jeudi 21 juillet 2016

Le train Empire Builder arrive en gare de Chicago dans l’Illinois...

Nous sommes réveillés à six heures par un orage qui éclate brusquement. L’impact sonore des trombes d’eau sur le wagon vient s’ajouter au bruit de fond du train. Nous sommes servis par Donald lors du petit-déjeuner dans le wagon restaurant. Les tablettes de beurre portent le nom de la localité de « Detroit Lakes » traversée durant la nuit. La suite de la matinée se passe dans la cabine. Avant de traverser la bourgade de « Red Wing » dans le Minnesota, le convoi bringuebalant salue d’un coup de sirène le pénitencier de Sainte-Croix au bord de la rivière Mississipi. Nous allons suivre le fleuve sur une partie du trajet. Les neuf heures ont sonné quand le convoi dépasse l’imposant hôtel en briques St-James, aux encadrements de fenêtres blancs, qui se distingue par sa prestance aux bords des voies à « Red Wing ». A dix heures trente le village de Winona est traversé ; Patrick pense à l’arme de John Crichton de la série de science-fiction Farscape qui porte le même nom. Le village s’avère être plutôt une ville avec un terrain de baseball et une université. Le stationnement à Winona se prolonge et Patrick remarque la présence d’un couple qui fume fidèlement à chaque arrêt. Lors du déjeuner nous bavardons avec le couple présent à la table. Sylvia et John résident dans la périphérie de Seattle à environ vingt miles du centre. Le couple se rend au mariage de la fille d’un ami qui habite à quelques trois heures en car de Chicago. John, au visage des pays de la Baltique, est déjà allé en Europe ; il a visité de la famille en Norvège. Après le repas nous retournons à la cabine. Les minutes s’égrènent sur la trame du temps alors que nous regardons défiler le paysage. La ville de Milwaukee dans le Wisconsin, traversée une quinzaine de minutes avant quinze heures, laisse dépasser dans sa skyline deux tourelles aux toitures vert clair qui offrent au regard, l’une la température et l’autre l’heure de la journée. Environ une heure plus tard, c’est la ville de Glenview dans l’Illinois qui est traversée à son tour. Ces deux localités sont les deux dernières étapes du train avant l’arrivée à destination à Chicago. Entre ces deux dernières stations, Patrick photographie des lignes téléphoniques portées par des poteaux en bois où les isolateurs, dépolis par les vents, sont en porcelaine et en verre, comme au début du siècle passé. Ces isolateurs doivent être d’une qualité exceptionnelle pour avoir traversé le temps et les intempéries sans dommage. Aux Etats-Unis la maintenance intervient uniquement quand c’est nécessaire ; ainsi on peut trouver ces lignes du temps jadis. Lors d’un précédent voyage au pays de l’oncle Sam, nous avons découvert à un carrefour d’anciens feux de signalisation avec les panonceaux alternatifs « stop » et « Go »… Le voyage en train se termine. Nous avons traversé en tout six états : Washington, Montana, Dakota du Nord, Minnesota, Wisconsin et Illinois. Le Montana, le plus long, est très peu peuplé avec environ un million d’habitants. Un peu plus de sept cents mille habitants résident dans le Dakota du Nord. L’état du Minnesota est peuplé par plus de cinq millions d’âmes alors que le Winconsin le dépasse de plus d’un million de personnes. De belles villas se sont dévoilées dans le Wisconsin au bord de la voie de chemin de fer. La palme revient à l’Illinois avec treize millions d’habitants. Chicago, la troisième agglomération des États-Unis, concentre à elle seule plus du cinquième de la population totale de l'état… Le train entre en gare de Chicago « Union Station » vers seize heures trente avec environ une demi-heure de retard, ce qui est tout à fait normal au regard notamment des arrêts pour les fumeurs. Lors d’un précédent voyage en train de New York à Chicago, le convoi avait eu quatre heures de retard… Depuis Seattle, le train a roulé sur 2205 miles, soit quelques 3550 kilomètres en approximativement quarante-huit heures. Nous sortons de l’immense gare pour suivre à pieds Jackson Boulevard en direction du lac Michigan. Nous bifurquons ensuite dans l’avenue du même nom. La température est élevée… Bianca, originaire de Mexico, nous accueille vers dix-sept heures quinze au « Congress Plaza Hotel » situé au numéro 520. Elle nous attribue la chambre 1111 au onzième étage avec vue sur le lac Michigan. Nous nous installons et nous sortons de l’hôtel pour aller effectuer quelques courses pour le dîner et les petits déjeuners à venir. En chemin nous nous arrêtons dans un Starbucks sur l’avenue Michigan. Patrick sirote un café Mocha tout en marchant. Jared nous accueille à dix-huit heures trente à la caisse au magasin Trader Joe’s sur Wabash avenue. En revenant à l’hôtel, nous suivons l’avenue Wabash ; au niveau de la structure étendue du collège Columbia, des fresques sont prises en photo, probablement réalisées par des étudiants, la section des arts étant présente dans l’un des bâtiments. Nous dînons dans le confort de la chambre. Ecriture et lecture agrémentent le déroulement de la soirée. Patrick sort prendre des photos. Un peu avant vingt-et-une heures trente des trombes d’eau s’abattent sur Chicago. Aux premières loges, nous assistons au spectacle pyrographique offert par la Nature. Des éclairs de chaleur illuminent la noirceur du ciel, des pétarades de tonnerre se font entendre ; le Dieu nordique Thor doit taper du poing. Au sol, des vagues de pluie déferlent et glissent sur le macadam des rues comme des vagues sur une plage chahutée par des bourrasques de vent. La force des éléments assombrit le ciel et la vision lointaine s’obscurcit pour presque disparaître. Après deux nuits de tangage et de balancement ferroviaires, dans une couchette étroite, nous apprécions d’entrer au pays des rêves dans le lit « King Bed », le très grand lit de la chambre…



























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