La nuit a
tiré sa révérence une demi-heure avant le réveil de six heures. Neuf minutes
plus tard Patrick prend en photo, depuis le bow-window de la chambre, le soleil
levant de l’aurore naissante qui s’amuse à embraser d’or l’horizon sur le lac
Michigan. Après les ablutions, nous prenons le petit-déjeuner dans le
« chez nous » à Chicago, notre seule résidence dans le moment
présent. Je consacre la suite de la matinée à actualiser le blog avec le résumé
et les photos des trois précédentes journées. Vers midi nous nous rendons au
café végétarien Kramer au numéro 230 sur Wabash street. Un manque d’attention
nous emmène un bloc plus loin sur State street. C’est l’opportunité de
photographier un convoi de wagons d’une rame aérienne du métro. Le métro de
Chicago s’annonce en majorité aérien. Fort de plus de deux cents millions de
passagers annuel et d’un réseau long de quelques cent soixante-dix kilomètres, il
porte fièrement la lettre « L ». Sa présence dans le paysage urbain
remonte au dix-neuvième siècle ; sa plus ancienne section datant de 1892.
Pendant les six premières années les locomotives roulèrent à la vapeur. La
plantureuse Jasmine nous accueille au premier niveau chez Kramer’s Health Foods Store.
J’opte pour des lentilles Dal et Patrick choisit un vegan burger. Une chili
soup et un jus de carotte complètent chacun des deux menus à dix dollars
l’unité. Je flânoche dans la petite salle animée ; les cuisines qui
jouxent le comptoir sont ouvertes. Deux jeunes gars s’activent avec une
dextérité accomplie à la préparation des menus. Des tableaux noirs proposent
tout un choix de smoothies et de jus. Je donne une serviette en papier à une
jeune fille qui tente vainement de réamorcer l’autre distributeur. Les mets
sont copieux et la soupe est agréablement épicée. Après le repas, nous visitons
le magasin attenant de plain-pied et nous sélectionnons une Lärabar à la cerise
et un sachet de rouleaux de dattes aux paillettes de noix de coco. A la caisse,
avec ces emplettes, nous payons également le montant des deux repas ; la
confiance est de mise car il serait aisé de sortir sans payer. Le système de la
responsabiité individuelle fonctionne puisqu’il perdure. Les américains sont
respectueux de cette tradition de confiance ; à plusieurs reprises lors de
nos voyages, nous avons retrouvé au même endroit des effets personnels oubliés,
dont une fois le porte-monnaie sur un comptoir de caisse chez Disney en
Floride. En sortant de chez Kramer, nous prenons à gauche pour suivre Adams
Street. A l’angle avec State Street la façade en pierre blanche sertie de verre
transparent d’un Starbucks étonne le regard ; une palissade de verre, composée
de vitrages rectangulaires aux chassis en métal noir, ceinture le bas de
l’édifice où le café a pris place. Au bloc suivant, à l’angle avec Dearborn
Street, sur la place « Federal Plaza », la sculpture « Calder's
Flamingo », telle une silhouette d’araignée géante rouge, retient
l’attention pour une photo. Haute d’une petite quinzaine de mètres, inaugurée
au début des années soixante-dix, l’œuvre rouge et galbée d’Alexander Calder
contraste avec la forme cubique des gratte-ciels noirs environnants. Le grand
bureau de poste du Loop, où nous sommes, un des soixante-dix-sept secteurs de
la ville, cotoie la sculpture en acier. Nous entrons pour poster des cartes et
nous déambulaons, vainement, dans le vaste bâtiment pour trouver une boîte aux
lettres. J’en profite pour prendre un cliché de l’immense salle des coffres qui
s’avère être la salle des boîtes aux lettres en poste restante. Au travers d’un
vitrage le long de Clark Street, la poste occupant tout un bloc, Patrick repère
de l’autre côté de la chaussée le bleu d’une boîte aux lettres ;
étonnant !... Nous continuons de suivre Adams. A l’intersection avec
Clark, un jeune homme est assis en train de lire au pied des feux de
signalisation. Avec une demande écrite sur un carton apposé contre son torse,
Shane essaie de recevoir quinze dollars pour une chambre cette nuit. Nous
atteignons LaSalle Street ; un camion de pompiers tourne au carrefour. Le
building « Board of Trade » délimite le début de la rue au niveau de
Jackson. Sa haute silhouette me rappelle celle de l’Empire State Building à New
York. Nous continuons la marche pour atteindre sur Wacker Drive la proche tour « Willis
Tower Skydeck », l’ancien gratte-ciel édifié au début des années
soixante-dix par la célèbre société « Sears, Roebuck & Company »,
de loin le plus gros commerce de détail au monde à l’époque avec quelques trois
cent cinquante mille employés répartis dans les différents magasins. Sears
décida de réunir tous ses collaborateurs éparpillés dans Chicago dans ce seul édifice
à l'ouest de la ville qui fut durant vingt-cinq années le plus haut au monde et
pendant quarante ans le plus haut des
États-Unis avant d'être dépassé en 2013 par le « World Trade Center »
à New York. Pour atteindre le point d'observation du « skydeck », « le
pont dans le ciel », situé au 103ème étage à plus de quatre
cents mètres de hauteur, il faut débourser plus de quarante dollars par
personne. Le tarif, digne d’un usurier, nous fait changer d’avis. Nous décidons
