Après le
petit-déjeuner pris dans une petite salle devant la réception, Patrick repère
sur le journal « The Olympian » un petit article sur l’accident
d’hier où furent impliqués sept personnes dont deux enfants ; tous les
sept êtres humains sont sains et saufs… Le blog s’actualise, les messageries
sont consultées, un ouvrage se déroule sur Excel et un enregistrement en ligne
est effectué sur le site de la Royal Caribbean. Les onze heures vingt passent.
Nous nous rendons en voiture au supermarché « Bayview Thriftway » sur la
quatrième avenue à Olympia. Le magasin est magnifique. La construction présente
une architecture originale où les tons de vert et d’orange se mettent en valeur
mutuellement. Un belvédère du plus bel effet coiffe l’entrée principale.
L’achalandage est varié et une petite caverne d’Ali Baba se dévoile. Je trouve
des rouleaux de datte aux paillettes de noix de coco. Des framboises et des
mûres de la région sont achetées pour le dîner. Il y a tout ce qu’il faut pour
pique-niquer et, cerise sur le gâteau, des tables sont à disposition sur la
terrasse qui borde l’un des nombreux bras de mer du détroit de Puget qui
communique avec l’océan Pacifique par de multiples ramifications et baies
naturelles. A midi une jeune femme nous accueille à une petite caisse adaptée
pour les pique-niqueurs. Sarah, le cheveu blond, le visage aux pommettes
rosées, est belle. Elle affiche une santé et un dynamisme enchanteurs.
Souriante, elle est ravie de la présence de deux français dans le magasin. Nous
nous installons à une table carrée en pierre mouchetée flanquée de bancs
assortis. Les mets sont savoureux, notamment les feuilles de vigne garnies de
riz, les olives Kalamata, les nouilles aux noix de cajou et la part de lasagnes
végétariennes. Le ciel bleu, parsemé de légers nuages blancs voyageurs,
souligne les plumages des mouettes et des corbeaux qui planent et volent
alentours. Le repas se déroule dans le bien-être ; une légère brise se
faufile jusqu’à nous de temps à autre. Après le déjeuner, nous marchons sur la
promenade en bois du bord de mer construite autour de la Marina. Des bancs, des
massifs de fleurs, des rambardes, des pontons, des poutres, un petit phare
embellissent et harmonisent cette réalisation humaine où il fait bon flâner. La
marée est basse et les plateformes de soutènement dévoilent leurs poutrelles
rondes en bois noirci où les sédiments marins sont accrochés ; une œuvre
naturelle qui s’apparent aux alvéoles des nids d’abeilles. Nos pas nous
conduisent ensuite au parc « Heritage » qui borde une partie du lac
Capitol. Le dôme en pierre du capitole se reflète dans les eaux miroitantes du
lac. Nous marchons sur la voie piétonne « Powerhouse » et nous
bifurquons à gauche pour suivre le chemin « Heritage Park Trail ». Il
grimpe en pente douce sinueuse vers le Capitole de l’état de Washington qui
fait face au Temple de la Justice, un bâtiment austère tout en longueur flanqué
de nombreuses colonnes. Tout en prenant de l’altitude un panorama se dévoile et
des photos sont prises du lac et du bras du détroit. Nous visitons une partie
du Capitole où tout un chacun est le bienvenu dans le vaste édifice de la
législature, achevé en 1928. Le dôme avec sa coupole haute de quatre-vingt-sept
mètres s’avère être un des plus hauts dômes en maçonnerie au monde. Tout est
d’envergure et l’être humain est bien petit devant cet étalage de marbre, de
cristaux, de boiseries précieuses, de lustres gigantesques et autres éléments
décoratifs aux superlatifs extrêmes. Nous nous dirigeons ensuite sur la rue
« Capitol Way ». A l’angle avec la onzième avenue « The United
Churches of Olympia », les « Eglises Unifiées d’Olympia »
attirent le regard avec une banderole tendue devant le temple blanc. Un message
de bienvenue s’affiche pour tout un chacun, quel qu’il soit : « You
are welcome here » « Vous êtes le bienvenu ici » ; un
drapeau gay est apposé au bord de la banderole. Plus bas sur Capitol Way, nous
atteignons la pâtisserie « Wagner’s European Bakery & Cafe ». Brittany nous
accueille et prépare la commande. Une casquette griffée Wagner’s laisse
dépasser quelques mèches échappées de sa chevelure brune tenue par une queue de
cheval. Brittany m’encourage à prendre des photos avec le traditionnel
« Sure ! » « Bien sûr ! ». Les cafés Mochas sont sirotés en
savourant un « Cinnamon roll », un « Roulé à la cannelle », une
viennoiserie venue d’Europe du nord. Une part de cheese-cake au chocolat
complète la sélection de douceurs ; le display présente un choix inouï.
