche
dans l’autre sens. Avant de traverser la rivière « Wishkah River »
pour entrer dans le quartier historique, nous passons devant un hôtel Best
Western à l’architecture séduisante en pierre et bois crème. Une sculpture en
bois d’un ours réalisée par Louis Benanto en 1971 se dresse à la sortie du pont
dont la structure vibre fortement au passage rapide des voitures. Un second
pont se dessine en arrière-plan ; la structure métallique donne
l’impression d’une grande main qui va soulever une partie du tablier pour
laisser passer les bateaux. Nous commençons à découvrir les vieux quartiers.
Cependant des gouttes d’eau échappées des nuages nous invitent à rapprocher la
voiture. Avant de traverser le pont, une grande peinture murale de Jenny Fisher « The immigrants »,
réalisée cette année, est photographiée. Nous l’avions repérée avant midi en
revenant du restaurant thaï fermé. En-dessous du titre de l’œuvre monumentale
figure « Gray’s Harbor », le nom du capitaine Robert Gray donné à l’estuaire où
sont entrés les immigrants qui fondèrent Aberdeen. Les drapeaux représentent
les pays d’origines des immigrés. Après
le pont, nous traversons le parking du magasin Walmart couvert de voitures. Nous
garons ensuite la Chevrolet le long de la rue Wishkah devant une étrange
« boutique » où il est écrit « Faith House Church ». Des œuvres d’art
originales, aux coins des rues, isolées dans des cages en fer sur pieds aux
formes variées, sont capturées par l’appareil photo de Patrick. Je photographie
une autre œuvre de Jenny « Kelp Forest ». Le quartier est charmant.
Je prends Patrick en photo devant d’anciennes photos de la ville « épinglées »
en format géant sur un mur. Divers bâtiments semblent à l’abandon, d’autres
sont en activité. Les contrastes temporels sont fréquents et les destins des constructions
présentes sont liés à la bonne fortune des exploitants. Nous arrivons sur la
rue Heron et j’aperçois une voiture ancienne à une station d’essence Shell échappée
d’une ancienne carte postale. Je m’approche et je finis par découvrir qu’il s’agit
d’un Coffee, le « Scoops Ice Cream & Coffee ». J’entre dans le
garage de réparation, s’il en fut jamais un, transformé en café. Je suis sous
le charme. Je fais signe à Patrick, resté de l’autre côté de la rue, pour venir
faire une halte dans ce lieu sorti tout droit des années soixante. Les seize
heures approchent. La jeune Taylor, blonde, le visage maquillé de fond de
teint, nous accueille et prépare la commande : des boules de glace géantes
et deux cafés Mochas. Nous nous installons à une table bistro ronde des plus
vintage dans un réduit vitré. La Buick blanche et rouge « Century » trône
à côté des pompes derrière le vitrage. Des tabourets pivotants chromés en skaï
rouge sont campés fièrement sur le sol en damiers noir et blanc. A une table
voisine, une maman et ses deux fistons, venus d’Oregon, savourent aussi des
douceurs. Je vis des instants magiques dans ce lieu hors du temps où la beauté
d’un passé révolu tente de survivre au travers de trois voitures de rêve ;
je crois voir James Dean au volant de la Buick …et Elvis Presley au volant de
la Cadillac blanche. Revenus à note époque nous retournons tranquillement à la
voiture tout en continuant de flâner. J’achète des tickets de cinéma à une
ouvreuse figée en cire au « D & R Theatre » dont la façade rétro
est du plus bel effet. Dans une vitrine à côté de la Chevrolet, un vélo jaune
fleuri décoré d’un chien en peluche et d’un drapeau des Etats-Unis se dévoile.
Pour joindre la rue Heron, la voiture traverse un passage entre des dos de bâtiments
et, au bout, à l’angle du « Masonic Temple », un être étrange aux
écailles orange doré fait face à un alien qui sort d’une bouche souterraine. Nous
prenons la direction de Hoquiam, le village en bordure d’Aberdeen, où nous
allons dormir. Les dix-sept heures sont passés quand nous atteignons le motel Econo
Lodge Inn & Suites sur l’avenue Simpson. A la réception une cliente, une jeune
fille française, étudiante à Seattle, bavarde avec nous. La Chambre 126 nous
est attribuée. La Chevrolet est garée devant la porte. Avant de nous installer,
nous allons nous balader le long de la rivière Hoquiam. Une maison coquette aux
volets à persiennes rouges en disgrâces, repérée en arrivant sur « Riverside
Avenue », de l’autre côté du fleuve, est prise en photo. Nous revenons par
les anciens docks où subsistent d’anciens rails de chemin de fer où stationnent
de vieux wagons de marchandises rouillés. Nous passons sous les montants en
bois du vieux pont qui enjambe la rivière. Une soirée et une nuit au son des
feux d’artifices terminent cette journée de fête nationale où, même en plein
jour, moult feux d’artifices furent tirés. J’entre dans les bras de Morphée la
mémoire emplie de fabuleux souvenirs…
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