d’aller découvrir le superbe bâtiment « The Rookery » repéré dans la
rue La Salle. Sur sa droite, au fond de la rue Quincy, Patrick photographie une
maisonnette violine au bord des rails aériens du métro. La conception des
espaces du Rookery, tant intérieurs qu'extérieurs, est un mélange de
différentes époques : mauresques, byzantines, vénitiennes et romanes. La
grandiose façade, habillée de marbre rouge et de brique, rappelle le style
néoroman et Queen Anne. A l’intérieur nous sommes conquis par la beauté
architecturale du patio central embelli d'une verrière. De magnifiques rambardes
à la main courante dorée, des escaliers en fer forgé conduisant à un balcon
circulaire, des décors de style persans brochés d’or sur les piliers et les
traverses donnent un charme incomparable au patio. Les yeux baignés de beauté,
nous allons nous désaltérer au Starbucks à l’angle de LaSalle et Monroe
Streets. En chemin, au numéro cent vingt sur LaSalle, le vol d’Icare est
réalisé dans une fresque au pied d’un gratte-ciel. Nous sirotons des cafés
Mochas dans de moelleux fauteuils étroits en cuir havane. Patrick feuillette le
journal « The New York Times » acheté au coffee. Je remarque dans la salle
animée un tableau représentant un magnifique visage masculin de profile coiffé
d’un chapeau de paille. Après ces instants de détente, nous reprenons la marche
sur LaSalle. Nous atteignons le City Hall à l’angle avec Washington Street. Au
dernier étage de l’édifice nous pensions trouver une terrasse fleurie où des
ruches sont à disposition des abeilles. Seul le bureau des ressources humaines
est visible. La responsable nous renseigne en nous expliquant que la terrasse
est fermée. Elle nous indique toutefois où nous pouvons acheter le miel produit
sur place. A la sortie de la mairie, côté Clark Street, je m’assoie un instant
sur la place « Daley Plaza » agrémentée de jets d’eau et de
végétation arborée. Un marché de Noël réputé siège ici chaque année pour les
fêtes. Au bout de la place, à l’angle de Washington et State streets, je
photographie une magnifique horloge en fer forgé ouvragé de couleur verte fixée
par un bras à un mur en pierre. Une quinzaine de minutes plus tard nous entrons
dans le « Chicago Cultural Center » sur East Washington Street.
L’édifice, construit en 1893 abritait à l'origine la bibliothèque publique.
Aujourd’hui c’est un centre d'art et de culture célèbre pour sa coupole du
troisième étage. Sous le dôme en vitraux, des tables sont installés en habit de
cérémonie pour le repas du mariage d’Ayesha et Umer. Situé devant le centre
cuturel, nous entrons dans le parc « Grant Park » qui embellit toute
la bordure du lac Michigan le long de l’avenue éponyme. Au sein de l’immense
parc Grant, nous découvrons le « Millennium Park » où une mariée en
rose se fait photographier dans le « Wrigley Square » devant le Monument du
Millénaire, une réplique d’un péristyle romain aux somptueuses colonnes
doriques. Une exposition de six sculptures récentes de l'artiste américain Chakaia
Booker, créées en utilisant des pneus en caoutchouc et de l’acier inoxydable, se
dévoile dans le parc Millennium. Nous découvrons ensuite, tour à tour, la « Chase
Promenade », le « Cloud Gate » aux nombreuses plaques
d'acier inoxydable polies qui reflètent les visages et le paysage, la
« Crown Fountain » composée de deux hauts blocs « miroir » en
granite noir et briques de verre où les enfants s’amusent sous les chutes qui
dévalent les parois des tours rectangulaires. La chaleur élevée nous invite à
nous désaltérer au « Corner Bakery Cafe » à côté du parc sur Michigan
avenue à l’angle avec Jackson. Les dix-sept heures approchent et la jeune
Porche, prononcer « Porché », nous prépare deux smoothies fraise
banane. Nous les sirotons à la paille dans le « Railway Exchange Building »
attenant au café et accessible par une porte arrière. Une immense maquette
blanche de Chicago se dévoile à nos regards surpris. Nous prenons des photos et
nous apprenons des informations historiques sur les principaux édifices de la
ville. Sur fond de galeries en pierres blanches et d’escaliers magistraux aux
rambardes à colonades, un magnifique candélabre surmonté d’une sphère gainée
d’un filet de métal est pris en photo. Nos pas nous conduisent ensuite vers la
fontaine « Buckingham Fountain » qui trône devant le Congress Plaza
Hotel. Elle tient son nom de Kate Buckingham, donatrice au début des années
vingt de trois cent mille dollars destinés à assurer la maintenance de la
fontaine. Elle fut inaugurée en août 1927. Pour la petite histoire, la fontaine
Buckingham servit de point de départ à la célèbre Route 66… Une mariée, en bleu
ciel cette fois, se fait photographier devant la fontaine. Après un passage
dans la chambre nous allons dîner au Corner Bakery Café. Porche nous sourit en
nous reconnaissant. Patrick opte pour une soupe à la tomate et un chausson au
citron qui dévoilera une purée de baies rouges. Je choisis un velouté de
brocoli au cheddar. La suite de la soirée se déroule agréablement dans le
confort du Congress Plaza…
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