Cette boulangerie réputée est l’œuvre de Rudy et Linda Wagner, venus de la
Bavière, qui s’installèrent en 1964 au centre-ville d’Olympia. Une légende
locale laisse entendre que Linda serait issue de la famille du roi Louis II de
Bavière. Au fil des années, la boulangerie Wagner est devenue un lieu
incontournable pour enchanter les papilles gustatives. Aujourd’hui c’est Todd
Wagner qui tient le flambeau familial. Installés en bordure de la vitrine, nous
voyons un véhicule gris se garer devant la pâtisserie. Un couple âgé en sort et
entre acheter boissons et viennoiseries. Contre toute attente, au lieu de
savourer les douceurs assis confortablement à une table, l’homme et la femme
les mangent dans l’habitacle de leur voiture. Etonnant !... Après ces
instants de gourmandise, nous continuons d’arpenter Capitol Way. Un retrait de
dollars est effectué à Key Bank où nous sommes accueillis par Nicole qui
bavarde avec un collègue de la sécurité. Un peu plus bas, nous entrons dans le
parc « Sylvester Park ». Je suis étonné de constater la présence sur
l’herbe de campements de « Homeless », de personnes sans domicile qui
s’installent à l’ombre sous les arbres. A côté du parc, le long de la rue Washington,
l’édifice du « Old Capitol Building » affiche sa superbe architecture
en pierre, typiquement coloniale britannique. Construit à la fin du dix-neuvième
siècle pour servir de palais de justice, il abrita ensuite le Capitole de l'état
jusqu’en 1928. J’ai un coup de cœur pour ce magnifique château dont la vie fut
riche d’aléas. Un tremblement de terre en 1949 et une rénovation dans les
années quatre-vingt modifièrent son apparence initiale. Une statue de John
Rankin Rogers, le troisième gouverneur de l'état de Washington, trône dans le
parc. Il fit partie des initiateurs d’une loi prévoyant un mécanisme de financement
de l'état pour égaliser le soutien à l'éducation publique gratuite. Rogers fut
un partisan avant-gardiste d’un impôt unique. Après d’autres découvertes, dont
le théâtre « The Center » et la ruelle historique « Potter »,
nous prenons à gauche dans State Street. Nous atteignons la promenade de la
Marina que nous suivons jusqu’au parc « Port Plaza Park ». Des œuvres
d’art, à la présence éphémère, se dévoilent le long du trajet effectué sur
de larges lames de bois espacées et vieillies par les intempéries. Patrick en
photographie quelques-unes dont « Leaf Totem » de Lin McJunkin. Elles sont
majoritairement réparties dans le parc « Percival Landing Park » aménagé
au bord de l’eau ; ce bras du détroit s’appelle finalement « Budd Bay », la baie de Budd. Dans
le parc Port Plaza, Patrick grimpe en haut d’une sorte de gloriette carrée en
bois pour photographier la Marina sur fond de Capitole. Nous revenons en
flânant sur nos pas et, à l’angle de la quatrième avenue et Water street, nous
visitons la galerie « Childhood's End Gallery ». Une séduisante
petite boîte en bois décorée d’une citation de Thoreau sur les rêves retient
mon attention. Une multitude d’objets, de tableaux, de cartes, de bibelots et d’articles
créatifs en tous genres sont réunis dans cette attrayante galerie au bord de l’eau.
Nous allons ensuite nous désaltérer au « Batdorf & Bronson Coffee House »
sur Capitol Way où le jeune Harrisson nous accueille avant dix-sept heures. Il
est passé dans la région de Chamonix lors d’un voyage en Europe. Sur de moelleuses
chauffeuses en cuir noir, nous sirotons des « Spiced Cider », du jus
de pomme chaud à la cannelle. La vaste salle, de haut plafond, munie d’une
cheminée où des buches brulent derrière un pare-feu, laisse beaucoup d’espace
libre inoccupé. La décoration, légèrement vintage, est séduisante. Après des
instants de détente, nous retournons à la voiture restée devant le supermarché.
Sur le parking, la petite voiture ancienne jaune et blanche de Monsieur Art
retient agréablement l’attention. Nous garons la Chevrolet au motel et nous
nous rendons à pieds au jardin japonais « Yashiro Japanese Garden »
situé à une courte distance sur Plum Street. Je remarque la présence d’un autre
« Homeless » sur un banc. Depuis le début du road trip, c’est la
première fois que nous voyons autant de personnes sans domicile. Nous
retournons au motel pour passer une dernière nuit dans la capitale de l’état de
Washington…
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